L’essor de la production industrielle en zone euro malgré les défis
En ce mois de novembre 2024, les derniers chiffres publiés par Eurostat viennent éclairer l'état de santé de l'industrie européenne. Alors que les 20 pays de la zone euro peinent encore à retrouver leur dynamisme d'avant-crise, la production industrielle affiche néanmoins une progression de 0,2% sur un mois. Une hausse certes modeste, mais qui témoigne de la résilience du tissu manufacturier malgré les vents contraires.
Une reprise en demi-teinte
Si l'on peut se réjouir de voir l'activité industrielle repartir à la hausse après un mois d'octobre stable, force est de constater que le rebond est moins marqué qu'espéré par les économistes. Le consensus tablait en effet sur une croissance de 0,3%, soit un dixième de point de plus que les données réelles.
Sur un an, le tableau est même préoccupant, avec un recul de la production industrielle de 1,9% en novembre (après -1,1% en octobre). Un chiffre qui illustre la fragilité de la reprise et les défis structurels auxquels sont confrontés les industriels européens :
- Tensions sur les chaînes d'approvisionnement mondiales
- Flambée des coûts de l'énergie et des matières premières
- Pénurie de main d'oeuvre qualifiée dans certains secteurs
- Incertitudes géopolitiques pesant sur le commerce international
Des performances hétérogènes selon les pays
Derrière la moyenne de la zone euro se cachent en réalité des situations contrastées. Certains pays tirent mieux leur épingle du jeu, à l'image de l'Irlande (+1,2% en novembre), de la Belgique (+0,9%) ou des Pays-Bas (+0,7%). A l'inverse, les poids lourds industriels comme l'Allemagne (-0,1%) ou l'Italie (-0,3%) peinent à retrouver leur dynamique d'antan.
L'industrie européenne est à la croisée des chemins. Sa capacité à se réinventer et à innover sera déterminante pour rester compétitive à l'échelle mondiale.
Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur
Les secteurs porteurs
Malgré ce contexte délicat, plusieurs filières industrielles parviennent à tirer leur épingle du jeu :
- L'aéronautique, portée par la reprise du trafic aérien et les commandes record
- La pharmacie, dopée par l'innovation thérapeutique et les investissements massifs dans la R&D
- Les équipements électriques, stimulés par la transition énergétique et la demande croissante en solutions bas-carbone
- L'agroalimentaire, soutenue par l'appétit des consommateurs pour les produits locaux et bio
Relever les défis de demain
Pour consolider la reprise et préparer l'avenir, l'industrie européenne va devoir miser sur plusieurs leviers stratégiques :
- Accélérer sa transformation digitale en investissant dans les technologies de rupture (IA, Robotique, IoT...)
- Renforcer sa souveraineté en sécurisant ses approvisionnements critiques et en relocalisant certaines productions clés
- Répondre à l'urgence climatique en déployant des procédés plus sobres et circulaires
- Favoriser le développement des compétences et l'attractivité des métiers industriels auprès des jeunes générations
Des chantiers ambitieux et nécessaires pour permettre à l'Europe de peser dans la compétition industrielle mondiale, et d'écrire une nouvelle page de son histoire manufacturière. Un défi à la hauteur des formidables atouts et du potentiel du Vieux Continent, à condition de lui donner les moyens de ses ambitions.