Une Guerre Commerciale Ciblant les Plastiques Industriels
Les relations commerciales entre la Chine et le reste du monde connaissent une nouvelle zone de turbulence. Pékin vient en effet d'annoncer l'imposition de droits antidumping provisoires ciblant les importations de plastiques industriels en provenance des États-Unis, de l'Union Européenne, du Japon et de Taïwan. Une décision qui fait suite à une enquête de plusieurs mois et qui risque de tendre un peu plus les relations, notamment avec Washington.
Une enquête antidumping de 9 mois
Tout a commencé en mai dernier, lorsque la Chine a ouvert une enquête antidumping visant spécifiquement les copolymères de polyacétal, des plastiques industriels utilisés dans de nombreux secteurs comme l'automobile, l'électronique ou le médical. Pendant 9 mois, les autorités chinoises ont épluché les pratiques des entreprises étrangères, pour finalement conclure à l'existence de dumping.
Concrètement, Pékin reproche à certaines sociétés américaines, européennes, japonaises et taïwanaises de vendre leurs plastiques industriels à des prix inférieurs à leur valeur normale sur le marché chinois. Une pratique déloyale selon la Chine, qui nuit à son industrie nationale.
Des droits allant jusqu'à 75%
Pour contrer ce dumping présumé, la Chine a donc décidé d'imposer des droits antidumping provisoires, qui entreront en vigueur dès le 24 janvier. Des droits qui varieront fortement selon les pays et les entreprises, allant de 3,8% à 74,9%. Sans surprise, ce sont les sociétés américaines qui écopent des taux les plus élevés.
L'Union Européenne n'est pas en reste, avec des droits de 42% en moyenne. Côté japonais et taïwanais, la douloureuse sera un peu moins salée, avec des taux majoritairement compris entre 32% et 44%. Au total, ces droits concernent un volume d'importation de près de 400 millions d'euros sur les 11 premiers mois de 2022 selon les douanes chinoises.
Un timing qui interpelle
Au-delà des montants, c'est le timing de cette annonce qui fait parler. Elle intervient en effet quelques jours seulement avant l'investiture de Donald Trump à la Maison Blanche, lui qui avait fait de la guerre commerciale avec la Chine un des axes majeurs de sa campagne. Certains y voient un message adressé au nouveau président américain, connu pour son style offensif en matière de commerce international.
La décision chinoise fait également suite à une série d'autres contentieux commerciaux, comme la hausse des droits de douane américains sur les voitures électriques chinoises, ou encore l'ouverture par l'UE d'une enquête sur certaines importations d'acier chinois. Autant de signes d'une escalade protectionniste, dans laquelle ces droits antidumping sur les plastiques industriels pourraient n'être qu'une étape de plus.
La pression monte entre les grandes puissances commerciales, chacun cherchant à protéger ses intérêts nationaux. Dans ce jeu du chat et de la souris, l'industrie est souvent prise en étau.
— Un expert du commerce international
Des répercussions en cascade
Au-delà du symbole, cette affaire risque d'avoir des répercussions bien concrètes pour les entreprises concernées. Avec des droits antidumping pouvant aller jusqu'à 75%, c'est toute la compétitivité de certains plastiques industriels étrangers qui pourrait être remise en cause sur le marché chinois.
À l'inverse, les producteurs chinois de polyacétal pourraient tirer leur épingle du jeu, avec une concurrence étrangère soudainement moins menaçante. Reste à savoir si cette protection sera durable ou si elle ne fera qu'attiser un peu plus les braises de la guerre commerciale. Réponse dans les prochains mois, lorsque ces droits provisoires seront réexaminés.
Une chose est sûre, dans ce grand jeu d'échecs commercial, la Chine vient de bouger une pièce importante. Un coup tactique sur l'échiquier des plastiques industriels, mais qui pourrait présager d'une partie plus large et plus tendue. L'industrie mondiale retient son souffle.
