Ventes au détail en décembre : un recul inattendu au Royaume-Uni
Alors que la période de Noël est traditionnellement faste pour le commerce, les ventes au détail britanniques ont surpris par leur recul de 0,3% en décembre selon les chiffres publiés par l'Office national de la statistique (ONS). Un résultat en deçà des prévisions des économistes qui tablaient sur une hausse de 0,4% après une légère progression de 0,2% en novembre. Comment expliquer ce coup de froid sur la consommation en cette fin d'année ?
Les produits alimentaires particulièrement touchés
Selon l'ONS, les ventes de produits alimentaires ont chuté à leur plus bas niveau depuis 2013, les supermarchés étant les plus impactés par cette baisse. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette contre-performance:
- L'inflation élevée qui pèse sur le budget des ménages et les incite à réduire leurs dépenses, y compris pour les fêtes de fin d'année.
- La concurrence accrue des discounters et du commerce en ligne qui grignote des parts de marché aux grandes surfaces traditionnelles.
- Un effet de base défavorable, les ventes alimentaires ayant été particulièrement dynamiques en décembre 2021 avec la levée des restrictions sanitaires.
Répercussions sur la livre sterling et la croissance
Suite à cette publication décevante, la livre sterling a perdu du terrain face au dollar, repassant sous le seuil de 1,22$. Plus globalement, le recul de 0,8% des ventes au détail sur l'ensemble du 4ème trimestre devrait rogner la croissance d'environ 0,04 point selon l'ONS.
Les ventes au détail pour le quatrième trimestre dans son ensemble ont chuté de 0,8%, ce qui, selon l'ONS, est susceptible de freiner la croissance économique au quatrième trimestre d'environ 0,04 point de pourcentage.
Reuters
Le secteur du commerce de détail sous pression
Au delà des difficultés conjoncturelles, le commerce de détail britannique est confronté à des défis structurels qui pèsent sur sa rentabilité et sa capacité d'investissement :
- La hausse des coûts (énergie, loyers, main d'oeuvre) dans un contexte de guerre des prix.
- L'évolution des modes de consommation avec le boom du e-commerce et la recherche de proximité.
- Des surcapacités dans certaines zones et un parc immobilier parfois vieillissant nécessitant des rénovations.
Face à ces enjeux, les enseignes doivent accélérer leur transformation en misant sur le digital, l'expérience client et des concepts plus qualitatifs et différenciants. Cela passe aussi par une rationalisation du parc de magasins et un partenariat renforcé avec les acteurs locaux (producteurs, artisans, startups...). Un véritable défi dans un contexte économique incertain.
Des signaux inquiétants pour 2025
Ce recul inattendu des ventes en décembre vient confirmer le ralentissement de l'économie britannique en cette fin d'année 2024. Les ménages, inquiets pour leur pouvoir d'achat, ont limité leurs achats non essentiels pendant les fêtes. Une tendance qui risque de se poursuivre en 2025 avec :
- La remontée probable des taux d'intérêt pour juguler l'inflation, renchérissant le coût du crédit.
- La fin des aides gouvernementales aux entreprises et aux ménages les plus modestes.
- L'impact encore incertain du Brexit sur les échanges et l'attractivité du pays.
Dans ce climat morose, le secteur du commerce qui représente près de 5% du PIB et 10% des emplois au Royaume-Uni s'attend à une année 2025 compliquée. La fédération britannique du commerce de détail (BRC) appelle le gouvernement à soutenir la consommation et à alléger les charges fiscales pesant sur les magasins. Des appels pour l'instant peu entendus, l'exécutif étant focalisé sur la maîtrise des déficits.
Au final, ce coup de froid sur les ventes décembre au Royaume-Uni vient rappeler la fragilité de la reprise post-Covid et les défis structurels auxquels est confronté le commerce de détail. Dans un océan d'incertitudes, une certitude : la transformation du secteur va devoir s'accélérer pour s'adapter aux nouvelles attentes des consommateurs. Un enjeu vital pour éviter le spectre de la récession en 2025...