GM interdit de partager les données de conduite avec les assurances
Imaginez que chacun de vos freinages brusques, chaque trajet nocturne et chaque excès de vitesse soient traqués par votre véhicule et revendus à votre insu à des compagnies d'assurance, faisant grimper vos primes sans que vous en connaissiez la raison. C'est précisément ce que faisait General Motors via son système embarqué OnStar, selon une enquête du New York Times. Mais la FTC vient de siffler la fin de la récréation.
GM et OnStar épinglés pour revente de données sensibles
Dans une plainte, la Federal Trade Commission (FTC) américaine accuse General Motors et sa filiale OnStar d'avoir collecté, utilisé et vendu les données de géolocalisation précises et les informations sur le comportement au volant de millions de véhicules, sans en informer correctement les consommateurs ni obtenir leur consentement.
Selon la FTC, GM aurait utilisé un "processus d'inscription trompeur" pour inciter les clients à souscrire à OnStar. Certains utilisateurs affirment ne pas avoir eu conscience d'avoir activé la fonction Smart Driver d'OnStar, qui promettait d'exploiter les données de conduite pour aider les conducteurs à améliorer les performances de leur véhicule et encourager une conduite plus sûre.
"GM a surveillé et vendu les données de géolocalisation précises des gens et les informations sur leur comportement au volant, parfois jusqu'à toutes les trois secondes"
– Lina M. Khan, présidente de la FTC
Une atteinte à l'intimité de la vie privée
Au-delà de la hausse des primes d'assurance, le mésusage potentiel de ces données pose de sérieux problèmes de confidentialité. Les données de géolocalisation d'une personne peuvent révéler les détails les plus intimes de sa vie :
- Où elle habite et travaille
- Si elle s'est rendue dans un établissement médical ou un lieu de culte
- Entre de mauvaises mains, les données de localisation représentent un danger sérieux pour certaines catégories de personnes vulnérables, comme les femmes cherchant à avorter
La FTC prend des mesures restrictives
Jeudi, l'agence a émis une ordonnance proposée interdisant à GM de vendre de telles données aux agences d'évaluation du crédit des consommateurs pendant cinq ans. Si elle est approuvée par un tribunal, l'ordonnance obligerait aussi GM et OnStar à :
- Obtenir le consentement exprès des consommateurs avant de collecter toute donnée de véhicule à l'avenir
- Permettre aux clients d'obtenir et de supprimer leurs données
- Limiter la collecte de données à partir de leurs véhicules
Cette affaire intervient à un moment délicat pour le géant automobile, qui vient d'arrêter le financement de sa filiale de véhicules autonomes Cruise, dans laquelle GM avait investi plus de 10 milliards de dollars. La confiance des consommateurs dans la gestion de leurs données personnelles par GM en ressort sérieusement écornée.
L'accord proposé sera soumis à une période de commentaires publics de 30 jours avant qu'une décision finale n'entre en vigueur. Affaire à suivre, donc, sur ce dossier brûlant à l'intersection de l'automobile connectée, du Big Data et de la vie privée.