La plasturgie française face aux défis d’une industrie en mutation
Secteur clé de l'économie française employant plus de 130 000 salariés, l'industrie de la plasturgie fait face à de nombreux défis en ce début d'année 2025. Après une embellie post-covid, les transformateurs de matières plastiques subissent un véritable « retournement » depuis 2023 selon Polyvia, l'Union des métiers de la transformation des polymères.
Un marché au ralenti, des résultats en-deçà des prévisions
Les plasturgistes sont confrontés à une conjoncture défavorable, avec une baisse significative de leur rentabilité. Plus de la moitié des entreprises sondées par Polyvia font état de résultats inférieurs aux attentes, que ce soit par rapport à 2023 ou même 2024. Les secteurs de l'automobile, de la construction et du nautisme sont particulièrement touchés.
Si peu de plans sociaux ont été annoncés pour l'instant, des ajustements d'effectifs pourraient avoir lieu prochainement, notamment via une baisse du recours à l'intérim et aux contrats courts. Pierre-Jean Leduc, président de Polyvia, s'attend même à des fermetures d'usines chez certains grands acteurs de l'automobile comme OPmobility (ex-Plastic Omnium) ou Forvia.
Quelques marchés plus résilients
Heureusement, tous les segments ne sont pas logés à la même enseigne. L'aéronautique et la défense tirent leur épingle du jeu avec un dynamisme certain en 2024. Le ferroviaire, les produits ménagers, le médical et la santé affichent quant à eux une certaine stabilité.
Mais les plasturgistes sont aussi pénalisés par une forte hausse de leurs coûts de production, estimée à +21% entre 2019 et 2023 par Polyvia, en raison de l'envolée des prix de l'énergie, des matières premières et des salaires. De quoi plomber les marges des entreprises du secteur.
Miser sur la diversification et l'innovation
Pour rebondir, la profession compte sur une diversification de ses marchés et mise sur de nouveaux relais de croissance. Parmi les pistes envisagées :
- Renforcer la présence sur des marchés porteurs et innovants comme la mobilité électrique, l'économie circulaire ou la santé connectée.
- Accélérer la transition vers des plastiques plus écologiques : biosourcés, biodégradables, recyclables...
- Développer le recours aux technologies de l'industrie 4.0 (robotisation, fabrication additive, intelligence artificielle) pour gagner en compétitivité.
Les pouvoirs publics ont aussi un rôle à jouer selon les professionnels, qui en appellent à une politique industrielle volontariste. Pierre-Jean Leduc plaide notamment pour des droits de douane ciblés afin de favoriser les productions locales, sur le modèle des États-Unis de Donald Trump. Il demande aussi l'abandon des tentations de « sur-transposition » des règlements européens, qui pénalisent les industriels français.
La France doit arrêter de sur-transposer des règles qui ne sont pas applicables en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni… Nous devons jouer avec les mêmes règles en Europe.
Pierre-Jean Leduc, président de Polyvia
Troisième en Europe derrière l'Allemagne et l'Italie, la plasturgie française représente un chiffre d'affaires de près de 40 milliards d'euros. Un poids lourd industriel à la croisée des chemins, qui doit réussir sa mue pour rester dans la course face à une concurrence mondiale exacerbée. L'avenir du « made in France » en plastique en dépend.
