Faillite de la start-up de véhicules électriques Canoo
Personne ne l'avait vu venir. Canoo, start-up prometteuse lancée en 2017 avec pour objectif de révolutionner le marché des véhicules électriques, vient de jeter l'éponge. Après 7 ans d'existence, des pivots stratégiques à répétition et des centaines de millions de dollars engloutis, la jeune pousse dépose le bilan et cesse immédiatement ses activités. Une chute brutale qui soulève de nombreuses interrogations sur la viabilité des modèles économiques de certaines start-ups.
Canoo, la success story qui a tourné court
Fondée par d'anciens cadres de Faraday Future, une autre start-up de l'électrique, Canoo avait de grandes ambitions. Avec sa plateforme modulaire pouvant s'adapter à différents formats de véhicules et ses technologies de pointe comme la direction "steer-by-wire", la jeune entreprise semblait avoir tous les atouts pour réussir. Son projet avait même attiré l'attention d'Apple, en quête d'un partenaire pour son propre véhicule électrique.
Mais derrière la façade high-tech, les problèmes s'accumulaient. Changements de direction, de stratégie, d'implantation... Malgré son introduction en bourse fin 2020 via une SPAC lui ayant permis de lever 600 millions de dollars, Canoo n'a jamais réussi à trouver son rythme de croisière. Alors que les premières livraisons étaient sans cesse repoussées, les dirigeants multipliaient les effets d'annonce, sans lendemain.
Un dépôt de bilan inéluctable
Début 2025, le couperet tombe. Avec seulement 700.000$ en banque et une usine à l'arrêt, la société n'a plus d'autre choix que la faillite. Son CEO évoque des négociations infructueuses avec des investisseurs étrangers et pointe du doigt l'incapacité à obtenir un prêt du Department of Energy. Le rêve s'effondre.
Nous avons tout essayé, mais le contexte n'était pas favorable. C'est un crève-cœur de devoir mettre la clé sous la porte.
Tony Aquila, CEO de Canoo
Les leçons d'un échec
Au-delà du cas Canoo, cette faillite interroge sur la solidité des start-ups ayant misé sur la SPAC pour faire leur entrée en bourse. Nombre d'entre elles ont depuis connu des fortunes diverses, à l'image de Nikola ou Lordstown Motors. Elle met aussi en lumière les défis inhérents aux projets de rupture technologique, où la frontière entre ambition et hubris est souvent ténue.
D'aucuns y verront la chronique d'un échec annoncé, symptomatique d'une certaine fuite en avant de la tech. D'autres, un rappel salutaire des fondamentaux : aussi révolutionnaire soit-elle, une entreprise ne peut faire l'impasse sur un modèle économique viable. Un constat amer, mais nécessaire, pour tous ceux qui rêvent de changer le monde.
Et maintenant ?
Pour les employés et les clients ayant cru au projet Canoo, l'heure est à la désillusion. Mais au-delà, c'est tout un écosystème qui s'interroge. Que nous dit cette faillite de l'état du secteur des véhicules électriques ? Des spécificités du marché américain ? Des attentes des consommateurs ?
Autant de questions qui devront trouver réponse pour éviter que l'histoire ne se répète. Car si l'échec fait partie intégrante du processus d'innovation, certains sont plus douloureux que d'autres. Celui de Canoo laissera sans nul doute des traces.