Les Banques de Wall Street Pressent Pour Assouplir Les Règles de Fonds Propres
Alors que Donald Trump entame son second mandat à la Maison Blanche, les grandes banques de Wall Street fourbissent leurs armes pour tenter d'influencer la réglementation bancaire dans un sens qui leur soit plus favorable. Fortes de précédents succès sous la première présidence Trump, elles espèrent bien continuer sur leur lancée pour assouplir encore davantage les exigences de fonds propres.
Un plan d'action ambitieux pour réduire les contraintes
Selon des dirigeants du secteur bancaire, les objectifs sont multiples et de taille : il s'agit notamment de revoir à la baisse les ratios de fonds propres des accords de Bâle III, mais aussi de réduire la surcharge en capital imposée aux établissements d'importance systémique. « Tout ce que nous voulons, c'est un cadre réglementaire cohérent, rationnel et qui permette aux banques de faire leur travail en soutenant l'économie », plaide Jeremy Barnum, directeur financier de JPMorgan.
Les banques souhaitent également revoir les tests de résistance annuels de la Fed, destinés à évaluer leur capacité à faire face à des chocs. La méthodologie de ces fameux stress tests est dans leur viseur, de même que le ratio de levier qui fixe un plancher d'endettement, indépendamment du risque des actifs.
Miser sur une administration et des régulateurs plus conciliants
Pour faire avancer leurs pions, les mastodontes de la finance américaine parient sur un rapport de force qui leur est devenu plus favorable. Non seulement la réélection de Trump leur laisse espérer une oreille plus attentive à leurs doléances, mais la composition des autorités de régulation pourrait aussi évoluer dans un sens qui leur soit plus clément.
Il semble que le pouvoir soit revenu vers les banques. C'est un changement qui se prépare depuis 15 ans.
Ed Mills, analyste chez Raymond James
Des premiers signes encourageants
Si les grandes banques se montrent aussi confiantes, c'est que le vent semble tourner en leur faveur. Déjà, elles ont réussi un joli coup de force en obtenant que les exigences supplémentaires de Bâle III soient réduites de moitié. La Fed envisage aussi de revoir le mode de calcul des surcharges pour les établissements systémiques, ce qui pourrait faire baisser le montant de fonds propres à immobiliser.
Surtout, les signaux envoyés par les régulateurs sont positifs. Pressentie pour succéder à l'intransigeant Michael Barr à la tête de la supervision bancaire, Michelle Bowman prône ainsi une approche "pragmatique". De quoi redonner confiance aux banques dans leur capacité à infléchir les règles du jeu.
Agir vite pour ne pas laisser passer l'occasion
Conscientes que l'alignement des planètes en leur faveur n'est pas éternel, les banques veulent battre le fer tant qu'il est chaud. Il s'agit pour elles de faire passer les réformes sous une administration Trump acquise à leur cause, avant un éventuel retour des démocrates au pouvoir. C'est donc une course contre-la-montre qui est engagée à Wall Street pour desserrer au plus vite et au maximum l'étreinte réglementaire.
Reste à voir jusqu'où les banques pourront aller dans leur offensive. Si l'administration et les autorités semblent mieux disposées à leur égard, une dérégulation massive semble peu probable, au regard des leçons de la crise financière. Mais dans ce bras de fer, l'industrie bancaire partira avec un avantage certain.