Legrand Relève le Défi de l’Industrie du Futur
Face à un marché du bâtiment en crise depuis 3 ans et sans perspectives de reprise, Legrand, le géant français des équipements électriques, a décidé de prendre le taureau par les cornes. D'ici 2028, le groupe compte totalement transformer son modèle industriel en misant sur la rationalisation, l'innovation et une relocalisation sélective de ses activités. Une véritable révolution pour s'adapter aux défis de l'industrie du futur.
Un plan de transformation ambitieux
Concrètement, Legrand prévoit de fermer deux usines en France, à Limoges et Fontaine-le-Bourg, et de transférer leurs productions vers d'autres sites français et étrangers. L'objectif est de recentrer l'outil industriel sur les activités à plus forte valeur ajoutée en délocalisant certaines productions basiques. Mais le groupe l'assure, il n'y aura ni licenciement ni départ forcé. Tous les salariés concernés se verront proposer un reclassement.
L'usine de Guise dans l'Aisne, jugée surdimensionnée, sera quant à elle transférée dans des locaux plus petits et modernes. Car au-delà des fermetures, Legrand mise sur une montée en gamme technologique de ses sites de production. Robotisation, analytique des données, fabrication additive... Le groupe veut accélérer sa transformation digitale pour gagner en flexibilité et en productivité.
L'innovation comme moteur
Mais Legrand ne mise pas tout sur la rationalisation. L'innovation reste le moteur de sa stratégie, en particulier dans le bâtiment connecté et l'efficacité énergétique. Le groupe consacre chaque année près de 5% de son chiffre d'affaires à la R&D, avec des équipes dédiées dans le monde entier.
Nous voulons être le partenaire de référence de nos clients dans la transformation des bâtiments, en apportant de nouvelles fonctionnalités digitales qui améliorent le confort, la sécurité et la performance énergétique.
Benoît Coquart, Directeur Général de Legrand
Parmi les innovations phares, on peut citer le lancement d'une nouvelle gamme d'interrupteurs connectés "with Netatmo", fruit d'un partenariat avec la pépite française de l'IoT rachetée en 2018. Ou encore le programme Eliot qui vise à connecter l'ensemble de l'offre Legrand d'ici 2030.
Miser sur les relocalisations ciblées
Enfin, si certaines productions basiques partent à l'étranger, Legrand n'entend pas pour autant sacrifier son ancrage industriel hexagonal. Le made in France représente encore 15% de son chiffre d'affaires. Et le groupe compte bien relocaliser certaines activités stratégiques, en particulier dans l'électronique et le digital.
Plusieurs projets sont à l'étude dont l'implantation d'un site pilote de l'industrie 4.0 en Nouvelle Aquitaine. Il combinerait recherche, production et formation autour des nouvelles technologies. Un écosystème innovant qui pourrait être dupliqué dans d'autres territoires.
Les défis de l'exécution
Reste maintenant à Legrand à transformer l'essai. Car ce plan de bataille très ambitieux soulève de nombreux défis :
- Réussir la montée en compétences des équipes sur les nouveaux métiers du digital
- Attirer les talents dans un contexte de pénurie, notamment dans la tech et la data
- Sécuriser des relocalisations pérennes malgré les coûts et les lourdeurs administratives
Le groupe devra aussi rassurer les territoires impactés par les fermetures en proposant de vrais projets de reconversion. Le dialogue social s'annonce intense dans les mois à venir.
Malgré ces écueils, Legrand semble déterminé à mener à bien sa mue pour rester dans la course face aux nouveaux entrants issus du digital. Pari réussi pour ce fleuron tricolore ? Réponse d'ici 2028.