Enquête élargie sur la technologie de conduite mains libres de Ford
Alors que les véhicules autonomes promettent de révolutionner nos déplacements, la sécurité de ces technologies d'assistance à la conduite avancées (ADAS) est plus que jamais sous le feu des projecteurs. La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) vient en effet d'annoncer l'élargissement de son enquête sur le système de conduite mains libres BlueCruise de Ford, suite à deux accidents mortels impliquant des Ford Mustang Mach-E équipées de cette technologie.
BlueCruise dans le viseur des autorités
Lancé en 2021 sur certains modèles de F-150 et de Mustang Mach-E, le système BlueCruise permet une conduite mains libres sur des autoroutes pré-cartographiées, en s'appuyant sur des caméras, des radars et des logiciels combinant régulateur de vitesse adaptatif, centrage sur la voie et reconnaissance des panneaux. Bien que les conducteurs soient surveillés par une caméra intérieure pour s'assurer qu'ils gardent les yeux sur la route, cette technologie est moins contraignante que l'Autopilot de Tesla qui nécessite de garder les mains sur le volant.
Mais en avril dernier, l'Office of Defects Investigation de la NHTSA a ouvert une enquête préliminaire suite à deux accidents ayant coûté la vie aux conducteurs de Mach-E équipées de BlueCruise. Dans les deux cas, les voitures ont percuté des véhicules à l'arrêt. L'agence vient de passer à la vitesse supérieure en lançant une "analyse d'ingénierie" pour creuser les potentielles limitations du système.
Analyse approfondie des crashes et rapports
Cette nouvelle phase va permettre à la NHTSA de passer au crible les quelques 129 000 Mustang Mach-E dotées de BlueCruise, en menant des évaluations des véhicules, en étudiant des données techniques supplémentaires fournies par Ford, et en analysant en détail les rapports d'accidents et d'incidents liés au système. Les premiers éléments de l'enquête ont en effet pointé des failles potentielles :
- Détection erronée d'objets stationnaires à grande distance, à plus de 100 km/h
- Performances limitées en cas de faible visibilité ou d'éclairage insuffisant
Si ces limites venaient à être confirmées, Ford pourrait être contraint de rappeler les véhicules concernés pour mettre à jour ou désactiver la fonctionnalité. Un coup dur alors que la marque mise gros sur BlueCruise pour rivaliser avec Tesla et GM sur le marché des ADAS.
La fiabilité des ADAS en question
Plus largement, cette affaire met en lumière les interrogations qui persistent sur la sécurité et la fiabilité des systèmes avancés d'aide à la conduite dans des conditions réelles, malgré des progrès fulgurants ces dernières années. Tesla est également dans le collimateur de la NHTSA qui a ouvert une enquête en octobre dernier sur son logiciel "Full Self-Driving", suite à plusieurs accidents signalés par faible visibilité.
La route vers une conduite 100% autonome est encore longue et parsemée d'embûches réglementaires et technologiques.
Mark Wakefield, responsable de la practice Automobile chez AlixPartners
Si les constructeurs automobiles et les géants de la tech rivalisent d'effets d'annonce sur les prouesses de leurs technologies, le cadre légal et les homologations peinent à suivre le rythme effréné des innovations. La voiture autonome n'en est encore qu'à ses balbutiements et de nombreux obstacles restent à surmonter avant de voir ces véhicules se démocratiser sur nos routes.
En attendant, la prudence reste de mise et il est essentiel que les conducteurs comprennent les limites des ADAS actuels pour éviter de leur faire une confiance aveugle. Car malgré l'allègement de la charge mentale qu'ils apportent sur autoroute, le conducteur doit rester vigilant et prêt à reprendre le contrôle à tout instant. Un équilibre subtil entre bénéfices et responsabilités qui nécessitera encore des ajustements de la part de l'ensemble des acteurs.