La Mystérieuse « Flotte Fantôme » Russe Inquiète l’OTAN
Depuis le début de la guerre en Ukraine, une inquiétante "flotte fantôme" de pétroliers russes ne cesse de s'agrandir. Jouant avec les limites de la loi pour contourner les sanctions occidentales sur le pétrole russe, ces navires vieillissants multiplient les risques d'accidents et de catastrophes écologiques. Une menace prise très au sérieux par l'OTAN, qui soupçonne certains bateaux de participer à une véritable guerre hybride en sabotant des infrastructures stratégiques.
Des pétroliers en fin de vie sous pavillon de complaisance
La flotte fantôme russe est constituée de pétroliers et méthaniers rachetés d'occasion, souvent à plus de 20 ans, voire 40 ans pour certains. Un âge canonique quand on sait que la plupart partent habituellement à la retraite avant 22 ans. Ces bateaux poussifs sont ensuite immatriculés sous pavillon de complaisance dans des pays comme le Panama ou Palaos.
Si cette pratique n'est pas nouvelle, le nombre de navires concernés a littéralement explosé depuis 2022 et les sanctions contre la Russie. Le Royaume-Uni et les États-Unis en ont identifié environ 200, l'Union Européenne 79, mais ils seraient en réalité jusqu'à 1000 selon certaines sources.
Contourner les sanctions et gonfler les prix
L'objectif de cette flotte est clair : faire sortir le pétrole russe en contournant les sanctions occidentales. Pour cela, les pétroliers transfèrent leur cargaison en pleine mer à d'autres navires. Ce procédé rend l'origine des hydrocarbures difficile à tracer, et donc les sanctions plus compliquées à appliquer.
En évitant les circuits légaux, ces bateaux revendent le pétrole à des prix gonflés, bien au-delà des plafonds imposés. Selon le Centre for Research on Energy and Clean Air, ils ont transporté 82% du pétrole brut maritime russe en décembre 2024, soit près de 1,7 million de barils par jour.
Vétusté, opacité, marées noires : les multiples dangers de la flotte fantôme
L'état de délabrement avancé de beaucoup de ces pétroliers fait craindre de graves accidents. Mi-janvier 2025, l'Eventin, suspecté d'appartenir à la flotte fantôme, est tombé en panne au large de l'Allemagne avec 99000 tonnes de brut à bord. Il a dû être remorqué en urgence pour éviter une catastrophe.
Pour brouiller les pistes, les navires n'hésitent pas non plus à éteindre leur transpondeur ou transmettre de fausses positions. Ajoutez à cela des assurances au rabais, et vous obtenez un cocktail explosif. Mi-décembre, l'échouage de deux d'entre eux a déjà provoqué une marée noire en mer d'Azov. Et la facture des prochains accidents s'annonce salée pour les pays concernés.
L'OTAN craint des actes de sabotage sous-marins
Mais le danger le plus insidieux vient peut-être des soupçons de sabotage qui pèsent sur certains bateaux. Le 25 décembre 2024, plusieurs câbles électriques et de télécoms ont été mystérieusement sectionnés au fond de la mer Baltique. Hasard du calendrier, l'Eagle S, un pétrolier battant pavillon des îles Cook, se trouvait pile à cet endroit.
Après plusieurs incidents similaires ces dernières années, difficile de croire à une simple coïncidence. Les pays baltes et l'OTAN prennent désormais très au sérieux cette menace de "guerre hybride". Frégates, avions et même drones marins ont été déployés mi-janvier pour surveiller étroitement ces inquiétants va-et-vient sous-marins.
Au fur et à mesure que la flotte fantôme continue de croître, de vieillir et de provoquer davantage d'incidents, ces dépenses augmenteront rapidement.
– Atlantic Council, think tank américain
En conclusion, la flotte fantôme russe représente une véritable bombe à retardement, à la fois écologique, sécuritaire et géopolitique. Entre marées noires, actes de malveillance et factures salées pour les pays concernés, l'inquiétude monte d'un cran à chaque nouveau pétrolier poussif qui s'élance sur les mers. Un immense défi pour la communauté internationale, qui doit urgemment renforcer ses garde-fous face à cette menace protéiforme.
