La consommation de gaz naturel explose en Asie en 2024
En 2024, le monde a battu un nouveau record de consommation de gaz naturel. Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), elle a bondi de 2,8% pour atteindre 115 milliards de m3 supplémentaires par rapport à 2023. Une hausse supérieure au taux de croissance annuel moyen de 2% observé dans les années 2010. Mais quels sont les moteurs de cet appétit croissant pour le gaz naturel ?
L'Asie, principale zone de croissance de la demande de gaz
Près de 45% de la demande supplémentaire de gaz en 2024 provient de la région Asie-Pacifique. Portée par son expansion économique, cette zone du globe continue de tirer la consommation mondiale vers le haut. Et cette tendance devrait se poursuivre en 2025 selon les projections de l'AIE.
Pour répondre à ces besoins grandissants, les pays asiatiques se tournent massivement vers les importations de gaz naturel liquéfié (GNL). Transporté par méthaniers, le GNL permet de s'affranchir des contraintes des gazoducs. Il est devenu un outil clé pour sécuriser les approvisionnements, en particulier depuis l'arrêt des livraisons de gaz russe vers l'Europe suite à la guerre en Ukraine.
Le GNL, variable d'ajustement face aux tensions géopolitiques
Si les importations européennes de GNL ont reculé de 18% en 2024, elles restent à un niveau élevé. Le Vieux Continent continue d'y avoir recours pour compenser le manque de gaz russe, qui transitait auparavant principalement par gazoduc via l'Ukraine. Un flux qui s'est totalement tari depuis le 1er janvier 2025.
L'arrêt du transit de gaz russe via l'Ukraine ne devrait pas constituer un risque imminent pour la sécurité de l'approvisionnement de l'Union européenne.
Agence internationale de l'énergie
Malgré les tensions géopolitiques qui continuent "d'alimenter la volatilité des prix", l'AIE se veut rassurante. Mais elle souligne que "l'équilibre gazier mondial reste fragile, l'offre demeurant serrée". Dans ce contexte, la flexibilité apportée par le GNL est plus que jamais cruciale.
Le gaz, variable d'ajustement face aux aléas climatiques
Outre la géopolitique, le changement climatique influence également de plus en plus la demande de gaz naturel. Face à la multiplication des événements météorologiques extrêmes, les centrales au gaz jouent un rôle de secours essentiel pour assurer la sécurité d'approvisionnement en électricité :
- Sécheresses en Colombie et au Brésil limitant la production hydroélectrique
- Tempêtes hivernales aux États-Unis entraînant des pics de consommation pour le chauffage
- Vagues de chaleur en Europe augmentant les besoins de climatisation
Autant d'aléas qui renforcent le recours aux centrales à gaz, en particulier lorsque la production renouvelable (éolien, solaire) est insuffisante. Mais cette utilisation du gaz comme énergie de "backup" soulève des questions quant à son impact environnemental et son rôle dans la transition énergétique.
Quelle place pour le gaz dans un mix décarboné ?
Si le gaz naturel émet moins de CO2 que le charbon, il reste une énergie fossile. Son utilisation croissante apparaît difficilement compatible avec les objectifs climatiques et la nécessaire décarbonation du mix énergétique mondial.
Certains misent sur l'essor du biométhane et de l'hydrogène "vert" pour verdir progressivement les réseaux de gaz. Mais ces filières bas-carbone ne représentent encore qu'une part marginale de l'approvisionnement gazier. Leur montée en puissance prendra du temps et nécessitera des investissements massifs.
D'ici-là, la consommation de gaz naturel devrait continuer de progresser, tirée par les besoins de l'Asie et le rôle de variable d'ajustement de cette énergie pilotable. Un défi de taille pour concilier sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement climatique dans les années à venir.
