Metsä Board Ferme Son Usine de Tako : Un Tournant pour l’Industrie Papetière
L'industrie papetière européenne traverse une période de turbulences sans précédent. Dernier exemple en date : l'annonce par le géant finlandais Metsä Board de la fermeture de son usine historique de Tako à Tampere d'ici 2025. Une décision lourde de conséquences qui illustre les défis auxquels est confronté le secteur.
Une conjoncture défavorable pour le papier et le carton
Depuis deux ans, le marché du carton et du papier est déprimé en Europe. En cause : une hausse des coûts de production dans un contexte d'inflation des matières premières et de l'énergie. Une conjoncture qui pèse sur la rentabilité des usines, y compris les plus modernes et les mieux équipées.
C'est dans ce contexte que Metsä Board a décidé de sacrifier son site de Tako, spécialisé dans la production de carton pour étuis pliants (FBB). Un crève-cœur pour le groupe finlandais, qui avait déjà dû renoncer en avril 2024 à un projet d'extension de 800 000 tonnes sur son site de Kaskinen.
L'usine de Tako, trop petite pour être rentable
Avec une capacité de production de 210 000 tonnes, répartie sur deux lignes de 70 000 et 140 000 tonnes, l'usine de Tako était tout simplement jugée trop petite par Metsä Board pour atteindre une rentabilité suffisante. Un handicap renforcé par sa localisation, enclavée dans la ville de Tampere, qui rendait toute extension impossible.
L'usine, créée en 1865, est trop petite pour parvenir à une rentabilité suffisante.
Metsä Board
Malgré son ancienneté (le site a été créé en 1865), Tako représentait encore 13% de la capacité de production totale de Metsä Board, qui s'élève à 1,6 million de tonnes. Sa fermeture, qui devrait être effective en 2025 après consultation des syndicats, entraînera la suppression de 210 emplois et une dépréciation d'actifs de 30 millions d'euros.
Restructurations en vue dans l'industrie papetière
Au-delà de Metsä Board, c'est toute l'industrie papetière européenne qui est en pleine mutation pour s'adapter à la nouvelle donne. Confrontés à une baisse structurelle de la demande de papier graphique et à une concurrence féroce sur le carton, les acteurs n'ont d'autre choix que de rationaliser leur outil industriel et de se recentrer sur leurs sites les plus performants.
Une tendance qui devrait se traduire par de nouvelles restructurations dans les années à venir, avec à la clé des fermetures de sites et des réductions d'effectifs. Seuls les plus solides et les plus agiles parviendront à tirer leur épingle du jeu dans cet environnement darwinien.
Vers une relocalisation de la production ?
Paradoxalement, cette crise pourrait aussi être l'occasion pour l'industrie papetière européenne de rebattre les cartes et d'amorcer une relocalisation de sa production. Face à la flambée des coûts du transport maritime et à la volatilité des chaînes d'approvisionnement mondialisées, produire au plus près de ses clients redevient stratégique.
Une tendance qui pourrait profiter aux sites européens les plus compétitifs et bénéficiant d'un bon positionnement géographique. À condition d'avoir su investir à temps dans leur modernisation et leur montée en gamme. Un défi que les papetiers devront relever s'ils veulent assurer leur avenir sur le vieux continent.
Au final, la fermeture de l'usine de Tako par Metsä Board est symptomatique des défis qui attendent l'industrie papetière européenne dans les années à venir. Entre rationalisation, restructuration et relocalisation, les acteurs du secteur devront faire preuve d'agilité et de vision pour retrouver le chemin de la croissance. Un sacré pari dans un monde où le papier n'a plus le monopole de l'écrit.
