Ex-dirigeant d’Amazon nommé président par intérim de l’autorité antitrust britannique
Dans une décision qui reflète les nouvelles priorités du Royaume-Uni en matière de régulation des technologies, le gouvernement vient de nommer Doug Gurr, un ancien cadre dirigeant d'Amazon, au poste de président par intérim de l'autorité de la concurrence et des marchés (CMA). Cette nomination intervient alors que le pays cherche à se positionner comme une nation pro-croissance et pro-tech, avec un accent particulier mis sur l'intelligence artificielle.
Un choix stratégique pour stimuler l'économie numérique
Le gouvernement mise sur l'expérience de Doug Gurr, qui a occupé des postes clés chez Amazon pendant près d'une décennie, pour apporter un regard neuf sur la régulation antitrust et favoriser l'innovation et la croissance. Comme l'a souligné le secrétaire d'État aux affaires et au commerce Jonathan Reynolds :
Ce gouvernement a un plan clair pour le changement - stimuler la croissance pour les entreprises et les communautés à travers le Royaume-Uni. Nous voulons voir les régulateurs, y compris la CMA, doper l'économie avec des décisions pro-business qui favoriseront la prospérité et la croissance.
– Jonathan Reynolds, secrétaire d'État aux affaires et au commerce
Une approche plus pragmatique de la régulation des géants de la tech ?
La nomination de Doug Gurr intervient à un moment charnière, alors que le Royaume-Uni finalise sa longue enquête sur le marché des services cloud, qui avait Amazon dans le collimateur de la CMA. Certains s'interrogent sur l'impact que pourrait avoir ce choix sur l'approche de l'autorité vis-à-vis des géants technologiques :
Ce que les parties prenantes vont maintenant évaluer, c'est comment cette nouvelle nomination se traduira dans l'approche de la CMA en matière d'application des règles. Des signes récents montrent qu'elle a tenu compte des critiques sur ses décisions précédentes et qu'elle est peut-être plus disposée à faire preuve de flexibilité. Cependant, le nouveau président prend également ses fonctions à un moment où la CMA a acquis de nouveaux pouvoirs importants, en particulier en ce qui concerne sa surveillance des grandes entreprises technologiques, ce qui signifie que la CMA deviendra probablement plus activiste.
– Alex Haffner, avocat spécialisé en droit de la concurrence
Trouver le juste équilibre pour un marché du cloud plus compétitif
Si certains acteurs, comme l'Open Cloud Coalition soutenue par Google, se félicitent de cette nomination, ils appellent toutefois la CMA à ne pas perdre de vue son enquête en cours sur le marché des services cloud, largement dominé par Amazon :
Alors que l'enquête de la CMA sur le marché du cloud entre dans une phase critique, nous exhortons le régulateur à rester sur la bonne voie et à prendre des mesures décisives pour créer un marché du cloud plus équitable et plus compétitif, qui profite aux entreprises, aux consommateurs et à l'économie numérique au sens large. L'industrie du cloud ne peut s'épanouir que lorsqu'il y a des règles du jeu équitables.
– Nicky Stewart, conseillère principale de l'Open Cloud Coalition
Un signal fort pour l'avenir de la régulation technologique britannique
La nomination de Doug Gurr envoie un signal fort sur la direction que souhaite prendre le Royaume-Uni en matière de régulation des technologies. Si l'objectif affiché est de stimuler la croissance et l'innovation, il faudra néanmoins veiller à trouver le juste équilibre pour préserver une concurrence saine et protéger les consommateurs. Les prochains mois seront décisifs pour voir comment cette nouvelle approche se traduira concrètement dans les décisions et actions de la CMA, à commencer par son enquête très attendue sur le marché du cloud.
Une chose est sûre : avec l'arrivée de Doug Gurr à sa tête, l'autorité antitrust britannique s'apprête à écrire un nouveau chapitre de la régulation technologique outre-Manche. Un virage qui sera scruté de près, au Royaume-Uni comme à l'international, et qui pourrait bien influencer la manière dont les autres pays aborderont ces enjeux cruciaux pour l'avenir de leur économie numérique.