L’Europe accélère son ouverture commerciale face aux défis mondiaux
Dans un contexte géopolitique tendu marqué par la montée du protectionnisme, notamment depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, la Commission européenne multiplie les initiatives pour ouvrir de nouveaux marchés aux entreprises du Vieux Continent. Zoom sur une stratégie commerciale volontariste destinée à sécuriser des débouchés alternatifs.
L'accord avec le Mexique, un signal fort envoyé à Washington
Premier succès notable : la conclusion le 17 janvier dernier des négociations engagées il y a 9 ans avec le Mexique pour moderniser leur accord de libre-échange en vigueur depuis 2000. Un timing qui ne doit rien au hasard, alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane de 25% sur les importations mexicaines. Pour Elvire Fabry, chercheuse à l'Institut Jacques Delors :
La Commission envoie un message politique fort à Washington, mais aussi au reste du monde : le commerce international continue à fonctionner.
– Elvire Fabry, Institut Jacques Delors
Cet accord "nouvelle génération" va permettre de supprimer les droits de douane sur une série de produits agroalimentaires européens comme le poulet, les fromages ou le vin. L'Europe a aussi obtenu un meilleur accès aux marchés publics mexicains pour ses entreprises et la protection de 568 indications géographiques.
Cap sur l'Asie du Sud-Est et l'Inde
Mais la Commission ne compte pas s'arrêter là. Elle vient de relancer les discussions avec la Malaisie, au point mort depuis 12 ans. Avec 45 milliards d'euros d'échanges bilatéraux, les enjeux économiques sont certes plus modestes, mais confirment la volonté de Bruxelles de renforcer ses liens avec les pays de l'ASEAN. Un exercice délicat, la question de la déforestation compliquant par exemple les pourparlers avec l'Indonésie.
Prochaine étape pour Ursula von der Leyen : un déplacement en Inde pour tenter de débloquer des négociations commerciales qui n'ont pour l'instant guère progressé face à un marché indien encore très fermé. Mais là aussi, il s'agit de ne pas laisser le champ libre à la Chine et aux États-Unis.
Diversifier les débouchés, sécuriser les approvisionnements
Au-delà des messages politiques, ces accords doivent permettre aux entreprises européennes de trouver de nouveaux relais de croissance, à l'heure où la demande chinoise ralentit et où le marché américain pourrait se révéler moins porteur. Ils offrent aussi l'opportunité de s'entendre sur des standards de durabilité et d'accéder plus facilement à certaines matières premières stratégiques.
Bref, face aux incertitudes du commerce mondial, l'Europe joue la carte de la diversification et de la sécurisation de ses débouchés et approvisionnements. Une stratégie indispensable, même si la voie est étroite entre la défense de ses intérêts et la tentation du repli.