L’avenir de l’industrie automobile européenne en question
Le marché automobile européen traverse une période de crise sans précédent. Avec des ventes en baisse de plus de 18% par rapport à 2019 et d'importantes surcapacités de production, l'industrie doit se réinventer pour s'adapter à ce nouveau contexte. Si certains constructeurs ont déjà annoncé des fermetures d'usines, d'autres mesures plus drastiques pourraient s'avérer nécessaires dans un futur proche.
Un marché en berne, des usines en surcapacité
En 2024, seules 10,6 millions de voitures particulières ont été immatriculées dans l'Union européenne, soit une chute vertigineuse de plus de 18% comparé à 2019. Ce déclin durable du marché met en évidence l'excès de capacités de production dont souffre l'industrie automobile sur le Vieux Continent. Selon les analystes, entre 4 et 4,5 millions de véhicules pourraient être produits en trop chaque année.
Malgré ce constat alarmant, peu de constructeurs ont pour l'instant pris des mesures d'envergure pour réduire leur empreinte industrielle. Quelques fermetures ont bien été annoncées, comme celle de l'usine Renault de Flins ou de l'usine Audi de Bruxelles, mais elles restent marginales face à l'ampleur du problème.
Stellantis, mauvais élève de la classe
Avec seulement 64% de ses capacités utilisées selon les estimations, Stellantis fait figure de lanterne rouge en Europe. Le groupe franco-italo-américain a perdu d'importantes parts de marché ces dernières années et sa production mondiale devrait encore reculer de 53 000 unités en 2025. Des sites comme celui de Poissy en France, qui ne produirait que 100 000 véhicules par an, sont clairement menacés.
Volkswagen contraint de chambouler son outil industriel
Même le leader européen Volkswagen n'est pas épargné. Après des mois de négociations, le groupe allemand a dû se résigner à supprimer 35 000 emplois outre-Rhin d'ici 2030 et à réduire ses capacités de plus de 700 000 unités dans ses usines allemandes. L'usine de Dresde fermera fin 2025 tandis que celles d'Osnabrück et Zwickau seront reconverties.
L'économie circulaire, une alternative aux fermetures ?
Pour limiter la casse sociale, certains constructeurs misent sur l'économie circulaire en transformant des sites de production en centres de reconditionnement de véhicules électriques, à l'image de ce qu'a fait Renault à Flins. Mais cette solution ne pourra être généralisée à toutes les usines en surcapacité.
Il va y avoir beaucoup de changements. C'est comme une cocotte-minute, il va bien falloir que la pression soit libérée à un moment.
Pedro Pacheco, vice-président de la recherche chez Gartner
L'avenir de l'industrie automobile européenne apparaît pour le moins incertain. Face à la pression sur les coûts, des décisions difficiles devront être prises dans les prochains mois et années. L'enjeu sera de réussir la transition vers l'électrique tout en préservant au maximum l'emploi et les compétences. Un défi majeur dans un contexte économique et social particulièrement tendu.