Stellantis Investit Massivement dans ses Usines Américaines
Alors que l'industrie automobile traverse une période de profondes mutations, le géant Stellantis a décidé de miser gros sur son outil industriel américain. Le groupe né en 2021 de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler va en effet investir plus de 5 milliards de dollars, soit environ 4,8 milliards d'euros, pour moderniser et développer ses usines outre-Atlantique. Une annonce qui sonne comme une main tendue au président américain Donald Trump, de retour à la Maison Blanche depuis janvier 2025.
Un signal fort envoyé à l'administration Trump
C'est John Elkann lui-même, le président exécutif par intérim de Stellantis, qui s'est chargé d'annoncer la nouvelle à Donald Trump lors d'une entrevue avant son investiture. Selon lui, cet investissement massif témoigne de l'ancrage historique du groupe aux États-Unis et de sa volonté de renforcer encore son empreinte industrielle dans le pays :
« John a dit au président que, forts de notre histoire de plus de 100 ans aux États-Unis, nous avons l'intention de poursuivre cet héritage en renforçant encore notre empreinte manufacturière aux États-Unis et en assurant la stabilité de notre main-d'œuvre américaine »
– Antonio Filosa, directeur Amérique du Nord de Stellantis
Un message qui devrait rassurer l'administration Trump, qui n'a pas hésité à menacer d'imposer des taxes douanières de 25% sur les véhicules importés du Mexique et du Canada. Stellantis, qui possède de nombreuses usines au Mexique, semble donc vouloir prendre les devants en misant sur la production locale.
Belvidere, Detroit, Toledo... Les sites concernés
Concrètement, les investissements annoncés par Stellantis vont se répartir sur plusieurs de ses sites américains :
- Belvidere (Illinois) : Cette usine à l'arrêt depuis mars 2023 va bénéficier d'une enveloppe de 1,2 milliard de dollars pour rouvrir ses portes et produire un nouveau pick-up de taille moyenne d'ici 2027.
- Detroit (Michigan) : Le site va accueillir la production d'une nouvelle voiture de la marque Dodge.
- Toledo (Ohio) : L'usine spécialisée dans la fabrication des Jeep verra ses capacités renforcées.
- Kokomo (Indiana) : Le groupe va y installer une nouvelle ligne d'assemblage de moteurs quatre cylindres.
Des investissements qui devraient permettre de sécuriser des milliers d'emplois industriels et d'en créer de nouveaux. De quoi rassurer les syndicats américains, avec qui les négociations ont été tendues en 2023, Stellantis ayant menacé de fermer certains sites.
Le début d'une nouvelle ère pour Stellantis ?
Depuis la démission forcée de Carlos Tavares début décembre, John Elkann assure l'intérim à la tête de Stellantis dans l'attente de la nomination d'un nouveau directeur général mi-2025. L'héritier de la dynastie Agnelli semble vouloir tourner la page du redresseur de PSA en multipliant les gestes d'apaisement, que ce soit envers les syndicats, les autorités politiques ou même les salariés.
Cette inflexion stratégique sera-t-elle payante ? Si elle permet à Stellantis de regagner en sérénité sociale et d'écarter le spectre de taxes douanières punitives aux États-Unis, le groupe devra néanmoins veiller à ne pas perdre en compétitivité. Car malgré sa taille, Stellantis reste un colosse aux pieds d'argile dans un marché automobile en pleine reconfiguration. La transition vers l'électrique, la concurrence des nouveaux acteurs tech, les mutations de la mobilité... Autant de défis que John Elkann et son futur directeur général devront relever dans les années à venir.