Quartz utilise l’IA pour générer des articles d’actualités
L'utilisation de l'intelligence artificielle dans le journalisme soulève de nombreux débats et questions éthiques. Récemment, le média d'information économique Quartz a attiré l'attention en publiant discrètement des articles générés par IA sous le nom de "Quartz Intelligence Newsroom". Une pratique qui interroge sur les limites et les enjeux de l'automatisation dans la production de contenu journalistique.
Quartz agrège le contenu d'autres médias grâce à l'IA
Depuis plusieurs mois, Quartz expérimente la génération d'articles via l'intelligence artificielle. Si cela a commencé avec de simples rapports sur les résultats des entreprises, le média est récemment passé à la rédaction d'articles courts en agrégeant le contenu publié par d'autres sources comme CNN, Associated Press ou encore TechCrunch.
Chaque article généré par l'IA de Quartz fait environ 400 mots et ne contient aucune citation complète. Les sources sont uniquement mentionnées en haut de l'article, contrairement aux pratiques habituelles des journalistes qui les attribuent directement dans le corps du texte.
Un processus encore expérimental et peu transparent
D'après un porte-parole de G/O Media, le groupe propriétaire de Quartz, cette "newsroom IA" est pour l'instant purement expérimentale. Peu d'informations sont données sur les modèles et outils d'IA utilisés pour générer ces articles.
L'objectif affiché est de permettre aux journalistes de Quartz de se concentrer sur des articles plus longs et fouillés. Chaque article généré par l'IA est toutefois examiné par l'équipe éditoriale avant publication. Un contrôle qui semble encore perfectible au vu de certaines approximations et erreurs relevées.
Des inquiétudes sur la qualité et l'éthique
La publication d'articles générés par IA sans réelle valeur ajoutée journalistique interroge sur les motivations de Quartz. Est-ce un moyen d'automatiser la production de contenu à moindre coût, au détriment de la qualité et de la plus-value éditoriale ?
L'IA peut être un outil puissant pour les journalistes, mais elle ne doit pas se substituer au travail d'investigation, d'analyse et de mise en perspective qui fait la valeur du journalisme.
Francesco Marconi, chercheur IA et journalisme
Certains s'inquiètent aussi des dérives potentielles, comme la diffusion d'informations erronées ou biaisées. Sans supervision humaine rigoureuse, les algorithmes pourraient propager de la désinformation.
Trouver le bon équilibre entre IA et journalisme
Le cas de Quartz illustre les défis posés par l'introduction de l'IA dans les rédactions. Si cette technologie offre des opportunités pour optimiser le travail des journalistes, son utilisation doit être réfléchie et transparente.
Plutôt que de remplacer les journalistes, l'IA devrait être un outil d'assistance pour :
- Automatiser certaines tâches chronophages (retranscriptions, veille...)
- Identifier des tendances et des signaux faibles dans de grandes masses de données
- Enrichir le traitement de sujets complexes par des éléments de contexte et des visualisations de données
L'enjeu est donc de trouver le bon équilibre pour tirer parti de l'IA sans sacrifier la qualité et l'intégrité du journalisme. Cela passera par la définition de bonnes pratiques éthiques, la collaboration entre journalistes et experts IA, ainsi que par la formation des rédactions à ces nouveaux outils.
L'exemple de Quartz montre que le chemin est encore long pour intégrer de façon responsable et pertinente l'intelligence artificielle dans la production d'information. Mais il souligne aussi l'importance d'un débat ouvert et plus large sur les impacts de l'IA sur le journalisme, à l'heure où cette technologie transforme chaque jour davantage le monde des médias et de la communication.