ExxonMobil teste des brûleurs à hydrogène dans ses fours de vapocraquage
Une petite révolution est en marche dans l'industrie chimique. ExxonMobil, le géant américain du pétrole et de la chimie, vient de franchir une étape importante dans la décarbonation d'un procédé clé : le vapocraquage. Pour la première fois à l'échelle industrielle, des brûleurs alimentés jusqu'à 100% en hydrogène ont été testés avec succès dans les fours de craquage de son usine de Baytown, au Texas. Le résultat ? Une réduction de 90% des émissions directes de CO2.
Un défi technique relevé
Le vapocraquage est un procédé central de la pétrochimie, permettant de produire des composés de base comme l'éthylène et le propylène, à partir desquels sont fabriqués de nombreux plastiques et autres produits chimiques. Mais c'est aussi l'un des plus difficiles à décarboner, en raison des très hautes températures nécessaires, supérieures à 1000°C. Jusqu'à présent, le gaz naturel était la source d'énergie privilégiée.
Remplacer ce gaz par de l'hydrogène représentait un vrai défi, qu'ExxonMobil semble avoir relevé. Depuis décembre 2024, l'entreprise a mené des tests concluants avec des brûleurs fonctionnant jusqu'à 100% d'hydrogène, ou plus précisément avec un mélange à 98% d'H2, le maximum disponible sur le site de Baytown actuellement.
Les résultats sont prometteurs : l'éthylène et les autres oléfines produits sont identiques à ceux obtenus via des méthodes traditionnelles.
– ExxonMobil
Vers une adoption plus large dans l'industrie chimique
Fort de ce succès, ExxonMobil compte désormais déployer cette technologie à plus grande échelle et équiper d'autres fours avec ces brûleurs nouvelle génération. Une unité de production d'hydrogène de grande capacité (jusqu'à 28 millions de m3 par jour) est aussi prévue sur le site. Cet hydrogène sera produit par reformage du méthane, avec captage de 98% du CO2 associé.
Cette avancée ouvre la voie à une adoption plus large de l'hydrogène dans l'industrie chimique, un secteur particulièrement difficile à décarboner. Si d'autres entreprises emboîtent le pas à ExxonMobil, cela pourrait représenter un pas de géant vers une chimie plus durable et bas carbone.
D'autres pistes sont aussi explorées pour "verdir" le vapocraquage, comme le développement de fours électriques. Mais la solution hydrogène semble, à ce stade, la plus mature et prometteuse. L'enjeu est de taille car le vapocraquage est à la base d'une longue chaîne de valeur. Décarboner ce procédé, c'est réduire l'empreinte environnementale de nombreux produits du quotidien, des emballages aux textiles en passant par les équipements médicaux.
ExxonMobil montre qu'il est possible pour un géant du pétrole de se réinventer et de prendre le virage de la transition énergétique et écologique. Un virage nécessaire face à l'urgence climatique et un mouvement de fond qui ne fait que commencer dans l'industrie chimique mondiale. Les entreprises qui sauront innover et s'adapter seront les leaders de demain sur ce marché en pleine mutation.
En résumé, cette avancée technologique apporte plusieurs bénéfices clés :
- Une réduction drastique des émissions de CO2 du vapocraquage
- Une intégration réussie de l'hydrogène dans un procédé clé de la pétrochimie
- Une étape majeure vers une chimie plus durable et bas carbone
Reste à transformer l'essai et à industrialiser cette solution à grande échelle, un défi qu'ExxonMobil semble prêt à relever. Cette success story pourrait faire des émules et accélérer la transition écologique d'un secteur très émetteur de gaz à effet de serre. Un exemple inspirant à suivre pour toute l'industrie chimique.