Les Prêteurs en Dette Risquée Pourraient Accélérer les Faillites de Start-ups en 2025
41 milliards de dollars. C'est le montant record investi par les prêteurs en dette risquée dans les start-ups en 2021 selon la Silicon Valley Bank. Un pari audacieux qui pourrait bien se retourner contre eux en 2025. Alors que de nombreuses licornes vacillent, les experts prédisent que ces acteurs joueront un rôle clé dans les faillites et les ventes en catastrophe qui s'annoncent.
Une épée de Damoclès sur la tête des start-ups fragiles
La dette risquée, ou venture debt en anglais, permet aux jeunes pousses de financer leur croissance sans trop diluer leur capital. Mais c'est une arme à double tranchant. Lorsque les temps sont durs, les prêteurs peuvent rappeler leurs prêts et précipiter la chute des entreprises les plus vulnérables.
Bench, Convoy, Divvy Homes... les signes avant-coureurs
Les exemples ne manquent pas. Le mois dernier, la start-up de comptabilité Bench a brutalement mis la clé sous la porte quand ses prêteurs ont exigé le remboursement de leurs prêts. Fin 2023, Convoy, spécialisée dans le fret numérique, a vu le fonds Hercules Capital prendre le contrôle de l'entreprise pour récupérer ses investissements. Quant à Divvy Homes, revendue 1 milliard de dollars la semaine dernière, certains actionnaires sont repartis les mains vides. La société avait emprunté 735 millions à Barclays, Goldman Sachs et d'autres en 2021.
Nous arrivons au bout du rouleau pour beaucoup d'entreprises.
David Spreng, PDG de Runway Growth Capital
2025, l'année de tous les dangers ?
Malgré des valorisations en berne, la frénésie d'emprunts n'a pas faibli en 2024, atteignant même un record décennal de 53,3 milliards de dollars selon PitchBook. Mais alors que la pression monte, de nombreux prêteurs poussent désormais les start-ups à se vendre pour limiter leurs pertes. Souvent à vil prix, et au détriment des investisseurs en capital-risque.
John Markell, d'Armentum Partners, estime que presque tous les prêteurs ont des sociétés en difficulté dans leur portefeuille actuellement. "Il y a tellement d'entreprises en mauvaise posture en ce moment", déplore-t-il. "Beaucoup de licornes ne seront bientôt plus en activité". Selon lui, dans les cessions forcées par les prêteurs, les actionnaires récupèrent généralement peu, voire rien du tout.
Un mal nécessaire pour assainir l'écosystème ?
Pour David Spreng, de nombreuses start-ups n'auront pas d'autre choix que de se vendre à bas prix ou de mettre la clé sous la porte cette année. Un mal pour un bien selon certains observateurs. Après les excès de 2020-2021, où des start-ups fragiles ont levé des fonds mirobolants avec des diligences minimales, un tri semble inévitable. Cela permettra aux entreprises les plus solides de tirer leur épingle du jeu.
Les prêteurs en dette risquée y trouveront aussi sans doute leur compte, leur position prioritaire limitant leurs pertes. 2025 pourrait donc marquer un tournant pour l'écosystème des start-ups, entre destruction créatrice et flight to quality. Mais la sélection risque d'être brutale pour celles qui ont joué avec le feu de la dette.