Lhyfe révolutionne l’hydrogène vert en haute mer
Et si les plateformes d'hydrogène en mer pouvaient non seulement produire une énergie propre, mais aussi réoxygéner nos océans menacés ? C'est le pari audacieux que s'est lancé la startup française Lhyfe, déjà pionnière dans la production d'hydrogène vert offshore. Son nouveau projet baptisé BOxHy pourrait bien révolutionner notre approche de la transition énergétique maritime.
Lhyfe, leader de l'hydrogène en mer
Fondée en 2017, la jeune pousse nantaise Lhyfe n'a pas attendu pour se lancer à l'assaut des mers. Dès 2022, elle inaugurait au large de Saint-Nazaire sa première plateforme de production d'hydrogène en mer, directement connectée aux éoliennes offshore. Une prouesse technologique et une première mondiale.
L'idée est simple mais ingénieuse : utiliser l'électricité verte générée par les éoliennes pour alimenter des électrolyseurs embarqués sur la plateforme. Ces derniers décomposent alors l'eau de mer en hydrogène et en oxygène. L'hydrogène ainsi produit est ensuite acheminé à terre par pipeline pour alimenter différents usages comme la mobilité ou l'industrie.
Les avantages de la production offshore
Produire de l'hydrogène vert en mer plutôt que sur terre présente de nombreux avantages :
- Réduction des coûts de transport de l'électricité verte depuis les parcs éoliens offshore
- Disponibilité d'une ressource en eau quasi-illimitée
- Diminution de l'emprise foncière et des conflits d'usage à terre
Forte de cette expérience réussie, Lhyfe multiplie désormais les projets de plateformes offshore dans toute l'Europe. Mais la startup ne compte pas s'arrêter là dans l'innovation.
BOxHy : le nouveau défi de Lhyfe en mer Baltique
En 2023, Lhyfe s'est associée aux finlandais de Flexens et à l'Université de Stockholm pour lancer un nouveau projet pilote appelé BOxHy (pour Baltic Oxygen and Hydrogen). Objectif : coupler la production d'hydrogène offshore à la réoxygénation des fonds marins de la Baltique.
Car produire de l'hydrogène par électrolyse de l'eau génère un autre élément vital : l'oxygène. Pour un atome d'hydrogène, l'électrolyse libère un atome d'oxygène. Ce dernier est généralement rejeté dans l'atmosphère. Mais il pourrait être bien plus utile sous l'eau selon Lhyfe.
Lutter contre les "zones mortes"
Les scientifiques tirent en effet la sonnette d'alarme sur l'état préoccupant de la mer Baltique. En cause : la pollution, le réchauffement et l'eutrophisation des eaux qui entraînent une raréfaction de l'oxygène dissous et la formation de véritables "zones mortes" où plus aucune vie n'est possible.
L'idée du projet BOxHy est donc d'utiliser l'oxygène généré par les plateformes d'hydrogène de Lhyfe pour le réinjecter directement dans les eaux profondes de la Baltique. Une solution locale et écologique pour tenter d'inverser le processus et redonner vie aux écosystèmes marins asphyxiés.
La mer Baltique est malade. L'hydrogène vert peut devenir son oxygène.
Matthieu Guesné, fondateur de Lhyfe
Après une phase d'études préliminaires ayant identifié les meilleurs sites, BOxHy prévoit le déploiement d'un premier pilote de réoxygénation offshore, baptisé Bowin, au large de la Suède. Si les résultats sont concluants, le procédé pourrait être étendu à plus grande échelle.
Un modèle vertueux et duplicable
Avec BOxHy, Lhyfe démontre qu'écologie peut rimer avec économie. En valorisant un "déchet" de sa production d'hydrogène, l'oxygène, la startup rend son modèle encore plus vertueux et attractif. De quoi séduire de nouveaux investisseurs et partenaires.
Si le projet fait ses preuves en mer Baltique, il a vocation à essaimer dans d'autres mers fermées ou semi-fermées menacées d'anoxie comme la Méditerranée ou la mer Noire. Partout où des éoliennes offshore poussent, les plateformes Lhyfe pourraient ainsi coupler production d'énergie verte et réoxygénation des océans.
Avec BOxHy, Lhyfe ouvre un nouveau chapitre prometteur pour la transition énergétique et écologique du milieu maritime. Et prouve une fois de plus que l'hydrogène a plus d'un tour dans son sac pour nous surprendre.