
Turo renonce à son introduction en bourse
C'est un véritable coup de tonnerre dans le monde des startups et de la mobilité. Turo, le leader mondial de la location de voitures entre particuliers, vient d'annoncer l'annulation pure et simple de son introduction en bourse tant attendue. Retour sur ce revirement stratégique majeur pour la licorne américaine, qui comptait pourtant bien faire son entrée fracassante sur les marchés financiers après 3 ans d'attente.
Turo, l'Airbnb de la voiture, jette l'éponge
Fondée en 2010, Turo s'est imposée comme la référence de l'autopartage entre particuliers. Via son site web et son application mobile, la plateforme permet à des propriétaires de véhicules de louer leur voiture à d'autres utilisateurs, à l'image d'un Airbnb de l'automobile. Un modèle disruptif qui a rapidement séduit les investisseurs, propulsant Turo au rang de licorne avec une valorisation dépassant le milliard de dollars.
Mais voilà qu'après avoir publiquement déposé son dossier d'introduction en bourse en janvier 2022, la pépite californienne fait marche arrière. Dans un document réglementaire publié jeudi, Turo officialise le retrait de ses plans d'IPO, mettant ainsi fin à un feuilleton de 3 ans. Une décision surprise qui soulève de nombreuses interrogations sur l'avenir de l'entreprise et du secteur de l'autopartage.
Un marché en perte de vitesse
Si les conditions de marché défavorables sont évoquées pour justifier ce revirement, force est de constater que la croissance de Turo a nettement décéléré ces derniers temps. Après avoir vu son chiffre d'affaires bondir de 213% en 2021 pour atteindre 469 millions de dollars, la startup a dû se contenter d'une hausse de 59% en 2022 et de seulement 18% en 2023. Des performances en demi-teinte qui ont sans doute refroidi les ardeurs des investisseurs potentiels.
Nous avons décidé que le moment n'était pas opportun pour Turo de s'introduire en bourse.
André Haddad, CEO de Turo
Un constat partagé par André Haddad, le charismatique patron de Turo, qui justifie ce choix stratégique par la volonté de se concentrer sur des "investissements importants" pour "créer de la valeur sur le long terme". Une manière habile de masquer les difficultés rencontrées par la licorne, qui peine à retrouver son rythme de croissance d'avant-crise.
Getaround jette l'éponge, Turo vacille
Cette annulation intervient également au lendemain de la fermeture des activités américaines de Getaround, principal concurrent de Turo sur le marché de l'autopartage entre particuliers. Un nouveau coup dur pour le secteur, déjà fragilisé par la pandémie et la crise économique. Car si Getaround avait réussi son pari de l'introduction en bourse en 2022 via une fusion SPAC, l'entreprise n'a pas su tenir ses promesses de croissance et de rentabilité.
Un scénario que Turo cherche sans doute à éviter en restant à l'écart des marchés financiers pour le moment. Malgré des fondamentaux solides avec 150 000 hôtes actifs, 350 000 annonces de véhicules et 3,5 millions d'utilisateurs fin 2024, la licorne doit encore prouver la viabilité de son modèle économique et sa capacité à générer des profits durables. Un défi de taille dans un contexte incertain, où la confiance des investisseurs n'est plus acquise d'avance.
Cap sur l'international pour rebondir
Pour autant, Turo n'entend pas baisser les bras et compte bien poursuivre son expansion, notamment à l'international. Présente aux États-Unis, au Canada, en Australie, en France et au Royaume-Uni, la plateforme mise sur ces nouveaux marchés pour doper sa croissance et asseoir son leadership mondial. Un pari audacieux qui nécessitera des investissements conséquents et une exécution sans faille pour convaincre locataires et propriétaires du bien-fondé de son modèle.
L'annulation de l'IPO de Turo constitue indéniablement un coup d'arrêt pour la startup, qui devra redoubler d'efforts pour regagner la confiance des investisseurs et prouver la solidité de son business. Mais au-delà de ce revers ponctuel, c'est tout le secteur de l'autopartage qui se trouve confronté à un moment charnière de son développement. Entre défis réglementaires, concurrence accrue et changements d'habitude des consommateurs, les acteurs de la mobilité partagée n'ont pas fini de faire parler d'eux. Et Turo compte bien rester aux avant-postes de cette révolution, avec ou sans cotation boursière.