
Google Autorise le Fingerprinting : La Fin de la Vie Privée ?
Doit-on dire adieu à notre anonymat en ligne ? C'est la question que beaucoup se posent depuis que Google a autorisé les annonceurs à utiliser le fingerprinting, une technique controversée de traçage des internautes. Un revirement inattendu de la part du géant du web, qui s'était pourtant positionné contre cette pratique par le passé.
Qu'est-ce que le fingerprinting et pourquoi Google l'autorise maintenant ?
Le fingerprinting, ou "prise d'empreinte numérique", est une technique qui vise à identifier de façon unique un utilisateur sur le web en se basant sur les caractéristiques techniques de son appareil : taille d'écran, système d'exploitation, adresse IP, fuseau horaire... Autant d'informations collectées à l'insu de l'internaute pour dresser son profil.
Contrairement aux cookies, le fingerprinting est indétectable et ne peut pas être bloqué par l'utilisateur. Un véritable cauchemar pour les défenseurs de la vie privée, comme l'a souligné Lena Cohen de l'Electronic Frontier Foundation :
En autorisant explicitement une technique de suivi qu'elle décrivait auparavant comme incompatible avec le contrôle des utilisateurs, Google met en évidence sa priorité continue des profits sur la vie privée.
Et pourtant, Google permet désormais aux annonceurs d'avoir recours au fingerprinting. Une décision justifiée par un "règlement moins normatif" mais avec un semblant de transparence envers les utilisateurs. Sauf que dans les faits, impossible pour un internaute lambda de savoir s'il est tracé ou non...
Les implications du fingerprinting
Au-delà des navigateurs web classiques, le fingerprinting pourra être utilisé sur de multiples appareils connectés comme les consoles de jeux, les smartwatchs, les enceintes et TV intelligentes. De quoi collecter toujours plus de données sur nos vies.
Les conséquences potentielles sont nombreuses et inquiétantes :
- Ciblage publicitaire intrusif
- Profilage et surveillance des individus
- Manipulation du comportement en ligne
- Atteintes à la vie privée et à l'anonymat
Face à ces risques, les régulateurs comme l'ICO au Royaume-Uni ou la CNIL en France alertent sur le caractère "irresponsable" et non éthique du fingerprinting. Mais sans réelle capacité de contrôle et de sanction, difficile d'endiguer le phénomène.
Faut-il renoncer à son anonymat ?
Si le fingerprinting semble parti pour durer, il ne faut pas pour autant baisser les bras. Certains navigateurs comme Brave ou Firefox proposent des fonctionnalités anti-fingerprinting pour limiter le traçage.
Surtout, il est crucial de sensibiliser le grand public aux enjeux liés à la vie privée en ligne. Exiger plus de transparence, faire pression sur les acteurs du numérique et les législateurs, utiliser des outils protecteurs... À chacun d'être vigilant pour mieux maîtriser ses traces numériques et éviter le profilage abusif.
Car comme le rappelait Edward Snowden : "Renoncer à votre vie privée sous prétexte que vous n'avez rien à cacher, c'est comme renoncer à votre liberté d'expression sous prétexte que vous n'avez rien à dire". Un combat de tous les jours à l'ère du fingerprinting et de la surveillance numérique.