Spore.Bio : 23M€ pour Révolutionner les Tests Microbiologiques
Et si une simple goutte d’eau ou une pincée de poudre pouvait révéler en quelques minutes la présence de bactéries dangereuses ? Dans un monde où les rappels de produits alimentaires pour contamination font trembler les entreprises et où les thérapies innovantes exigent des réponses rapides, une startup parisienne, Spore.Bio, vient bousculer les codes. Avec une levée de fonds impressionnante de 23 millions d’euros annoncée en février 2025, cette jeune pousse ambitionne de transformer les tests microbiologiques grâce à l’intelligence artificielle. Finis les délais interminables et les laboratoires hors site : l’avenir de la sécurité sanitaire pourrait bien tenir dans une machine compacte et ultra-rapide.
Une Technologie Qui Change la Donne
Imaginez une usine agroalimentaire en plein rush de production. Chaque minute compte, chaque étape est millimétrée. Pourtant, un test classique pour détecter des bactéries peut immobiliser tout le processus pendant cinq jours. Pour les industries pharmaceutiques ou cosmétiques, ce délai grimpe parfois à deux semaines. Spore.Bio propose une alternative radicale : un système basé sur l’analyse spectrale et le *machine learning*, capable de donner un verdict en un temps record.
Comment Fonctionne Cette Innovation ?
Le principe est aussi simple qu’ingénieux. Une lumière à des longueurs d’onde précises est projetée sur un échantillon – un yaourt, un sérum cosmétique ou une solution pharmaceutique. La signature spectrale obtenue est ensuite analysée par un algorithme de *deep learning*, pré-entraîné sur une vaste base de données. Résultat ? En quelques minutes, on sait si des pathogènes sont présents, sans attendre que les bactéries se développent sur une boîte de Petri.
« En 2022, tout est optimisé au minuteur près, et pourtant, on se heurte à un test de 5 à 14 jours. C’est un non-sens ! »
– Amine Raji, co-fondateur et CEO de Spore.Bio
Cette rapidité n’est pas un simple gadget. Elle répond à un besoin criant dans des secteurs où le temps est un luxe. Pour concevoir cet algorithme, Spore.Bio s’est associée à l’**Institut Pasteur**, un acteur majeur qui lui ouvre l’accès à une banque exceptionnelle d’échantillons bactériens. Une collaboration qui donne à la startup une longueur d’avance.
Un Marché Plus Large Que Prévu
À l’origine, Spore.Bio visait l’industrie agroalimentaire, un secteur que son CEO, Amine Raji, connaît bien pour avoir travaillé chez Nestlé. Les rappels de produits – pensons aux scandales de contamination au *Listeria* ou à *E. coli* – coûtent des fortunes et ternissent durablement les marques. Mais l’ambition de la startup ne s’arrête pas là. Très vite, d’autres industries ont manifesté leur intérêt.
Dans le domaine des cosmétiques, par exemple, les consommateurs exigent des produits sans conservateurs, plus naturels et respectueux de l’environnement. Problème : sans conservateurs, les risques de prolifération bactérienne explosent. Les fabricants ont donc besoin de **tests rapides** pour garantir la sécurité sans ralentir la production. Même constat dans la pharmaceutique, où les thérapies avancées, comme les traitements géniques, ont une durée de vie ultra-courte, parfois sept jours seulement.
Une Levée de Fonds Stratégique
Ce n’est pas un hasard si Spore.Bio a bouclé une levée de 23 millions d’euros à peine un an après un tour de pré-amorçage de 8 millions. Mené par Singular, ce *Series A* a attiré des investisseurs prestigieux : Point 72 Ventures, 1st Kind Ventures (lié à la famille Peugeot), Station F, ou encore Lord David Prior. Les investisseurs historiques, comme LocalGlobe, n’ont pas hésité à remettre au pot.
Pourquoi un tel engouement ? La startup a déjà signé des contrats avec des clients couvrant jusqu’à 200 usines et doit même gérer une liste d’attente. Cet argent frais va permettre de produire des machines directement utilisables sur site et de renforcer une équipe qui passera de 30 à 50 personnes d’ici fin 2025.
Les Avantages Concrets pour les Entreprises
Le système de Spore.Bio ne se contente pas d’être rapide. Il élimine aussi le besoin d’envoyer des échantillons à des laboratoires externes, un processus coûteux et risqué – imaginez une contamination accidentelle en cours de route ! Voici quelques bénéfices clés :
- Résultats en minutes au lieu de jours, optimisant les chaînes de production.
- Tests réalisables sur place, réduisant les coûts logistiques.
- Adaptabilité à plusieurs industries, de l’alimentaire à la pharma.
Cette flexibilité est un atout majeur. Une usine de yaourts peut vérifier ses lots en temps réel, tandis qu’un laboratoire de thérapie cellulaire gagne des jours précieux pour sauver des vies.
Les Défis à Relever
Tout n’est pas rose pour autant. Développer une machine compacte, fiable et accessible demande des prouesses d’ingénierie. L’algorithme, aussi puissant soit-il, doit continuer à apprendre pour identifier de nouvelles souches bactériennes. Et puis, il y a la concurrence : d’autres entreprises pourraient chercher à répliquer cette idée.
Mais Spore.Bio a une carte dans sa manche : son partenariat avec l’Institut Pasteur et l’expérience terrain de son équipe. Amine Raji, avec son passé chez Nestlé, sait parler aux industriels et anticiper leurs besoins.
Un Impact au-delà de la Technologie
En accélérant les tests, Spore.Bio ne se contente pas d’améliorer les process industriels. Elle pourrait aussi réduire les déchets – moins de lots rejetés après des jours d’attente – et répondre aux exigences environnementales en limitant l’usage de conservateurs chimiques. Dans un monde où la sécurité sanitaire et la durabilité sont des priorités, cette innovation tombe à pic.
Et si demain, chaque usine, chaque laboratoire avait sa propre station d’analyse Spore.Bio ? L’idée semble futuriste, mais avec 23 millions d’euros en poche et une demande qui explose, ce rêve pourrait devenir réalité plus vite qu’on ne le pense.