Reach Vend sa Majorité à Primus Capital : Une Nouvelle Ère

Saviez-vous que vendre à l’international peut transformer une entreprise, mais aussi la confronter à un casse-tête logistique et fiscal ? C’est dans ce contexte que Reach, une startup FinTech basée à Calgary, a décidé de franchir une étape décisive. En cédant une majorité de ses parts à Primus Capital, un fonds d’investissement américain, cette jeune pousse ne se contente pas de sécuriser des fonds : elle s’offre une rampe de lancement pour conquérir le globe. Une manoeuvre audacieuse qui illustre parfaitement les ambitions d’une nouvelle génération d’entrepreneurs canadiens.

Reach et Primus Capital : Un Partenariat Stratégique

L’annonce de cette acquisition majoritaire, finalisée le 19 février 2025, marque un tournant pour Reach. Fondée en 2019 par Sam Ranieri, la startup s’est taillé une place dans l’univers du commerce en ligne en simplifiant les ventes transfrontalières pour les entreprises de taille moyenne et les grandes structures. Mais pourquoi Primus Capital ? Ce fonds privé, basé dans l’Ohio, est connu pour injecter entre 15 et 70 millions de dollars dans des entreprises technologiques prometteuses. Avec Reach, il mise sur une équipe solide et une vision claire.

« Le bon partenaire était essentiel pour passer au niveau supérieur. »

– Sam Ranieri, PDG de Reach

Sam Ranieri, qui conserve une participation dans l’entreprise, reste aux commandes avec ses 122 collaborateurs. L’opération, qualifiée de « recapitalisation majoritaire », a permis de racheter les autres investisseurs et d’effacer la dette restante. Primus Capital, de son côté, s’impliquera au niveau stratégique, via le conseil d’administration, sans bouleverser l’ADN de Reach.

Une Solution Innovante pour le Commerce Mondial

Reach se présente comme un « marchand de référence » (*merchant of record*), un concept qui peut sembler technique, mais qui change la donne pour ses clients. Concrètement, la startup prend en charge les paiements internationaux, la prévention des fraudes, la conformité fiscale et même l’adaptation de l’expérience client selon les régions. Imaginez une boutique en ligne qui vend des vêtements depuis le Canada : grâce à Reach, elle peut proposer ses produits en Australie sans se soucier des taxes locales ou des blocages à la douane.

Ce qui distingue Reach, c’est son approche intégrée. Plutôt que de proposer une solution externe lourde, elle s’intègre directement aux plateformes existantes des commerçants. Une stratégie qui a séduit aussi bien les acteurs de l’e-commerce que les entreprises SaaS (logiciels en tant que service), un secteur que Reach a investi après avoir diversifié son portefeuille.

De Calgary au Monde : Une Croissance Impressionnante

Née d’une spin-off de Calforex, une entreprise spécialisée dans le change, Reach a su capitaliser sur ses racines pour s’imposer rapidement. En 2022, elle avait levé 30 millions de dollars canadiens, un mélange de capitaux propres et de dettes, auprès d’investisseurs comme Vistara Growth ou Rising Tide. Malgré un licenciement de 12 % de son effectif la même année, dû à un ralentissement du secteur retail, la startup a rebondi avec brio.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au dernier trimestre 2024, Reach a vu son volume brut de marchandises (GMV) bondir de **95 %** par rapport à l’année précédente. Sans dévoiler les montants exacts, Sam Ranieri évoque une entreprise devenue « très autonome » financièrement, prête à saisir de nouvelles opportunités avec Primus.

Naviguer dans la Tempête des Tarifs Douaniers

À l’heure où les menaces de tariffs américains planent, Reach se positionne comme un allié précieux. Si sa plateforme ne supprime pas ces taxes, elle aide les commerçants à anticiper leurs coûts. « Personne ne veut une facture surprise à la livraison ou un colis bloqué à la frontière », souligne Ranieri. En offrant une transparence totale au moment de l’achat, Reach réduit les risques de retours et de litiges, un atout majeur dans un climat commercial incertain.

« Le prix va augmenter, mais mieux vaut le savoir avant d’acheter. »

– Sam Ranieri, PDG de Reach

Actuellement tournée vers les commerçants américains qui vendent à l’étranger, Reach est moins exposée aux tarifs entrants aux États-Unis. Mais si des mesures de rétorsion émergent, elle saura accompagner ses clients dans cette complexité croissante.

Les Ambitions de Reach avec Primus

Avec ce nouvel investissement, Reach voit grand. La startup prévoit d’étoffer ses équipes, d’accélérer le développement de ses produits et de renforcer ses services autour des paiements, de la fiscalité et de la lutte contre la fraude. Elle compte aussi élargir sa présence géographique : après le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, le Japon et les Émirats arabes unis sont dans son viseur.

• Scaling des opérations pour répondre à une demande croissante.
• Couverture internationale élargie avec de nouveaux marchés stratégiques.
• Amélioration des outils existants pour une expérience client optimale.

Pour Primus, ce partenariat est une aubaine. Ron Hess, directeur général du fonds, loue « l’approche innovante » de Reach pour résoudre les défis de l’expansion mondiale. Une confiance qui pourrait propulser la startup vers des sommets encore inexplorés.

Un Modèle pour les Startups Canadiennes ?

Reach n’est pas une exception dans l’écosystème tech canadien, mais elle incarne une tendance : celle des entreprises qui osent voir au-delà des frontières. À Calgary, souvent éclipsée par Toronto ou Vancouver, elle prouve que l’innovation peut prospérer partout. Son succès repose sur une exécution rigoureuse et une capacité à pivoter, comme lorsqu’elle a élargi son offre aux SaaS après une première vague centrée sur l’e-commerce.

Dans un marché FinTech encore difficile, où les levées de fonds se font rares, Reach a su tirer son épingle du jeu. « Nous avions plusieurs offres », confie Ranieri, avant de choisir Primus pour son expertise et sa vision alignée. Une leçon pour les entrepreneurs : le choix du partenaire compte autant que le montant investi.

Vers un Avenir Sans Frontières

Alors que le commerce mondial évolue, entre tensions géopolitiques et digitalisation accélérée, Reach se positionne comme un pionnier. Sa mission ? Rendre les ventes internationales aussi simples qu’une transaction locale. Avec Primus Capital à ses côtés, la startup a désormais les moyens de ses ambitions, et pourrait bien redéfinir les règles du jeu pour les entreprises qui rêvent de global.

Pour les observateurs, cette opération est plus qu’une simple acquisition : c’est un signal. Les startups canadiennes, portées par des talents locaux et des partenaires étrangers, ont une carte à jouer sur la scène mondiale. Reach en est la preuve vivante, et son histoire ne fait que commencer.