Stalkerware : Cocospy et Spyic Mettent des Millions en Danger
Imaginez un instant que chaque message que vous envoyez, chaque photo que vous prenez, chaque appel que vous passez soit surveillé à votre insu. Ce cauchemar est une réalité pour des millions de personnes à cause d’applications comme Cocospy et Spyic, des logiciels espions qui se cachent dans l’ombre de nos appareils. Une récente découverte a révélé une faille majeure dans ces stalkerwares, exposant les données personnelles de leurs victimes à quiconque sait où regarder. Plongeons dans cet univers trouble où la technologie devient une arme à double tranchant.
Quand la Surveillance Devient une Menace Mondiale
Les stalkerwares, ou logiciels de surveillance clandestine, promettent de tout savoir sur une personne sans qu’elle ne s’en doute. Cocospy et Spyic, deux noms qui résonnent dans ce secteur opaque, ont bâti leur réputation sur cette promesse. Mais aujourd’hui, ces outils initialement vendus pour des usages comme le contrôle parental ou la supervision des employés révèlent leur vrai visage : une menace pour la vie privée de millions d’individus à travers le monde.
Une Faille Qui Ouvre la Boîte de Pandore
Un chercheur en sécurité a récemment mis au jour une vulnérabilité troublante dans ces deux applications. Cette faille permet à n’importe qui d’accéder aux données volées – messages, photos, historiques d’appels – des victimes dont les appareils sont infectés. Pire encore, les adresses e-mail des utilisateurs ayant installé ces apps sur les téléphones de leurs cibles sont également exposées, dévoilant ainsi l’identité des "espions" eux-mêmes.
En exploitant cette brèche, le chercheur a réussi à récolter pas moins de 1,81 million d’adresses e-mail pour Cocospy et 880 167 pour Spyic. Ces chiffres, impressionnants, ont été transmis à Troy Hunt, qui gère le service *Have I Been Pwned*. Après avoir éliminé les doublons, ce sont 2,65 millions d’adresses uniques qui ont été ajoutées à cette base de données, marquant ainsi un nouveau scandale dans l’histoire des stalkerwares.
« Ces applications sont des bombes à retardement pour la vie privée. Leur conception même repose sur la discrétion, mais cette faille les retourne contre leurs propres utilisateurs. »
– Zack Whittaker, rédacteur en sécurité chez TechCrunch
Cocospy et Spyic : Qui Se Cache Derrière Ces Géants de l’Ombre ?
Si ces applications partagent un code source quasi identique, leurs origines restent floues. Lancées respectivement en 2018 et 2019, elles se présentent sous des dehors anodins, mais leurs chiffres parlent d’eux-mêmes : Cocospy serait l’une des plus grandes opérations de stalkerware connues à ce jour. Pourtant, leurs créateurs se terrent dans l’anonymat, une pratique courante dans ce milieu où la discrétion est une question de survie.
Des indices pointent toutefois vers une connexion chinoise. Une analyse réseau a révélé que les serveurs renvoient parfois des messages d’erreur en chinois, et des recherches antérieures ont lié ces apps à une entreprise basée en Chine, *711.icu*, aujourd’hui disparue du web. Cette opacité soulève une question : qui profite vraiment de cette surveillance de masse ?
Comment Fonctionnent Ces Espions Silencieux ?
Leur mode opératoire est aussi simple qu’efficace. Sur Android, ces applications nécessitent un accès physique à l’appareil pour être installées, souvent en contournant les paramètres de sécurité. Une fois en place, elles se déguisent en une inoffensive *System Service*, se fondant parmi les applications natives pour passer inaperçues. Sur iPhone, elles exploitent les identifiants iCloud pour aspirer les données stockées dans le cloud d’Apple.
Les données collectées – photos, messages, positions GPS – sont ensuite envoyées vers des serveurs distants, protégés par des services comme Cloudflare, qui masquent leur localisation réelle. Une partie finit même sur des serveurs Amazon Web Services, un choix ironique pour des outils qui prônent la discrétion.
Les Victimes : Invisibles Mais Nombreuses
Le plus effrayant dans cette histoire, c’est le silence des victimes. La plupart des personnes surveillées par Cocospy ou Spyic ignorent totalement qu’elles sont espionnées. Ces apps, conçues pour rester indétectables, s’adressent à des "clients" variés : parents inquiets, employeurs curieux, ou conjoints jaloux. Mais leur usage illégal, notamment pour surveiller un partenaire sans consentement, est monnaie courante.
Depuis 2017, pas moins de 23 opérations de surveillance similaires ont été compromises par des failles ou des piratages, selon un décompte tenu par des experts. Chaque incident expose un peu plus la fragilité de ces systèmes et les risques qu’ils font peser sur des millions d’utilisateurs.
Que Faire Si Votre Téléphone Est Infecté ?
Bonne nouvelle : il est possible de détecter et de supprimer ces intrus. Sur Android, un code spécifique, ✱✱001✱✱, tapé dans l’application téléphone, peut révéler la présence de Cocospy ou Spyic en faisant apparaître leur interface cachée. Vous pouvez aussi vérifier vos applications installées via les paramètres, même celles qui tentent de se dissimuler.
Voici quelques étapes simples pour vous protéger :
- Activez Google Play Protect pour bloquer les apps malveillantes.
- Vérifiez les applications suspectes dans vos paramètres.
- Changez vos mots de passe iCloud et activez l’authentification à deux facteurs.
Pour les utilisateurs d’iPhone, sécuriser son compte Apple est essentiel. Un mot de passe long et unique, couplé à une double authentification, peut empêcher ces apps d’accéder à vos données via iCloud. Si vous suspectez une intrusion, un plan de sécurité est crucial, car désactiver le stalkerware peut alerter celui qui l’a installé.
Un Fléau Qui Évolue : L’Avenir du Stalkerware
Le scandale de Cocospy et Spyic n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ces outils, bien que bannis des boutiques d’applications officielles, continuent de proliférer sur le web sombre ou via des sites douteux. Leur popularité ne faiblit pas, portée par une demande croissante pour la surveillance discrète.
Mais la réponse ne peut pas se limiter à la technologie. Sensibiliser le public aux dangers de ces logiciels, renforcer les lois contre leur usage illégal, et encourager les victimes à demander de l’aide sont des étapes indispensables. Aux États-Unis, des ressources comme la *National Domestic Violence Hotline* (1-800-799-7233) offrent un soutien précieux à ceux qui en ont besoin.
En attendant, une question demeure : combien de temps encore tolérerons-nous que notre vie privée soit mise en vente au plus offrant ?
Ce dossier sur Cocospy et Spyic nous rappelle une vérité dérangeante : dans un monde ultra-connecté, la frontière entre protection et intrusion n’a jamais été aussi fine. La technologie, aussi innovante soit-elle, peut facilement devenir une menace quand elle tombe entre de mauvaises mains. À nous de rester vigilants pour ne pas en devenir les prochaines victimes.