En Bretagne, le Lin Ressuscite sur des Friches Industrielles

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En Bretagne le Lin Ressuscite sur des Friches Industrielles   Innovationsfr
février 23, 2025

En Bretagne, le Lin Ressuscite sur des Friches Industrielles

Saviez-vous qu’une fibre oubliée depuis des siècles pourrait redessiner l’avenir industriel d’une région ? En Bretagne, dans le Finistère, le lin, cette plante autrefois reine du textile local, revient en force. Mais pas n’importe où : sur d’anciennes friches industrielles, ces terrains laissés à l’abandon qui retrouvent aujourd’hui une seconde vie. Entre tradition, innovation et conscience écologique, cette renaissance intrigue et inspire.

Le Lin : Un Héritage Breton Réinventé

Jusqu’au XIXe siècle, le lin était une star en Bretagne. Dans le nord du Finistère, il faisait vivre des familles entières, tissant une économie prospère autour de ses fibres dorées. Puis, l’industrialisation et les textiles synthétiques l’ont relégué au rang de souvenir. Aujourd’hui, pourtant, il revient sous les projecteurs, porté par des entrepreneurs audacieux et une volonté de réindustrialiser intelligemment.

Pourquoi les friches industrielles ?

Le choix de ces lieux n’est pas anodin. En Finistère, les terrains disponibles se font rares, souvent morcelés et précieux pour l’agriculture. Installer une usine sur une friche, c’est éviter d’empiéter sur les champs tout en redonnant vie à des espaces délaissés. Ces bâtiments, parfois immenses, répondent aussi aux besoins spécifiques du lin : stockage imposant et machines volumineuses.

« Les friches, c’est une opportunité unique. On réutilise sans détruire, tout en lançant une activité durable. »

– Guillaume Letur, PDG de Teillage de Bretagne

À Commana, par exemple, l’ancien site de Sparex, un négociant de matériel agricole, sert de base à Teillage de Bretagne. Avec ses sept hectares, il offre un espace idéal pour bureaux, entrepôts et bientôt une usine flambant neuve. Coût de départ : 500 000 euros, suivi d’un investissement de 14 millions pour les travaux. Une équation gagnante.

Linfini : Une filature qui voit grand

À Pleyber-Christ, Xavier Denis et Tim Muller, les cerveaux derrière Linfini, ont jeté leur dévolu sur une friche de 17 000 m², autrefois dédiée au traitement du kaolin. Leur projet ? Une filature moderne capable de produire 900 tonnes de fil de lin par an d’ici 2028. Le bâtiment, datant des années 1960, est en bon état, mais nécessite un sérieux nettoyage – désamiantage inclus.

Avec 13 millions d’euros injectés, dont 800 000 euros du Fonds vert, Linfini ne se contente pas de recycler un lieu. L’ambition est de raviver une tradition textile tout en misant sur des méthodes durables. « Construire un tel bâtiment aujourd’hui serait hors de prix », confie Xavier Denis, soulignant l’avantage économique de cette réhabilitation.

Teillage de Bretagne : Un modèle d’adaptation

Non loin de là, Teillage de Bretagne s’installe à Commana avec un projet tout aussi ambitieux. Associé au teilleur normand Depestele et à l’investisseur AGH, Guillaume Letur a vu dans l’ancienne usine Sparex une aubaine. Les lieux, quasi déserts depuis quatre ans, n’ont pas eu besoin de grands bouleversements pour accueillir les premières activités : bureaux, stockage, ateliers.

Prochaine étape : une usine de production sur une parcelle adjacente. Avec un budget de 14 millions d’euros, ce projet illustre une réindustrialisation maligne, qui s’appuie sur l’existant pour limiter les coûts et l’impact environnemental. Un pari qui séduit les acteurs locaux.

Bretagne Lin et les ex-abattoirs Gad

À Lampaul-Guimiliau, c’est une autre histoire qui se tisse. Les anciens abattoirs Gad, fermés en 2013 après avoir laissé 800 personnes sans emploi, renaissent sous l’impulsion de Bretagne Lin. Porté par Dominique Le Nan, ce projet de teillage s’étend sur six hectares. Avant son arrivée, la région et la communauté de communes avaient déjà investi 1,6 million d’euros pour réhabiliter le site.

Des travaux supplémentaires sont prévus, comme l’indique une demande déposée en septembre 2024 auprès de la préfecture. Mais l’essentiel est là : un lieu marqué par un passé douloureux se transforme en symbole d’espoir et de renouveau. Une belle revanche sur l’histoire.

Un élan politique et local

Ce retour du lin ne serait pas possible sans un soutien politique fort. Sandrine Le Feur, députée du Finistère et agricultrice, a joué un rôle clé dès 2021. Son mantra ? Préserver les terres agricoles en misant sur les friches. Elle a accompagné ces initiatives, facilitant l’accès aux subventions et sensibilisant les acteurs publics.

« Je voulais qu’on investisse les friches, pas qu’on sacrifie nos champs. Le lin, c’est notre patrimoine. »

– Sandrine Le Feur, députée du Finistère

Région et communes suivent le mouvement, voyant dans ces projets une chance de revitaliser des zones en declin. Le passé industriel breton, souvent teinté de nostalgie, devient un tremplin pour l’avenir.

Les chiffres qui parlent

Ces initiatives ne sont pas de simples coups d’éclat. Elles s’appuient sur des investissements massifs et des objectifs concrets :

  • Teillage de Bretagne : 14 millions d’euros, 7 hectares réhabilités.
  • Linfini : 13 millions d’euros, 900 tonnes de fil par an d’ici 2028.
  • Bretagne Lin : 6 hectares, avec 1,6 million d’euros déjà investis par la région.

Derrière ces chiffres, une promesse : relancer une filière locale tout en répondant aux enjeux écologiques actuels. Le lin, naturellement durable, s’inscrit parfaitement dans cette logique.

Une fibre au cœur de l’économie circulaire

Le lin n’est pas qu’un retour en arrière romantique. C’est une réponse aux défis modernes. Biodégradable, nécessitant peu d’eau et d’intrants, il incarne l’**économie circulaire**. En réutilisant des friches, ces projets réduisent encore leur empreinte, évitant la construction de nouveaux bâtiments énergivores.

Les débouchés sont nombreux : textile haut de gamme, composites pour l’automobile ou l’aéronautique, voire matériaux de construction. Le lin breton pourrait bien devenir un étendard du *Made in France* revisité.

Les défis à relever

Tout n’est pas rose pour autant. Réhabiliter une friche, c’est affronter des bâtiments parfois vétustes, des infiltrations, ou encore de l’amiante. Chez Linfini, le curage du site est une étape incontournable avant le gros œuvre. À Bretagne Lin, les travaux supplémentaires pourraient faire grimper la facture.

Et puis, il y a la concurrence. Si la France est leader mondial du lin, avec 80 % de la production, la transformation reste souvent délocalisée. Ces projets bretons veulent inverser la tendance, mais devront prouver leur viabilité économique face aux géants asiatiques.

Un modèle reproductible ?

Ce qui se passe en Bretagne pourrait inspirer d’autres régions. Des friches industrielles, il y en a partout en France, souvent proches des bassins agricoles. Associer réhabilitation et filières locales semble une recette prometteuse. Mais tout repose sur un savant mélange : volonté politique, soutien financier et entrepreneurs visionnaires.

En attendant, le Finistère montre la voie. Le lin, discret mais résistant, pourrait bien devenir le symbole d’une industrie qui se réinvente sans oublier ses racines.

Et demain ?

D’ici quelques années, ces projets auront-ils tenu leurs promesses ? Linfini vise 2028 pour sa pleine capacité. Teillage de Bretagne et Bretagne Lin avancent aussi à grands pas. Si tout se passe bien, le Finistère pourrait redevenir une terre de lin, non pas par nostalgie, mais par ambition.

Cette renaissance dépasse le simple cadre économique. Elle raconte une histoire de résilience, d’adaptation et de respect du patrimoine. Une leçon à méditer pour un monde en quête de sens.

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