Les Défis d’Alexandre Quéméneur chez Siemens Mobility
Saviez-vous que chaque jour, des millions de personnes empruntent des métros automatisés sans même se douter des prouesses technologiques qui se cachent derrière ? En juin 2024, Alexandre Quéméneur a pris la tête de Siemens Mobility France avec une mission claire : transformer la mobilité ferroviaire en un modèle d’innovation et de durabilité. Dans un secteur où chaque kilomètre de rail compte, ce dirigeant discret, ancien d’Alstom, dévoile peu à peu une stratégie ambitieuse qui pourrait redéfinir les transports de demain. Plongeons dans les défis et les visions qui animent cet homme à la croisée des technologies et des enjeux écologiques.
Un Nouveau Souffle pour Siemens Mobility France
L’arrivée d’Alexandre Quéméneur marque un tournant pour la filiale française de Siemens Mobility. Avec une année 2024 exceptionnelle, marquée par la mise en service de 140 kilomètres de lignes automatisées – dont le prolongement de la ligne 14 à Paris et des projets à Riyad –, l’entreprise s’impose comme un acteur clé du ferroviaire mondial. Mais derrière ces succès, c’est une vision à long terme qui se dessine, portée par un homme décidé à conjuguer excellence technologique et réponse aux défis environnementaux.
De Matra à Siemens : Une Héritage d’Innovation
Siemens Mobility France n’est pas née de nulle part. Héritière des avancées de Matra, pionnier des métros automatiques, la filiale a su s’appuyer sur ce savoir-faire pour rayonner bien au-delà des frontières hexagonales. Aujourd’hui, ses systèmes équipent des métros à New York, au Moyen-Orient et dans d’autres métropoles mondiales. Alexandre Quéméneur, fort de son expérience chez Alstom, entend amplifier cette dynamique en misant sur trois axes stratégiques.
« 2024 a été une année record avec 140 kilomètres de lignes automatisées mises en service, un jalon pour notre développement. »
– Alexandre Quéméneur
Trois Piliers pour l’Avenir
Le président de Siemens Mobility France ne manque pas d’ambition. Sa feuille de route repose sur trois priorités claires, chacune répondant aux besoins d’un secteur en pleine mutation. Ces axes ne sont pas de simples mots : ils traduisent une volonté de poser des jalons concrets pour les années à venir.
**Leadership technologique** : Pour Quéméneur, rester à la pointe est non négociable. Cela passe par des investissements dans des domaines comme la *cybersécurité*, où la France bénéficie d’une avance grâce à sa législation militaire. Un atout qu’il compte bien exploiter pour sécuriser les réseaux ferroviaires de demain.
**Expansion des services** : Avec un marché des services déjà dominant, Siemens Mobility veut aller plus loin. Maintenance, optimisation, accompagnement des opérateurs : l’objectif est de devenir un partenaire incontournable pour ses clients, en France comme à l’international.
**Matériel roulant** : Ici, l’enjeu est de taille. Les locomotives *Vectron*, en cours d’homologation, symbolisent cette ambition. Mais Quéméneur voit plus grand : il imagine un écosystème complet avec des centres de maintenance dédiés, même si leur emplacement reste à préciser.
Les Défis de l’Homologation : Un Frein à Lever
L’un des obstacles majeurs du ferroviaire européen ? Les processus d’homologation. Alexandre Quéméneur ne mâche pas ses mots : « Une locomotive comme la Vectron a déjà parcouru un milliard de kilomètres, mais il faut encore quatre ans pour l’homologuer en France. » Comparant cela à l’aéronautique, où une certification unique suffit pour l’Europe, il appelle à une harmonisation pour accélérer la décarbonation des transports.
Ce défi n’est pas anodin. La *Vectron*, acquise par Alpha Trains, pourrait bientôt tracter des trains de nuit, un projet qui fait écho à la demande croissante de solutions durables. Avec un appel d’offres attendu pour 30 locomotives et 180 voitures, Siemens Mobility est en embuscade.
Trains à Batteries : La Révolution des TER
Et si les TER diesel appartenaient au passé ? C’est le pari de Quéméneur avec les trains *Mireo Plus* à batteries. Conçus pour des lignes non électrifiées de 70 à 100 kilomètres, ils offrent une alternative propre et immédiate. « Pour des distances plus longues, l’hydrogène est prometteur, mais les infrastructures ne suivront pas avant 5 à 10 ans », nuance-t-il.
- Autonomie : 70-100 km, idéale pour les régions.
- Écologie : Zéro émission sur les lignes non électrifiées.
- Concurrence : Une réponse à l’ouverture du marché TER.
Paris et l’Île-de-France : Un Moteur Économique
Difficile de parler ferroviaire en France sans évoquer l’Île-de-France. Pour Quéméneur, cette région est un pilier : « Sans ses commandes, la filière serait en difficulté. » La ligne 14, les projets sur les lignes 1, 4 et bientôt 13 témoignent de cette dépendance. Siemens Mobility mise gros sur l’automatisation de la ligne 13, un contrat décisif qui pourrait tomber d’ici quelques mois.
Mais au-delà de Paris, c’est une vision globale qui anime le dirigeant. Avec 11,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial et 800 employés en France (Châtillon, Toulouse, Lille), Siemens Mobility veut incarner la mobilité intelligente et durable à l’échelle planétaire.
Vers une Mobilité Plus Verte
La transition écologique est au cœur des préoccupations. Trains à batteries, locomotives écoénergétiques, automatisation : chaque projet vise à réduire l’empreinte carbone des transports. Pourtant, Quéméneur reste lucide : « Le ferroviaire doit encore surmonter des obstacles structurels pour devenir le fer de lance de la décarbonation. »
Cette ambition ne se limite pas à la technologie. Elle passe aussi par une collaboration accrue avec les acteurs publics et privés, une simplification des normes et une accélération des investissements. Le futur, selon lui, se fabrique dès aujourd’hui.
« La France a une longueur d’avance en cybersécurité grâce à sa législation. C’est un atout à exploiter. »
– Alexandre Quéméneur
En somme, sous la houlette d’Alexandre Quéméneur, Siemens Mobility France ne se contente pas de suivre les tendances : elle veut les façonner. Entre défis techniques, impératifs écologiques et opportunités de marché, l’entreprise s’engage dans une course où chaque innovation compte. Et vous, pensez-vous que le ferroviaire peut devenir le moteur de la mobilité durable ?