
Comment la BNS Révolutionne la Régulation Bancaire
Et si une crise bancaire pouvait redéfinir les règles du jeu ? En 2023, l’effondrement de Credit Suisse a secoué la Suisse, un pays réputé pour sa stabilité financière. Aujourd’hui, la Banque nationale suisse (BNS) se lance dans une mission ambitieuse : renforcer le cadre réglementaire des banques pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise. Entre exigences de fonds propres plus strictes et débats sur la compétitivité d’UBS, cette révolution silencieuse pourrait bien façonner l’avenir du secteur bancaire mondial.
Une réponse audacieuse à la crise de Credit Suisse
La chute de Credit Suisse n’a pas seulement été un coup dur pour ses actionnaires. Elle a révélé des failles profondes dans le système bancaire suisse, notamment en matière de **fonds propres** et de liquidités. La BNS, dans son rapport de gestion 2024, ne mâche pas ses mots : le cadre actuel présente des lacunes qu’il faut combler d’urgence.
Pourquoi la régulation doit changer
Quand une banque aussi emblématique que Credit Suisse vacille, les ondes de choc se propagent bien au-delà des Alpes. La BNS soutient les propositions du Conseil fédéral pour une raison simple : renforcer la **résilience** des institutions financières. Cela passe par des exigences plus strictes sur les ratios de fonds propres, un sujet qui fait débat, notamment pour UBS, désormais au centre de cette transformation.
Le rachat de Credit Suisse par UBS a stabilisé la situation, mais les défis restent immenses. La BNS note que les filiales étrangères d’UBS souffrent d’une couverture insuffisante en capital, un point faible hérité du régime précédent. Cette faiblesse pourrait compromettre la capacité de la banque à absorber des pertes en cas de nouvelle tempête financière.
La maison mère d’UBS affiche une capitalisation plus solide que Credit Suisse avant la crise, mais des lacunes persistent dans le régime des fonds propres.
– Rapport de gestion 2024, Banque nationale suisse
UBS sous pression : un géant aux pieds d’argile ?
UBS, désormais l’unique géant bancaire suisse, se retrouve dans une position délicate. D’un côté, la BNS salue ses efforts d’intégration de Credit Suisse, soulignant que les entités autrefois fragiles se sont stabilisées. De l’autre, elle met en garde : le potentiel de pertes reste **substantiel**, notamment à cause des coûts d’intégration et des positions risquées héritées.
Pourtant, UBS ne manque pas d’arguments. La banque affirme être déjà bien capitalisée par rapport à ses concurrents mondiaux. Imposer des milliards supplémentaires en fonds propres pourrait, selon elle, nuire à sa compétitivité et fragiliser la place financière suisse. Un dilemme qui illustre les tensions entre sécurité et performance.
Les enjeux des fonds propres : un débat crucial
Au cœur de cette réforme, les **ratios de fonds propres** cristallisent les discussions. La BNS insiste sur leur renforcement pour garantir une meilleure capacité d’assainissement en cas de crise. Mais à quel niveau fixer la barre ? Trop bas, et le risque persiste. Trop haut, et les banques suisses pourraient perdre leur attractivité sur la scène internationale.
La BNS apporte une nuance intéressante : UBS répond déjà aux exigences futures du cadre *too big to fail* (TBTF). Les marchés semblent d’accord, comme en témoignent l’évolution des *credit default swaps* (CDS) et la hausse du cours de l’action. Pourtant, la prudence reste de mise, car la transition vers une intégration complète s’étendra sur plusieurs années.
Une transition sous haute surveillance
Le rachat de Credit Suisse par UBS marque le début d’une ère nouvelle, mais pas sans turbulence. La BNS qualifie cette période de « phase de transition » qui demandera du temps et des ressources. Les pertes liées à la liquidation des actifs risqués de Credit Suisse pèsent encore sur les épaules d’UBS, limitant sa marge de manœuvre.
Malgré ces défis, des signaux positifs émergent. Les indicateurs de marché reflètent une confiance croissante dans le projet de fusion. La BNS elle-même se montre optimiste, estimant que la situation s’est stabilisée. Mais la question demeure : UBS peut-elle devenir un modèle de résilience ou risque-t-elle de plier sous le poids des attentes ?
Vers une finance suisse plus robuste
La BNS ne se contente pas de pointer du doigt les problèmes. Elle propose une vision : une réglementation qui protège sans étouffer. Parmi les pistes évoquées, on retrouve :
- Des exigences renforcées sur les liquidités pour éviter les crises de trésorerie.
- Une meilleure couverture des filiales étrangères pour limiter les risques transfrontaliers.
- Un cadre *too big to fail* plus strict pour les géants bancaires comme UBS.
Ces mesures visent à construire un secteur bancaire capable de résister aux chocs, tout en préservant la réputation de la Suisse comme place financière mondiale. Un équilibre délicat, mais essentiel.
Et après ? Les défis à long terme
Si la BNS parvient à ses fins, le paysage bancaire suisse pourrait sortir renforcé de cette crise. Mais les obstacles ne manquent pas. La concurrence mondiale, les coûts d’adaptation et les incertitudes économiques pèseront sur la mise en œuvre de ces réformes. UBS, en particulier, devra prouver qu’elle peut transformer cette contrainte en opportunité.
En attendant, une chose est sûre : la BNS a ouvert un chantier colossal. Ses décisions influenceront non seulement les banques suisses, mais aussi les régulateurs du monde entier. La finance de demain se fabrique peut-être aujourd’hui, entre Zurich et Berne.