
Critical Medicines Act : Une Révolution Pharma en Vue ?
Imaginez un monde où vos médicaments essentiels ne dépendent plus d’usines situées à des milliers de kilomètres, mais sont fabriqués près de chez vous, en Europe. C’est l’ambition du Critical Medicines Act, un projet dévoilé par la Commission européenne en mars 2025. Face aux pénuries récurrentes et aux tensions géopolitiques, ce texte pourrait changer la donne… ou rester une belle promesse. Plongeons dans cette initiative qui oscille entre espoirs et défis.
Le Critical Medicines Act : Une Réponse aux Crises
Depuis la pandémie de Covid-19, l’Europe a pris conscience de sa fragilité. Trop de principes actifs, ces ingrédients clés des médicaments, viennent d’Asie, notamment de Chine et d’Inde. Le Critical Medicines Act veut inverser cette tendance en renforçant la production locale.
Pourquoi ce texte fait parler
Présenté le 11 mars 2025 par Olivér Várhelyi, commissaire à la Santé, ce projet s’appuie sur une liste de **270 substances actives** jugées critiques. Infections, cancers, troubles mentaux : ces molécules couvrent des besoins vitaux. L’objectif ? Garantir leur disponibilité, même en temps de crise.
Mais ce n’est pas tout. Le texte propose des mesures concrètes : soutien aux producteurs de molécules matures, optimisation des achats publics, et réduction de la dépendance aux pays tiers. Une vision saluée par le Sicos, syndicat français de la chimie fine pharmaceutique.
« Ce projet reconnaît l’urgence de traiter les causes des pénuries et de réduire notre dépendance. »
– Porte-parole du Sicos
Les limites pointées du doigt
Pourtant, tout n’est pas rose. Si le Sicos applaudit l’intention, il déplore un manque de clarté. Où sont les objectifs chiffrés ? Les engagements précis ? Sans cela, difficile de passer du rêve à la réalité.
Vincent Touraille, président du Sicos, va plus loin. Pour lui, la chimie fine européenne est en danger, attaquée par la concurrence asiatique sur les produits matures et freinée dans l’innovation. Un retour en arrière de vingt ans, selon ses mots.
Des solutions concrètes proposées
Face à ce constat, le Sicos ne se contente pas de critiquer. Il avance des idées audacieuses pour rendre le Critical Medicines Act plus musclé. Voici ses suggestions phares :
- Garantir au moins un ou deux fabricants européens par molécule critique.
- Imposer 50 % de production européenne dans les marchés publics.
- Soutenir financièrement les projets de relocalisation.
Ces mesures pourraient redonner un souffle à l’industrie pharma européenne. Mais elles nécessitent des fonds et une volonté politique forte.
Un enjeu de compétitivité
La concurrence avec l’Asie ne se joue pas seulement sur les coûts. Les normes environnementales et sociales, plus strictes en Europe, pèsent sur les industriels. Le Sicos appelle à intégrer une **empreinte carbone** dans les critères d’achat et à exiger des rapports RSE des fournisseurs étrangers.
« L’Europe sera toujours plus chère que l’Asie, même en innovant », prévient Vincent Touraille. Sans rééquilibrage, les efforts risquent d’être vains.
Les start-ups dans la danse
Et si les jeunes pousses étaient la clé ? Dans cet écosystème en mutation, des start-ups comme Alga Biologics ou Superbranche se positionnent. La première mise sur les microalgues pour produire des biomédicaments, tandis que la seconde développe des nanomatériaux contre le cancer.
Le Critical Medicines Act pourrait leur offrir un tremplin, à condition de financer ces innovations. Car, comme le souligne Touraille, « les projets innovants se font rares ».
Un calendrier sous tension
Le texte doit être voté d’ici fin 2025. Un délai serré pour un sujet aussi complexe. Entre négociations au Parlement européen et pressions des industriels, chaque mois compte.
Pour le Sicos, l’heure n’est plus au diagnostic. Les solutions existent, reste à les mettre en œuvre. « Place aux actes ! », martèle Vincent Touraille.
Vers une souveraineté durable ?
Le Critical Medicines Act n’est pas qu’une réponse aux pénuries. C’est une chance de repenser la santé en Europe sur des bases durables. Mais sans moyens ni vision claire, il risque de rejoindre la liste des bonnes idées inachevées.
Alors, ce texte marquera-t-il un tournant ? Ou restera-t-il une ébauche ambitieuse ? L’avenir de notre pharmacie européenne se joue maintenant.
Cet article ne fait qu’effleurer la surface d’un sujet brûlant. La suite dépendra des décisions prises à Bruxelles… et de la mobilisation des acteurs comme le Sicos ou les start-ups innovantes.