
Comment Ontario Boost les Startups de la Mobilité
Imaginez-vous slalomer dans les rues encombrées de Toronto sur un scooter électrique, évitant les embouteillages avec une facilité déconcertante. Cette vision, Shoaib Ahmed l’a vécue à Washington en 2019, avant de se demander pourquoi une telle fluidité n’existait pas chez lui, en Ontario. De retour au Canada, il a lancé Scooty, une startup qui bouscule les codes de la mobilité dans une province pourtant réputée pour sa prudence face aux nouveautés.
Une révolution en marche dans la mobilité ontarienne
En Ontario, la congestion routière empire, la population croît, et les besoins logistiques explosent. Avec ses milliards investis dans les transports intelligents et les véhicules électriques, la province semble prête à accueillir l’innovation. Pourtant, les startups comme Scooty, Bitmetric ou Docoholic doivent jongler avec des obstacles bien réels : lenteur des approbations, méfiance culturelle et complexité administrative.
Les défis d’une adoption prudente
Quand Shoaib Ahmed a voulu implanter ses scooters électriques à Brampton, il a vite compris que l’enthousiasme ne suffisait pas. Les municipalités exigent des permis, des preuves d’intégration aux infrastructures existantes et une patience à toute épreuve. “On ne peut pas juste poser des scooters dans la rue et croiser les doigts”, explique-t-il avec un sourire résigné.
“La mobilité, c’est un droit humain, une nécessité absolue.”
– Shoaib Ahmed, Fondateur de Scooty
Ce constat, partagé par beaucoup d’entrepreneurs, met en lumière une réalité : l’Ontario, bien que riche en potentiel, avance à pas mesurés. Une étude de KPMG en 2024 révèle que **150 leaders technologiques canadiens** pointent du doigt cette culture frileuse comme un frein majeur à l’expansion des startups.
TBDC : le tremplin des pionniers
Face à ces barrières, le Toronto Business Development Centre (TBDC) joue un rôle clé. Cet incubateur, spécialisé dans l’accompagnement des entrepreneurs immigrants, a été une bouée de sauvetage pour Scooty. Grâce à TBDC, Ahmed a décroché des rencontres avec le ministre des Transports et sécurisé **1 million de dollars** en fonds non dilutifs.
Mais TBDC ne s’arrête pas là. Pour Arjun Khosla, patron de Bitmetric, une firme de logiciels logistiques, l’aide a été tout aussi précieuse. “Le marché canadien est conservateur”, confie-t-il. “Il faut des mois pour convaincre un client.” Avec les connexions et les conseils de TBDC, Bitmetric a posé ses valises en Ontario et conquis six clients américains.
Docoholic : l’IA au service de la logistique
Vedant Mankad, lui, mise sur l’intelligence artificielle avec Docoholic. Sa plateforme automatise les flux logistiques, un atout dans une province qui gère **62 millions de tonnes de marchandises** par an via ses 29 ports. Mais là encore, le chemin est semé d’embûches : “Au Canada, tout repose sur les relations. Ça prend du temps.”
Avec TBDC, Mankad a réduit son cycle de vente et bâti une base de 20 clients nord-américains. Son objectif ? Atteindre les 100 d’ici fin 2025. Cette progression illustre comment un soutien ciblé peut transformer une idée en succès tangible.
Une culture à réinventer
Pourquoi l’Ontario traîne-t-il des pieds ? La réponse tient en partie à son ADN. Contrairement aux États-Unis, où une démo peut sceller un contrat, ici, les entreprises veulent des garanties, des références locales, et du temps pour réfléchir. Cette prudence, si elle protège, freine aussi l’audace.
- Approbations municipales longues et complexes.
- Méfiance envers les technologies non testées localement.
- Cycles de vente pouvant s’étirer sur des mois.
Pourtant, des signaux positifs émergent. La législation récente visant à simplifier les processus réglementaires et les investissements massifs dans les infrastructures laissent entrevoir un avenir plus fluide.
Les entrepreneurs immigrants, moteur d’innovation
Ahmed, Khosla et Mankad ont un point commun : ils viennent d’ailleurs. Ces entrepreneurs immigrants apportent des perspectives neuves et une énergie rare. “La diversité est une force pour notre écosystème”, note Claudia Krywiak, PDG du Centre d’Innovation de l’Ontario. “Leur audace profite à tous.”
Le programme Startup Visa, couplé à l’expertise de TBDC, leur offre un pont vers le succès. En connectant ces talents à des réseaux locaux, l’Ontario mise sur une ressource précieuse pour dynamiser son secteur mobilité.
Passer à la vitesse supérieure
Pour Ahmed, l’aventure ne s’arrête pas au lancement de Scooty. Aujourd’hui mentor chez TBDC, il guide la prochaine génération d’innovateurs. “Chaque startup a ses propres défis”, dit-il. “On leur donne une boussole, mais ils doivent tracer leur chemin.”
Ses sessions de mentorat, parfois dans l’entrepôt de Scooty, sont un mélange de pragmatisme et d’inspiration. Il montre aux fondateurs comment naviguer les méandres administratifs et décrocher des financements, tout en partageant ses propres leçons.
Un écosystème en mutation
L’Ontario est à un tournant. Avec des tensions commerciales croissantes avec les États-Unis, la province doit compter sur ses propres forces. TBDC parie sur une stratégie claire : attirer et soutenir des talents mondiaux pour réinventer la mobilité.
Les startups, elles, n’ont pas le luxe d’attendre. Elles doivent tester, prouver, et convaincre dans un secteur où l’échec rapide n’est pas une option. C’est là que des structures comme TBDC font la différence, en offrant des outils, des contacts et une vision.
Vers un avenir mobile et durable
La mobilité ne se résume pas à des investissements publics ou à des lois. Elle vit dans les idées audacieuses des entrepreneurs prêts à défier le statu quo. Scooty, Bitmetric et Docoholic ne sont que le début d’une vague qui pourrait redessiner les rues et les chaînes d’approvisionnement de l’Ontario.
“Ici, ça avance différemment”, conclut Ahmed. “Mais ça avance.” Et si cette prudence, combinée à l’énergie des nouveaux arrivants, devenait le secret d’une révolution silencieuse ? L’Ontario a toutes les cartes en main pour surprendre.