
Renault et Nissan : Une Alliance en Mutation en 2025
Et si l’avenir de l’automobile reposait sur des alliances qui se réinventent sans cesse ? En 2025, Renault et Nissan, deux géants autrefois inséparables, redessinent les contours de leur collaboration historique. L’annonce récente d’un amendement à leur partenariat, signé il y a à peine deux ans, soulève des questions : s’éloignent-ils vraiment ou s’adaptent-ils simplement à un marché en pleine mutation ? Plongeons dans cette transformation fascinante où innovation, stratégie et pragmatisme se croisent.
Une Alliance sous Tension : Vers une Nouvelle Dynamique
Depuis des décennies, Renault et Nissan formaient un duo emblématique, unissant leurs forces pour conquérir le marché mondial. Mais en ce printemps 2025, les vents ont tourné. L’accord-cadre multifacette dévoilé le 31 mars montre une relation qui évolue : moins fusionnelle, plus pragmatique. Si les deux constructeurs maintiennent des projets communs, comme une Twingo électrique prévue pour 2026, leur interdépendance semble s’effriter. Pourquoi ce changement, et que signifie-t-il pour l’avenir de l’automobile ?
Un Partage Réduit des Capitaux
L’un des pivots de cette mue réside dans la réduction des participations croisées. Jusqu’ici, Renault et Nissan se maintenaient à 15 % dans le capital l’un de l’autre. Désormais, ce seuil passe à **10 %**, offrant une flexibilité nouvelle. Renault, qui détient encore 17,05 % de Nissan via une fiducie française, a déjà cédé des parts ces derniers mois. Duncan Minto, nouveau directeur financier de Renault, y voit une opportunité pour Nissan, en pleine restructuration, de monétiser jusqu’à 5 % des actions Renault si besoin.
Cette décision n’est pas anodine. Elle reflète une volonté de chacun de reprendre ses marques, tout en préservant une coopération minimale. Mais derrière les chiffres, c’est une philosophie qui change : l’époque des grands rêves partagés semble révolue.
Nissan et Ampere : Un Désengagement Surprenant
Autre coup de théâtre : Nissan se retire de l’aventure **Ampere**, la filiale électrique de Renault. En 2023, une prise de participation de 600 millions d’euros était sur la table, mais ce 31 mars, le constructeur japonais a fait marche arrière. Officiellement, il reste impliqué dans les projets validés, mais sans investir. Pour Renault, ce n’est pas un drame. Duncan Minto l’assure : « Ampere vise toujours la rentabilité en 2025, avec ou sans Nissan. »
« Cela n’a pas d’impact sur nos perspectives économiques. Ampere n’a pas besoin de liquidités supplémentaires. »
– Duncan Minto, directeur financier de Renault
Pourtant, ce choix repositionne Nissan comme un client plutôt qu’un partenaire stratégique. En Europe, cette tendance se confirme : la future Micra, dérivée de la Renault 5, sera produite à Douai, mais sous la coupe créative de Nissan. Une collaboration technique, oui, mais moins un destin partagé.
La Twingo 2026 : Symbole d’une Coopération Light
Amidst ces ajustements, un projet attire l’attention : la Renault Twingo électrique, prévue pour 2026, aura une jumelle chez Nissan. Conçue à 80 % avec des pièces communes, cette voiture sera pourtant « imaginée par Nissan », insiste le communiqué officiel. Fabriquée en Slovénie, elle incarne une alliance qui fonctionne encore, mais à minima. Luca de Meo, PDG de Renault, avait teasé cette idée dès octobre 2023. Aujourd’hui, elle se concrétise, prouvant que les deux marques savent encore s’entendre sur l’essentiel.
Cette Twingo électrifiée pourrait séduire les urbains en quête de mobilité durable. Mais elle soulève aussi une question : jusqu’où ira cette coopération au rabais ?
Révolution en Inde : Nissan Devient Client
En Inde, le virage est encore plus net. Renault rachète les 51 % de Nissan dans leur usine commune, Renault Nissan Automotive India Private Ltd (RNAIPL). Nissan, désormais simple acheteur, s’approvisionnera auprès de cette usine pour le marché local et l’export. Le centre de recherche RNTBCI, lui, reste partagé, mais cette bascule industrielle marque un tournant : Renault prend les rênes, Nissan suit.
Ce repositionnement illustre une tendance globale : les deux acteurs privilégient leurs intérêts propres. L’Inde, marché clé pour les véhicules abordables, devient un terrain où Renault affirme sa domination.
Pourquoi Cette Métamorphose ?
Plusieurs facteurs expliquent cette redéfinition. D’abord, la **transition énergétique** pousse chaque constructeur à affiner sa stratégie. Renault mise gros sur l’électrique avec Ampere, tandis que Nissan, en pleine restructuration sous un nouveau PDG, cherche à optimiser ses ressources. Ensuite, le marché automobile mondial, ultra-concurrentiel, exige de la flexibilité. Enfin, les tensions passées entre les deux groupes, notamment après l’affaire Ghosn, ont laissé des traces.
Pour autant, ils ne rompent pas totalement. Voici les piliers qui subsistent :
- Projets véhicules communs, comme la Twingo et la Micra.
- Une participation croisée minimale de 10 %.
- Une collaboration logistique en Inde et en Europe.
Quel Impact pour les Startups et la Mobilité ?
Cette évolution ne concerne pas que les deux mastodontes. Elle ouvre des opportunités pour les **startups** du secteur automobile. Avec Ampere désormais indépendante de Nissan, Renault pourrait chercher de nouveaux partenaires innovants pour accélérer ses ambitions électriques. Les jeunes pousses spécialisées dans les batteries, les logiciels embarqués ou les infrastructures de recharge ont une carte à jouer.
Dans les **smart cities**, la Twingo électrique et ses dérivés pourraient renforcer l’offre de mobilité durable. Mais sans une vision unifiée, Renault et Nissan risquent de perdre du terrain face à des concurrents comme Tesla ou les constructeurs chinois, plus agressifs sur ces segments.
Un Avenir Incertain mais Plein de Promesses
Alors, fin d’une ère ou renouveau discret ? L’Alliance Renault-Nissan, jadis symbole d’une fusion ambitieuse, se transforme en un partenariat plus distant, mais pas éteint. Les projets comme la Twingo 2026 ou la Micra montrent que la flamme n’est pas morte. Pourtant, chacun semble désormais tracer sa route, Renault vers l’électrique européen, Nissan vers une restructuration globale.
Pour les observateurs, une chose est sûre : dans un monde où la mobilité évolue à toute vitesse, cette flexibilité pourrait être une force. Reste à voir si elle portera ses fruits d’ici la fin de la décennie.