
Carbon : Une Usine Solaire Géante Prend Forme en France
Et si l’avenir de l’énergie en Europe se jouait dans une petite ville du sud de la France ? À Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, un projet titanesque prend forme. Carbon, une start-up ambitieuse, vient de décrocher un permis de construire pour une usine de panneaux solaires d’une capacité de **5 gigawatts**. Avec un investissement colossal de 1,5 milliard d’euros, cette initiative pourrait bien redessiner la carte de la souveraineté énergétique européenne. Mais derrière cette première victoire, le chemin reste semé d’embûches.
Un Projet Pharaonique pour l’Énergie Verte
Imaginez une usine s’étendant sur 290 000 m², capable de produire des modules photovoltaïques à une échelle jamais vue en Europe. C’est le pari de Carbon, qui veut faire de Fos-sur-Mer le cœur battant de la transition énergétique. Le permis de construire, signé le 1er avril 2025, marque une étape décisive. Pourtant, ce n’est que le début d’une aventure qui mêle innovation, défis techniques et enjeux économiques.
Une Course Contre la Montre Administrative
Obtenir un permis de construire en seulement 18 mois dans une région comme Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est un exploit. Les autorités locales, le Port de Marseille-Fos et même l’État s’accordent à dire que ce délai est exceptionnel. Les autorisations environnementales, validées dès février 2025, témoignent d’une mobilisation sans précédent pour ce projet qualifié de « d’intérêt national majeur ».
C’est la fin du premier chapitre. Nous allons bâtir la plus grande usine européenne de panneaux solaires.
– Pierre-Emmanuel Martin, cofondateur et président de Carbon
Mais ce n’est pas qu’une question de paperasse. Carbon doit maintenant transformer cette victoire administrative en réalité concrète, avec des travaux d’aménagement prévus pour fin 2025.
Un Calendrier Ambitieux
Le planning est serré. Les premiers coups de pioche sont attendus au dernier trimestre 2025, avec une construction qui devrait s’achever d’ici fin 2027. Nicolas Chandellier, directeur général de Carbon, détaille les prochaines étapes : neuf mois pour finaliser l’avant-projet définitif, suivis du lancement des appels d’offres. L’objectif ? Une usine opérationnelle en 2028, prête à alimenter l’Europe en énergie propre.
En parallèle, un centre d’innovation, le *Carbon Lab*, verra le jour à Istres. Sur 13,9 hectares, ce site réhabilité accueillera des formations et des machines dès 2027, préparant les équipes à la montée en puissance de la production.
Un Écosystème Local au Cœur du Projet
Carbon ne veut pas seulement construire une usine : l’entreprise mise sur un ancrage territorial fort. « Nous voulons que les entreprises locales participent au chantier », assure Nicolas Chandellier. Cette approche promet de dynamiser l’économie régionale, avec **3000 emplois directs** et jusqu’à 9000 emplois indirects dans la logistique, la maintenance ou encore la recherche.
Pour les habitants de Fos-sur-Mer et des environs, c’est une opportunité unique. Mais c’est aussi un défi : intégrer une telle infrastructure dans un tissu industriel déjà dense tout en respectant les exigences environnementales.
Financer un Géant : Une Équation Complexe
Avec un budget de 1,5 milliard d’euros, le financement est un puzzle à plusieurs pièces. Carbon a déjà levé 15 millions d’euros et prévoit une levée de fonds de 23 millions d’euros fin avril 2025, suivie de 50 millions supplémentaires au second semestre. L’État apporte aussi sa pierre à l’édifice avec 4 millions d’euros via le programme *French Tech Souveraineté France 2030*.
Mais l’innovation ne s’arrête pas là. Dès le 2 avril 2025, Carbon s’associe à Enerfip pour une campagne de financement participatif. Objectif : collecter entre 1 et 2,5 millions d’euros auprès du grand public, avec une mise de départ à 10 euros. Une manière d’impliquer les citoyens dans cette révolution énergétique.
Un Enjeu Européen de Taille
Pourquoi ce projet fait-il autant parler ? Parce qu’il ne s’agit pas seulement d’une usine. Carbon ambitionne de restaurer l’indépendance énergétique de l’Europe face à la domination des panneaux solaires chinois. « Il faudra huit usines comme celle-ci d’ici 2030 pour répondre à la demande », prévient Pierre-Emmanuel Martin. Un cadre réglementaire favorable sera crucial pour valoriser la production locale.
En chiffres, cela donne le vertige : 5GW de capacité, soit assez pour alimenter des millions de foyers. Mais la concurrence internationale reste féroce, et Carbon devra prouver que son modèle est viable à long terme.
Les Défis à Venir
Si le permis de construire est une victoire, d’autres obstacles se dressent. La construction elle-même sera un défi logistique, avec 45 hectares à aménager. Les questions environnementales, bien que validées, resteront sous surveillance. Et puis, il y a la rentabilité : dans un marché dominé par des acteurs low-cost, Carbon devra se démarquer par la qualité et l’innovation.
- Un calendrier serré avec des travaux dès fin 2025.
- Une levée de fonds ambitieuse pour boucler le budget.
- Une concurrence mondiale à affronter.
Chaque étape sera scrutée, tant par les investisseurs que par les citoyens qui ont misé sur ce projet via le financement participatif.
Une Vision pour Demain
Carbon ne se contente pas de produire des panneaux solaires. L’entreprise veut incarner une vision : celle d’une Europe plus verte, plus autonome, et d’une industrie qui redonne du pouvoir aux territoires. À Fos-sur-Mer, ce rêve prend forme, brique par brique, panneau par panneau. Reste à savoir si cette usine deviendra le symbole d’une révolution énergétique ou un pari audacieux aux résultats incertains.
Une chose est sûre : en 2028, lorsque les premières lignes de production tourneront à plein régime, Carbon aura marqué un tournant. Pour l’heure, les regards sont tournés vers cette start-up qui ose voir grand dans un monde en quête de solutions durables.