
Trois Start-ups Canadiennes dans la Course au Quantique
Saviez-vous que le futur de l’informatique pourrait se jouer dans des laboratoires canadiens ? Alors que la course mondiale à la suprématie quantique s’intensifie, trois entreprises innovantes du Canada – Xanadu, Nord Quantique et Photonic – viennent de décrocher une place dans un programme ambitieux soutenu par l’armée américaine. Leur mission : concevoir un ordinateur quantique opérationnel d’ici 2033. Une anecdote pour commencer : il y a quelques décennies, l’idée d’un tel appareil relevait de la science-fiction. Aujourd’hui, elle devient une réalité palpable, et le Canada est en première ligne.
Une Opportunité Historique pour le Canada
Le programme en question, baptisé Quantum Benchmarking Initiative (QBI), est orchestré par la DARPA, une agence du Département de la Défense des États-Unis connue pour ses avancées technologiques révolutionnaires. Ce n’est pas une mince affaire : la DARPA a déjà contribué à des innovations comme Internet ou les interfaces graphiques. Aujourd’hui, elle mise sur le quantique, et trois start-ups canadiennes se retrouvent sous les projecteurs aux côtés de géants comme IBM ou Hewlett Packard Enterprise.
Qui sont ces pionniers canadiens ?
Commençons par **Xanadu**, basée à Toronto. Cette entreprise se distingue par son approche du calcul quantique photonique, utilisant la lumière pour traiter l’information. Leur pari ? Résoudre le problème de l’évolutivité en connectant plusieurs ordinateurs quantiques en réseau. Une idée audacieuse qui pourrait changer la donne.
Ensuite, il y a **Photonic**, installée à Vancouver. Leur spécialité réside dans les qubits à base de silicium, une technologie qu’ils combinent avec des réseaux pour optimiser les performances. Leur ambition est claire : rendre le quantique accessible et performant.
Enfin, **Nord Quantique**, située à Sherbrooke au Québec, mise sur des qubits supraconducteurs. Leur atout maître ? Une correction d’erreurs intégrée directement au niveau des qubits, un défi majeur dans ce domaine. Comme le souligne leur PDG :
« Nous simplifions l’approche pour accélérer le développement d’un ordinateur quantique. »
– Julien Camirand Lemyre, PDG de Nord Quantique
Le Programme QBI : un défi en trois étapes
Le QBI se déroule en trois phases distinctes, chacune avec des enjeux colossaux. Dans la **Stage A**, les 18 entreprises sélectionnées – dont nos trois canadiennes – reçoivent 1 million de dollars USD pour esquisser un concept d’ordinateur quantique à grande échelle. Une étape de réflexion stratégique.
La **Stage B** monte la mise : jusqu’à 15 millions de dollars USD pour élaborer un plan de recherche et développement. Mais attention, les participants doivent apporter 20 millions de dollars USD de leur poche. Nord Quantique, par exemple, cherche activement des partenaires canadiens, qu’il s’agisse de fonds de capital-risque ou de soutiens gouvernementaux.
Enfin, la **Stage C** est le Graal : jusqu’à 300 millions de dollars USD pour valider un prototype fonctionnel. À ce stade, il s’agit de prouver que le rêve quantique est réalisable. Un défi titanesque, mais aussi une opportunité unique.
Pourquoi le quantique est-il si crucial ?
Les ordinateurs quantiques promettent de révolutionner des secteurs entiers : cryptographie, intelligence artificielle, médecine, énergie. Contrairement aux ordinateurs classiques, qui utilisent des bits (0 ou 1), les **qubits** peuvent exister dans plusieurs états simultanément grâce à la superposition et à l’intrication. Résultat ? Une puissance de calcul exponentielle.
Mais il y a un hic : les erreurs. Les qubits sont fragiles, sensibles aux interférences. C’est là que les approches de Xanadu, Photonic et Nord Quantique entrent en jeu, chacune avec une solution unique pour stabiliser cette technologie.
Un contexte géopolitique tendu
Cette collaboration avec la DARPA intervient dans un climat particulier. Les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis s’accentuent, tandis que les investissements dans les technologies de défense explosent. Le quantique, avec ses applications militaires potentielles, devient un enjeu stratégique.
Pourtant, les PDG des start-ups restent optimistes. Julien Camirand Lemyre, par exemple, voit ce programme comme un soutien à l’innovation canadienne, sans craindre – pour l’instant – une mainmise américaine sur leurs découvertes.
Propriété intellectuelle : un flou à clarifier
Un point reste en suspens : qui possédera les fruits de ces recherches ? Pour la **Stage A**, les entreprises conservent leurs droits. Mais pour les phases suivantes, la DARPA reste vague, promettant des accords négociés au cas par cas. Une zone grise qui pourrait influencer l’avenir de ces start-ups.
Les forces en présence : un aperçu
Pour mieux comprendre, voici un récapitulatif des approches :
- Xanadu : calcul photonique et réseaux pour l’évolutivité.
- Photonic : qubits en silicium et interconnexion.
- Nord Quantique : supraconducteurs avec correction d’erreurs.
Chaque méthode a ses avantages, mais aussi ses défis. Laquelle s’imposera ? L’avenir le dira.
Un horizon incertain mais prometteur
Les experts divergent sur le calendrier : certains parlent de 5 ans, d’autres de 20. Le QBI, avec son échéance fixée à 2033, veut trancher ce débat. Pour les start-ups canadiennes, c’est une chance de briller sur la scène mondiale, mais aussi un pari risqué dans un secteur volatile.
En attendant, une chose est sûre : le Canada s’affirme comme un acteur incontournable dans la révolution quantique. Reste à voir si ces trois pionniers transformeront l’essai.