
Un Pilote Révolutionne le Ferroviaire Français
Imaginez un pilote d’avion, habitué à naviguer dans les cieux, prenant les commandes d’une entreprise leader du transport ferroviaire. Cette transition audacieuse, c’est celle d’Alexandre Quéméneur, nouveau président de Siemens Mobility France. À 40 ans, cet ingénieur et aviateur professionnel apporte une vision unique au secteur, mêlant rigueur aéronautique et ambition pour une mobilité durable. Son parcours, marqué par des expériences chez Airbus Helicopters et Alstom, illustre une capacité rare à transcender les frontières industrielles pour façonner l’avenir des transports.
Un Parcours Hors du Commun
Alexandre Quéméneur n’est pas un dirigeant classique. Diplômé de l’ESTACA, de Cranfield University et titulaire d’un Executive MBA de l’IAE Paris, il a débuté sa carrière dans l’aéronautique chez Airbus Helicopters. De la production en France au développement commercial en Chine, en passant par la gestion de filiales au Kazakhstan, son expérience internationale forge une approche globale des défis industriels. Mais c’est sa passion pour l’aviation, concrétisée par une licence de pilote professionnel, qui le distingue.
En 2020, il rejoint Alstom, où il gravit rapidement les échelons pour devenir vice-président des services en France. Cette immersion dans le ferroviaire lui permet de comprendre les enjeux d’un secteur en pleine mutation. Lorsqu’il prend la tête de Siemens Mobility France en juin 2024, il apporte avec lui une conviction : les transports doivent être plus intelligents, plus durables et mieux adaptés aux besoins des territoires.
Son expérience opérationnelle et son leadership permettront d’accélérer le développement de Siemens Mobility sur un marché français en pleine expansion.
– Michael Peter, CEO de Siemens Mobility
Une Vision pour la Mobilité de Demain
À la tête de Siemens Mobility France, Alexandre Quéméneur ne se contente pas de gérer une entreprise : il veut redéfinir la place du ferroviaire dans la société. Le secteur, souvent perçu comme traditionnel, est à un tournant. Avec la pression croissante pour réduire les émissions de carbone, le train s’impose comme une alternative incontournable à la voiture et à l’avion. Mais pour séduire les voyageurs et les opérateurs, il faut innover.
Siemens Mobility, avec ses 850 collaborateurs en France et ses centres d’excellence à Châtillon et Toulouse, est bien placé pour relever ce défi. Sous la direction de Quéméneur, l’entreprise mise sur trois axes stratégiques :
- Leadership technologique : Investir dans des solutions comme la cybersécurité et l’automatisation pour des réseaux plus fiables.
- Développement des services : Renforcer l’offre de maintenance et d’accompagnement, premier marché du groupe.
- Homologation du matériel roulant : Finaliser l’intégration des locomotives Vectron sur le marché français, avec un centre de maintenance dédié.
Ces priorités reflètent une ambition claire : faire du ferroviaire un pilier de la transition écologique, tout en améliorant l’expérience des usagers.
Des Projets Concrets pour 2024 et Au-delà
L’année 2024 marque un jalon important pour Siemens Mobility France. Avec 140 kilomètres de lignes automatisées mises en service, dont le prolongement de la ligne 14 du métro parisien et des projets à Riyad, l’entreprise affiche une dynamique impressionnante. Ces réalisations ne sont pas seulement des succès techniques : elles incarnent une nouvelle façon de concevoir la mobilité urbaine.
Le prolongement de la ligne 14, par exemple, illustre l’expertise de Siemens dans les métros automatiques. Ce système, qui réduit les temps d’attente et augmente la capacité, est un modèle pour les villes cherchant à désengorger leurs réseaux. À Riyad, Siemens Mobility déploie des technologies similaires, prouvant que ses solutions sont exportables à l’échelle mondiale.
Un autre projet clé est l’homologation des locomotives Vectron. Ces machines, capables d’atteindre 200 km/h, sont conçues pour circuler sur des corridors européens, reliant la France à l’Allemagne, l’Italie ou encore la Belgique. Leur introduction sur le marché français pourrait transformer le fret et les trains de nuit, deux segments stratégiques pour la décarbonation.
La Vectron permettra de diversifier le parc de locomotives et d’ouvrir de nouveaux corridors en Europe, particulièrement sur l’axe nord-sud.
– Alexandre Quéméneur, Président de Siemens Mobility France
La Cybersécurité, un Enjeu Majeur
Dans un monde où les infrastructures critiques sont de plus en plus connectées, la cybersécurité devient une priorité. Alexandre Quéméneur en est conscient : les réseaux ferroviaires, avec leurs systèmes numériques complexes, sont vulnérables aux cyberattaques. Siemens Mobility France investit massivement dans ce domaine, s’appuyant notamment sur la Loi de programmation militaire française, qui donne au pays une avance significative.
Les solutions développées incluent des outils de maintenance prédictive basés sur l’intelligence artificielle, capables de détecter les anomalies avant qu’elles ne deviennent des problèmes. Ces technologies ne se contentent pas de protéger : elles optimisent aussi la performance des réseaux, réduisant les temps d’arrêt et les coûts d’exploitation.
Pour Quéméneur, la cybersécurité est plus qu’une contrainte technique : c’est un levier pour renforcer la confiance des opérateurs et des usagers. En sécurisant les infrastructures, Siemens Mobility peut garantir une mobilité fluide et sans interruption, essentielle pour concurrencer la voiture individuelle.
Un Regard d’Aviateur sur le Ferroviaire
Ce qui rend Alexandre Quéméneur unique, c’est sa capacité à appliquer les principes de l’aéronautique au ferroviaire. Dans l’aviation, la sécurité et la précision sont absolues. Quéméneur transpose cette rigueur à Siemens Mobility, notamment dans les processus d’homologation. Il déplore, par exemple, la lenteur des certifications ferroviaires en Europe, où chaque pays impose ses propres règles, contrairement à l’aéronautique, où un organisme unique valide pour tout le continent.
Cette perspective extérieure lui permet d’identifier des opportunités d’amélioration. Par exemple, il pousse pour une standardisation des normes ferroviaires européennes, ce qui accélérerait le déploiement de nouvelles technologies. Son expérience de pilote l’aide aussi à comprendre l’importance de l’expérience utilisateur : un train, comme un avion, doit être fiable, confortable et intuitif pour séduire les voyageurs.
Les Défis de la Décarbonation
Le ferroviaire est souvent présenté comme une solution miracle pour réduire les émissions de CO2. Pourtant, le secteur fait face à des défis majeurs. En France, si 53 % de l’énergie ferroviaire provient de l’électricité, 35 % repose encore sur le gazole. Alexandre Quéméneur veut accélérer la transition vers des trains zéro carbone, en s’appuyant sur des innovations comme l’hydrogène vert ou les batteries avancées.
Siemens Mobility explore également des solutions hybrides, comme la navette rail-route Flexy, qui combine la flexibilité de la route avec l’efficacité du rail. Ces projets, encore en phase d’expérimentation, pourraient révolutionner la desserte des zones rurales, où les lignes classiques sont souvent peu rentables.
Pour illustrer l’impact potentiel du ferroviaire, voici quelques chiffres clés :
- Un voyageur en TGV émet 50 fois moins de CO2 par kilomètre qu’en avion sur un vol moyen-courrier.
- Le fret ferroviaire produit 9 fois moins d’émissions que le transport routier.
- En 2024, Siemens Mobility a généré un chiffre d’affaires de 11,4 milliards d’euros, dont une part croissante en France.
Un Leader pour les Territoires
L’un des objectifs d’Alexandre Quéméneur est de rendre le ferroviaire plus inclusif. Trop souvent, les trains desservent principalement les grandes métropoles, laissant les zones rurales à l’écart. Siemens Mobility travaille sur des solutions comme les trains légers, inspirés des technologies automobiles, pour redynamiser les petites lignes. Le projet Draisy, par exemple, utilise des matériaux légers et une motorisation électrique pour réduire les coûts d’exploitation.
Ces innovations s’inscrivent dans une vision plus large : connecter les territoires pour réduire les fractures sociales. En facilitant l’accès au travail, à l’éducation ou aux services, le ferroviaire peut devenir un moteur de cohésion territoriale. Quéméneur collabore avec des acteurs comme la SNCF et les régions pour tester ces solutions sur des lignes pilotes, comme en Grand Est ou en Bourgogne-Franche-Comté.
Vers un Ferroviaire Européen
Si Alexandre Quéméneur se concentre sur la France, son ambition est résolument européenne. Le ferroviaire souffre d’un manque d’harmonisation entre les pays, ce qui freine l’innovation et augmente les coûts. Les locomotives Vectron, par exemple, sont conçues pour opérer sur plusieurs réseaux nationaux, mais leur homologation reste un parcours du combattant.
Quéméneur plaide pour un réseau ferroviaire intégré, où les trains pourraient circuler sans entraves d’un pays à l’autre. Cela renforcerait la compétitivité du rail face à l’avion, notamment pour les trajets transfrontaliers. Des projets comme le corridor nord-sud, reliant l’Allemagne à l’Italie via la France, sont des étapes concrètes vers cet objectif.
Un Avenir Prometteur
En moins d’un an à la tête de Siemens Mobility France, Alexandre Quéméneur a déjà marqué le secteur par sa vision audacieuse. Son parcours, de l’aéronautique au ferroviaire, lui confère une légitimité unique pour relever les défis de la mobilité moderne. En combinant innovation technologique, engagement écologique et attention aux territoires, il trace la voie d’un ferroviaire plus performant et accessible.
Mais les défis restent nombreux : homologations lentes, concurrence des autres modes de transport, et nécessité d’investissements massifs. Pourtant, avec des leaders comme Quéméneur, le ferroviaire a une carte à jouer pour devenir la colonne vertébrale des smart cities de demain. Alors que les appels d’offres pour des projets comme l’automatisation de la ligne 13 du métro parisien se profilent, Siemens Mobility est prêt à écrire un nouveau chapitre de son histoire.
Et si le futur du train passait par un regard de pilote ? Avec Alexandre Quéméneur aux commandes, cette idée ne semble plus si farfelue.