
Michelle Scarborough Quitte BDC Capital Après 8 Ans
Quand une figure clé d’un écosystème technologique quitte son poste, l’onde de choc se fait sentir bien au-delà des murs de l’organisation. C’est exactement ce qui se passe avec le départ de Michelle Scarborough de BDC Capital, après huit années passées à dynamiser les initiatives d’investissement axées sur les femmes entrepreneures. Cette nouvelle, annoncée récemment, soulève des questions cruciales : quel impact ce changement aura-t-il sur l’avenir des fonds dédiés aux femmes dans la tech au Canada ? Et comment l’écosystème des startups, déjà en quête d’équilibre, réagira-t-il à cette transition ?
Un Parcours Remarquable au Service des Femmes Entrepreneures
Michelle Scarborough a marqué de son empreinte le paysage du capital-risque canadien. Pendant huit ans, elle a dirigé des initiatives audacieuses chez BDC Capital, le bras armé de la Banque de Développement du Canada (BDC) dédié aux investissements dans les startups. Son départ, confirmé par un message émouvant sur LinkedIn, met fin à une période où elle a transformé la manière dont les femmes entrepreneures accèdent au financement. Mais qui est cette femme qui a su redéfinir les règles du jeu ?
Une Vision Pionnière pour l’Égalité dans la Tech
Arrivée chez BDC Capital en 2017, Scarborough a pris les rênes du Women in Technology (WIT) Venture Fund, un fonds de 200 millions de dollars destiné à combler le fossé de financement pour les startups dirigées par des femmes. Ce n’était pas une mince affaire : au Canada, les femmes ne reçoivent que 4 % des fonds de capital-risque, un chiffre qui reflète un déséquilibre criant dans l’industrie. Sous sa direction, le fonds WIT a investi 170 millions de dollars dans 39 entreprises dirigées par des femmes, avec des sorties notables comme Beanworks, Kira Talent, Unsplash et Nudge.
Son leadership et son mentorat laisseront une marque indélébile sur moi et sur la communauté.
– Marie Chevrier Schwartz, PDG de TechTO
Son travail ne s’est pas arrêté là. En 2022, elle a joué un rôle clé dans la création de la Plateforme Thrive, un ambitieux programme de 500 millions de dollars visant à soutenir les entrepreneures à travers trois piliers : un fonds de capital-risque de 300 millions, un fonds d’investissement indirect de 100 millions et un Thrive Lab de 100 millions dédié aux entreprises à impact social. Cette initiative a renforcé l’engagement de BDC Capital envers les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, tout en offrant un soutien concret aux femmes dans la tech.
Un Départ dans un Contexte de Changements
Le départ de Scarborough intervient à un moment de bouleversements pour BDC Capital. En juin 2024, Jérôme Nycz, ancien dirigeant de BDC Capital, a pris sa retraite après 22 ans au sein de l’organisation. Plus tôt cette année, des changements structurels ont également secoué l’organisation, avec la fermeture de son fonds de propriété intellectuelle et des réductions de personnel dans son Fonds Deep Tech. Ces mouvements soulignent les défis auxquels fait face l’investisseur le plus actif du Canada, qui a dû déprécier son portefeuille de capital-risque de 220 millions de dollars en 2024.
Dans ce contexte, le départ de Scarborough soulève des interrogations sur la direction future des initiatives axées sur les femmes. La transition, qualifiée de « fluide » par BDC, sera-t-elle réellement sans heurts ? La nomination de Sévrine Labelle en 2023 comme directrice du Thrive Lab pourrait offrir une certaine continuité, mais l’absence de détails sur le remplacement de Scarborough laisse planer des incertitudes.
L’Impact de Scarborough sur l’Écosystème Tech Canadien
Le travail de Scarborough a eu un impact profond sur l’écosystème technologique canadien, en particulier pour les femmes entrepreneures. En soutenant des startups comme Waabi (véhicules autonomes), Bridgit (technologie pour la construction) et SRTX (textiles innovants), elle a démontré que les entreprises dirigées par des femmes pouvaient non seulement prospérer, mais aussi redéfinir des industries entières. Son rôle de mentor, notamment lors d’événements comme la TechTO Founders’ Collective ou le BDC Women in Technology Bootcamp, a également inspiré une nouvelle génération de leaders.
Voici quelques-unes des réalisations marquantes de Scarborough :
- Investissement de 170 millions de dollars dans 39 startups via le fonds WIT.
- Lancement de la Plateforme Thrive, dotée de 500 millions de dollars.
- Soutien à des entreprises innovantes comme Waabi, Bridgit et SRTX.
- Engagement dans des événements communautaires pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin.
Son départ laisse un vide, mais aussi un héritage solide. Les fondations qu’elle a posées pourraient continuer à porter leurs fruits, à condition que BDC Capital maintienne son engagement envers l’égalité des genres dans le financement.
Les Défis de l’Égalité dans le Capital-Risque
Le départ de Scarborough met en lumière un problème persistant dans l’industrie du capital-risque : la sous-représentation des femmes. Non seulement les femmes entrepreneures reçoivent une fraction des fonds disponibles, mais les femmes investisseurs elles-mêmes font face à des taux de rétention plus faibles. En tant que Kauffman Fellow (promotion 2026), Scarborough incarnait un modèle de leadership féminin dans un secteur dominé par les hommes. Sa sortie pourrait ralentir les progrès vers une plus grande diversité, à moins que BDC Capital ne redouble d’efforts pour maintenir cet élan.
Pour mieux comprendre les enjeux, voici un aperçu des défis auxquels font face les femmes dans le capital-risque :
- Accès limité au financement : Seulement 4 % des fonds de capital-risque vont aux femmes entrepreneures.
- Sous-représentation : Les femmes occupent peu de postes décisionnels dans les fonds d’investissement.
- Rétention difficile : Les femmes quittent souvent le secteur en raison d’un manque de soutien ou d’opportunités.
Ces statistiques montrent l’importance des initiatives comme celles portées par Scarborough. Sans leaders visionnaires, le risque est grand que ces chiffres stagnent.
Quel Avenir pour les Fonds Thrive et WIT ?
Avec le départ de Scarborough, l’avenir des fonds Thrive et WIT est incertain. Ces initiatives ont prouvé leur valeur en soutenant des startups à fort potentiel, mais leur succès dépendra de la capacité de BDC Capital à maintenir une vision claire et à recruter des leaders capables de poursuivre cet héritage. La nomination de Sévrine Labelle au Thrive Lab est un pas dans la bonne direction, mais il faudra plus qu’une seule personne pour combler le vide laissé par Scarborough.
BDC Capital reste un acteur incontournable du paysage technologique canadien, avec des investissements directs et indirects qui soutiennent des centaines d’entreprises. Cependant, la récente dépréciation de son portefeuille et les restructurations internes suggèrent que l’organisation traverse une période de transition. Le défi sera de préserver l’élan impulsé par Scarborough tout en s’adaptant à un contexte économique complexe.
Un Héritage à Pérenniser
Le départ de Michelle Scarborough marque la fin d’une ère, mais aussi une opportunité pour BDC Capital de réaffirmer son engagement envers les femmes entrepreneures. Son travail a permis de mettre en lumière des entreprises innovantes et de promouvoir une plus grande diversité dans l’écosystème tech. Alors que l’organisation prépare la transition, les regards se tournent vers l’avenir : qui prendra la relève ? Et comment les fonds Thrive et WIT évolueront-ils dans un secteur en constante mutation ?
Mon temps chez BDC a été l’un des grands privilèges de ma carrière.
– Michelle Scarborough, ex-Managing Partner, BDC Capital
Pour l’instant, Scarborough reste une figure respectée, avec des engagements prévus comme le BDC Women in Technology Bootcamp à Startupfest à Montréal. Son influence continuera de se faire sentir, que ce soit à travers les startups qu’elle a soutenues ou les leaders qu’elle a inspirés. Mais une chose est sûre : son départ est un rappel que l’égalité dans la tech reste un combat de tous les jours.
En conclusion, l’héritage de Michelle Scarborough chez BDC Capital est un témoignage de ce qu’un leadership visionnaire peut accomplir. Alors que l’écosystème tech canadien continue d’évoluer, il est impératif que des initiatives comme Thrive et WIT perdurent pour soutenir la prochaine génération d’entrepreneures. Le défi pour BDC Capital sera de transformer cette transition en une opportunité pour renforcer son engagement envers la diversité et l’innovation.