Aérométal Révolutionne le Recyclage des Métaux en France

Imaginez un lieu où les déchets industriels deviennent des trésors, où une ancienne friche industrielle renaît pour servir l’avenir. À Virey-le-Grand, en Saône-et-Loire, une entreprise discrète mais visionnaire, Aérométal, redéfinit le recyclage des métaux stratégiques. En s’installant sur l’ancienne friche Kodak, cette PME illustre comment l’économie circulaire peut transformer des défis en opportunités, tout en répondant aux enjeux de souveraineté industrielle et de transition écologique. Plongeons dans cette aventure industrielle qui façonne le futur.

Aérométal : Une PME au Cœur de l’Innovation Écologique

Fondée en 1993 à Gergy, Aérométal s’est imposée comme un acteur clé du recyclage des métaux stratégiques en France. Spécialisée dans la valorisation de superalliages comme le titane, le nickel ou le cobalt, l’entreprise ne traite pas les métaux courants comme le fer ou l’aluminium, mais se concentre sur des matériaux essentiels aux industries de pointe. Son déménagement sur la friche Kodak à Virey-le-Grand marque une étape décisive dans son développement, portée par une vision audacieuse et un investissement de neuf millions d’euros.

« Nous avons convaincu les industriels que leurs déchets contiennent leurs salaires. »

– Clarisse Maillet, Directrice générale d’Aérométal

Cette phrase résume l’essence d’Aérométal : transformer ce qui était autrefois considéré comme un rebut en une ressource précieuse. En 2021, l’entreprise a permis d’économiser 17 230 tonnes de CO2 en recyclant 2 000 tonnes de métaux, un chiffre impressionnant qui montre l’impact environnemental de son activité.

De Gergy à SaôneOr : Une Nécessité d’Expansion

À Gergy, Aérométal opérait dans un espace de 4 300 mètres carrés, devenu trop exigu face à la croissance de ses activités. La crise sanitaire de 2020 a d’abord freiné l’entreprise, particulièrement dépendante du secteur aéronautique, qui représentait alors 50 % de son chiffre d’affaires. Mais grâce à une diversification vers le médical, le nucléaire et la pétrochimie, Aérométal a su rebondir. Lorsque l’aéronautique a repris en 2021, la PME s’est retrouvée à l’étroit, incapable de répondre à la demande croissante.

La solution ? S’installer sur la zone industrielle SaôneOr, sur l’ancienne friche Kodak. Ce site de 87 hectares, autrefois occupé par Kodak et Philips, a été repensé par la communauté d’agglomération du Grand Chalon pour accueillir des industries innovantes. Avec un accès direct à l’autoroute, un déploiement du très haut débit et des infrastructures modernes, SaôneOr offrait des conditions idéales pour Aérométal.

Le déménagement, finalisé en mars 2025, a permis à l’entreprise de doubler sa surface, passant à 9 500 mètres carrés. Ce nouvel espace, conçu en collaboration avec les 21 salariés, intègre des technologies avancées et des pratiques durables, renforçant l’engagement d’Aérométal pour une industrie plus verte.

Une Usine Éco-Conçue pour l’Avenir

La nouvelle usine d’Aérométal à Virey-le-Grand n’est pas seulement plus grande ; elle est aussi plus intelligente. Construite en bois et paille, elle intègre des récupérateurs d’eau de pluie et deux cuves de 25 000 litres pour alimenter la production. Des panneaux photovoltaïques couvrent le toit, visant à rendre l’usine énergétiquement autonome. Ces choix reflètent une volonté de réduire l’empreinte carbone, un enjeu crucial dans le contexte actuel.

Pour optimiser ses processus, Aérométal a investi dans une ligne de broyage capable de multiplier par quatre la productivité. La découpe des métaux, autrefois réalisée au plasma, utilise désormais un système à jet d’eau, moins polluant. Développé avec un partenaire français, cet équipement fonctionne avec de l’eau de pluie, renforçant l’engagement écologique de l’entreprise.

« Nous sommes passés à une découpe à jet d’eau, un peu plus lente, mais beaucoup moins polluante. »

– Clarisse Maillet, Directrice générale d’Aérométal

En 2025, l’usine ambitionne de traiter 6 000 tonnes de métaux par an, contre 3 500 tonnes précédemment. Cet objectif s’accompagne de la création de six nouveaux emplois, avec quatre autres prévus, portant l’effectif à près de 30 salariés.

La Friche Kodak : Symbole de Réindustrialisation

L’ancienne friche Kodak, abandonnée après la fermeture de l’usine en 2008, est devenue un symbole de réindustrialisation. Autrefois employant 2 200 personnes, ce site a été repensé pour accueillir des entreprises innovantes. Aérométal n’est pas seule : des sociétés comme Apco Technologies, spécialisée dans l’aéronautique et le nucléaire, ont également investi la zone SaôneOr.

Le Grand Chalon a investi près de 30 millions d’euros pour revitaliser ce site, avec des aménagements comme un demi-échangeur autoroutier et une station multicarburants. Ces efforts ont permis de créer un écosystème favorable aux entreprises, avec des installations clés en main et des démarches administratives simplifiées.

Pour Aérométal, ce choix était stratégique. La proximité de l’autoroute réduit les coûts logistiques, tandis que des vélos électriques mis à disposition des salariés limitent l’empreinte carbone. Cette approche illustre comment une friche industrielle peut devenir un moteur de l’économie circulaire.

Les Enjeux des Métaux Stratégiques

Dans un monde où les ressources s’épuisent, les métaux stratégiques comme le titane, le nickel ou le cobalt sont devenus des piliers de l’industrie. Utilisés dans l’aéronautique, le nucléaire ou le médical, ils sont rares et coûteux à extraire. ALuego, leur recyclage est une priorité pour assurer la souveraineté industrielle de la France.

Avec 3 000 fournisseurs à travers le pays, Aérométal récupère des rebuts de production, les analyse, les découpe et les revalorise pour les fonderies et aciéries. Ce processus réduit la dépendance aux importations et limite l’impact environnemental de l’extraction minière.

Voici les principaux métaux traités par Aérométal :

• Titane : essentiel pour l’aéronautique et le médical.
• Nickel : utilisé dans les superalliages pour l’industrie.
• Cobalt : crucial pour les batteries et les applications médicales.
• Tungstène : prisé pour sa résistance dans les outils industriels.

Cette activité répond à une demande croissante, portée par la transition énergétique et les besoins en électrification. Selon une étude de BHP, l’intelligence artificielle pourrait nécessiter 3,4 millions de tonnes de cuivre par an d’ici 2050, un défi qui met en lumière l’importance du recyclage.

Un Modèle pour l’Industrie Verte

Aérométal ne se contente pas de recycler ; elle incarne une vision d’industrie verte. En 2021, l’entreprise a émis 904 tonnes de CO2, principalement liées au fret et à la consommation d’énergie. Avec sa nouvelle usine, elle vise une réduction drastique de ses émissions grâce à des pratiques durables.

Les initiatives écologiques d’Aérométal incluent :

• Panneaux photovoltaïques pour une autonomie énergétique.
• Récupération d’eau de pluie pour la production.
• Construction en matériaux durables comme le bois et la paille.
• Replantation d’arbres pour compenser l’impact de la construction.

En replantant des arbres sur le site, Aérométal a économisé 15 ans de captage de CO2, un investissement de 50 000 euros qui illustre son engagement environnemental.

Un Impact Économique et Social

Le déménagement d’Aérométal sur la friche Kodak ne profite pas seulement à l’environnement ; il dynamise aussi l’économie locale. En créant une dizaine d’emplois, l’entreprise contribue à la vitalité de la région. De plus, la collaboration avec les salariés pour concevoir l’usine renforce leur engagement et leur sentiment d’appartenance.

Laurent, employé depuis dix ans, témoigne de l’amélioration des conditions de travail :

« On est mieux qu’à Gergy ! Tout change : la propreté, l’organisation du travail. »

– Laurent, employé d’Aérométal

Avec un chiffre d’affaires de 14,8 millions d’euros en 2024, Aérométal prouve qu’une PME peut allier performance économique et responsabilité écologique. Son modèle inspire d’autres entreprises à repenser leurs déchets comme des ressources.

Vers une Souveraineté Industrielle

Dans un contexte géopolitique tendu, où l’approvisionnement en métaux stratégiques est incertain, Aérométal joue un rôle clé. En valorisant les rebuts industriels français, l’entreprise réduit la dépendance aux importations et renforce la souveraineté industrielle. Comme le souligne Clarisse Maillet, « la France a les industries nécessaires pour renouer avec cette souveraineté ».

En augmentant son taux de valorisation des déchets industriels de 20 % à 80 % pour certaines entreprises, Aérométal montre la voie vers une industrie plus circulaire et durable.

Perspectives d’Avenir

L’avenir d’Aérométal s’annonce prometteur. Avec une capacité de production multipliée par cinq et des investissements dans des technologies durables, l’entreprise est bien positionnée pour répondre à la demande croissante en métaux stratégiques. Son modèle pourrait inspirer d’autres PME à investir dans l’économie circulaire, transformant les friches industrielles en hubs d’innovation.

En conclusion, Aérométal illustre comment une vision audacieuse et des pratiques durables peuvent redonner vie à un site industriel abandonné. En transformant la friche Kodak en un centre de recyclage de pointe, l’entreprise prouve que l’avenir de l’industrie passe par l’innovation et la responsabilité environnementale. Une chose est sûre : à Virey-le-Grand, demain se fabrique aujourd’hui.