Les Bontaz : Saga Familiale de l’Industrie

Dans une vallée nichée au cœur des Alpes, où la rivière Arve serpente entre les montagnes, deux frères jumeaux ont écrit une page d’histoire industrielle. Leur nom ? Bontaz. Yves et Florent, formés à l’école d’horlogerie de Cluses, ont chacun tracé leur chemin pour bâtir des entreprises qui rayonnent aujourd’hui à l’international. Leur saga, c’est celle d’une ambition familiale, d’une passion pour l’innovation industrielle et d’une vision qui transcende les générations. Comment ces deux entrepreneurs ont-ils transformé un savoir-faire local en empires mondiaux ? Plongeons dans cette aventure captivante.

Des Origines Humble à l’Envergure Mondiale

En 1965, Yves Bontaz pose la première pierre de son aventure entrepreneuriale. Dans la ferme familiale de Marnaz, en Haute-Savoie, il installe un modeste atelier de décolletage, une spécialité régionale consistant à usiner des pièces métalliques de précision. Quelques années plus tard, en 1971, son frère jumeau Florent suit un chemin parallèle en rachetant une petite entreprise de découpe de métal, qui deviendra Léman Industrie. Ces débuts, ancrés dans le terroir savoyard, marquent le point de départ de deux trajectoires exceptionnelles.

Leur formation à l’École nationale d’horlogerie de Cluses leur a donné une maîtrise technique hors pair. Mais c’est leur vision et leur ténacité qui ont transformé ces ateliers en groupes internationaux. Aujourd’hui, le groupe Bontaz emploie 3 500 personnes, dont 500 en France, et génère un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros en 2023. Léman Industrie, de son côté, compte 1 000 salariés, dont 300 en France, pour un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros. Ces chiffres impressionnants cachent une histoire de persévérance et d’adaptation.

« La force d’une entreprise familiale, c’est le temps. Avoir une vision de long terme nous permet de prendre de meilleures décisions. »

– Hugo Bontaz, directeur du développement chez Léman Industrie

Deux Frères, Deux Visions, Une Vallée

Séparées par seulement deux kilomètres, les entreprises des frères Bontaz partagent un ADN commun : l’industrie automobile. Pourtant, leurs activités diffèrent. Le groupe Bontaz excelle dans le décolletage, produisant des pièces de précision pour des équipementiers automobiles de rang 1. Léman Industrie, quant à elle, s’est spécialisée dans le découpage de précision, le surmoulage et l’assemblage de sous-ensembles mécatroniques, essentiels pour les véhicules modernes.

Ces différences techniques n’ont pas empêché les deux entreprises de prospérer dans la même vallée. La Haute-Savoie, avec son écosystème industriel unique, a offert un terreau fertile. La rivière Arve, qui coule à proximité, symbolise presque cette dualité : deux rives, deux entreprises, mais une même source d’inspiration. Malgré leur proximité géographique, les deux groupes n’entretiennent que peu de relations commerciales, préférant tracer leurs propres routes.

Une Transition vers la Mobilité de Demain

Avec l’annonce de la fin des moteurs thermiques en Europe d’ici 2035, les deux entreprises doivent relever un défi de taille : diversifier leurs activités. Le groupe Bontaz investit massivement, avec 40 millions d’euros dédiés à des secteurs comme le vélo électrique. Léman Industrie, de son côté, se tourne vers la mobilité électrique et la connectique embarquée, des domaines en pleine expansion.

Chez Léman Industrie, cette transition est portée par la troisième génération. Hugo Bontaz, petit-fils du fondateur Florent, a pris les rênes du développement en 2021. Après avoir cofondé une start-up dans la restauration, il apporte un regard neuf à l’entreprise familiale. Accompagné d’un PDG externe, Éric Girardin, il pilote une stratégie ambitieuse, marquée par le rachat récent du plasturgiste Adduxi, une entreprise elle aussi dirigée par la famille de son fondateur.

Cette acquisition illustre une conviction forte : la croissance externe est un levier clé pour s’adapter aux mutations du marché. En intégrant de nouvelles compétences, Léman Industrie se positionne sur des secteurs porteurs comme la connectique pour véhicules électriques.

Les Forces d’une Entreprise Familiale

Qu’est-ce qui fait la singularité des entreprises Bontaz et Léman Industrie ? Leur caractère familial. Contrairement aux grands groupes cotés, elles bénéficient d’une vision à long terme, libérée des pressions immédiates des actionnaires. Cette approche permet des investissements audacieux et des décisions stratégiques qui portent leurs fruits sur des décennies.

Voici les atouts majeurs des entreprises familiales comme celles des Bontaz :

• Vision à long terme : Les décisions ne sont pas dictées par des résultats trimestriels, mais par une ambition durable.
• Agilité : La structure familiale permet une prise de décision rapide et adaptée aux défis.
• Ancrage local : Leur implantation en Haute-Savoie renforce leur lien avec le territoire et ses savoir-faire.
• Transmission : La passation entre générations garantit la pérennité des valeurs et de la culture d’entreprise.

Cette philosophie se retrouve dans la gestion des ressources humaines. Chez Léman Industrie, Hugo Bontaz et son cousin Théo, directeur logistique, incarnent cette continuité. Leur arrivée a insufflé un vent de modernité, tout en préservant l’héritage familial.

Les Défis de l’Industrie Automobile

L’industrie automobile traverse une période de bouleversements majeurs. La transition vers la mobilité électrique, les exigences de durabilité et la concurrence mondiale redessinent le paysage. Pour les entreprises de la vallée de l’Arve, historiquement dépendantes de l’automobile, ces changements imposent une réinvention.

Le groupe Bontaz explore de nouveaux horizons, comme le marché du vélo électrique, en plein essor. Léman Industrie, elle, mise sur la connectique embarquée, essentielle pour les véhicules autonomes et connectés. Ces choix stratégiques montrent leur capacité à anticiper les tendances et à s’adapter.

« La vallée de l’Arve doit réduire sa dépendance à l’automobile pour assurer son avenir. »

– Analyse d’un expert local de l’industrie

Un Ancrage Local, une Ambition Globale

Si les entreprises Bontaz et Léman Industrie brillent à l’international, elles restent profondément enracinées en Haute-Savoie. Cet ancrage local est une force : il leur permet de s’appuyer sur un écosystème industriel riche, où le savoir-faire en décolletage et en découpe de précision est reconnu mondialement.

Pour mieux comprendre leur impact, voici un aperçu des deux groupes :

Groupe Bontaz :

• Fondation : 1965
• Génération : 2e
• Chiffre d’affaires : 300 millions d’euros (2023)
• Effectifs : 3 500 salariés, dont 500 en France

Léman Industrie :

• Fondation : 1971
• Génération : 3e
• Chiffre d’affaires : 130 millions d’euros
• Effectifs : 1 000 salariés, dont 300 en France

Cet ancrage territorial ne les empêche pas de viser loin. Avec des usines implantées dans une dizaine de pays pour Bontaz et sept pour Léman Industrie, les deux groupes exportent le savoir-faire savoyard à l’échelle mondiale.

L’Avenir : Innovation et Diversification

Face aux défis de l’industrie automobile, les deux entreprises ne se contentent pas de s’adapter : elles innovent. Le groupe Bontaz explore des secteurs comme les énergies renouvelables et la mobilité durable, tandis que Léman Industrie investit dans la recherche et le développement pour répondre aux besoins des véhicules de demain.

Leur succès repose sur une combinaison unique : un héritage familial solide, une capacité d’innovation et une vision globale. En misant sur la diversification et la collaboration avec des acteurs externes, comme le montre le rachat d’Adduxi par Léman Industrie, les Bontaz prouvent que les entreprises familiales peuvent rivaliser avec les géants mondiaux.

Leur histoire est une source d’inspiration pour les entrepreneurs d’aujourd’hui. Dans un monde où la rapidité et l’innovation sont reines, les Bontaz rappellent qu’une vision à long terme, ancrée dans des valeurs fortes, peut mener loin. Alors, quelle sera la prochaine étape pour ces pionniers de l’industrie savoyarde ? L’avenir nous le dira.