
Crise du Capital-Risque Précoce au Canada en 2025
Imaginez un écosystème vibrant, où des idées audacieuses naissent dans des garages, des cafés et des espaces de coworking à travers le Canada. Ces jeunes pousses, pleines de promesses, cherchent à conquérir le monde. Mais en 2025, un vent glacial semble souffler sur le paysage entrepreneurial canadien. Selon un rapport récent, les investissements en capital-risque pour les stades pré-seed et seed ont chuté de manière significative au premier semestre de l’année. Pourquoi cette baisse ? Quelles en sont les conséquences pour les startups et l’innovation au Canada ? Plongeons dans cette analyse pour comprendre les dynamiques à l’œuvre et les perspectives d’avenir.
Un ralentissement marqué du capital-risque précoce
Le premier semestre de 2025 a révélé une tendance inquiétante pour les jeunes entreprises technologiques canadiennes. Les données montrent une diminution de 16 % des montants investis et une chute de 28 % du nombre de transactions dans les stades pré-seed et seed par rapport à la même période en 2024. Cette baisse s’inscrit dans une tendance plus large, amorcée en 2024, après un pic d’activité entre 2021 et 2023. À cette époque, les investisseurs semblaient portés par un vent d’optimisme, injectant des fonds dans des startups prometteuses avec une énergie presque frénétique.
Aujourd’hui, la réalité est différente. Les montants investis dans les stades seed ont diminué de 12 %, tandis que les transactions ont chuté de 25 %. Pour les pré-seed, les chiffres sont encore plus préoccupants, avec une baisse de 34 % des investissements et de 28 % des deals. Ce ralentissement reflète une prudence accrue des investisseurs, confrontés à des incertitudes économiques et à une raréfaction des fonds disponibles.
Nous escaladions une montagne avec le vent dans le dos, mais aujourd’hui, ce vent s’est retourné contre nous.
– Matt Roberts, RBCx
Les raisons d’un refroidissement
Plusieurs facteurs expliquent cette contraction du marché du capital-risque au Canada. Tout d’abord, la création de nouveaux fonds de capital-risque est en net recul. Les limited partners (LPs), ces investisseurs institutionnels qui financent les fonds de VC, se montrent plus sélectifs, privilégiant les gestionnaires établis aux dépens des nouveaux acteurs. Cette concentration des ressources limite l’accès au capital pour les jeunes pousses, souvent soutenues par des fonds émergents.
Ensuite, les conditions économiques globales pèsent lourdement. Les hausses de taux d’intérêt et les incertitudes géopolitiques ont rendu les investisseurs plus réticents à prendre des risques sur des entreprises en phase initiale. Comme le souligne Zack Storms, cofondateur de Startup TNT, il est impératif d’investir davantage dans les stades précoces pour maintenir la vitalité de l’écosystème entrepreneurial.
Enfin, la concurrence internationale joue un rôle non négligeable. Certains fondateurs canadiens se tournent vers les États-Unis pour lever des fonds, attirés par des valorisations plus élevées et une rapidité d’exécution inégalée. Une fondatrice canadienne a récemment partagé son expérience : un fonds américain a accepté de mener sa levée de fonds en seulement deux heures après un premier appel.
Il était beaucoup plus facile de lever des fonds aux États-Unis : des valorisations plus élevées et une exécution plus rapide.
– Sakina Roufid, fondatrice d’une startup en revenue operations
Les secteurs qui attirent encore l’attention
Malgré ce ralentissement, certains secteurs continuent de capter l’intérêt des investisseurs. Sans surprise, l’intelligence artificielle (IA) domine, représentant près de 10 % des investissements en pré-seed et seed, avec 28 millions de dollars répartis sur 12 transactions au premier semestre 2025. Ce dynamisme s’explique par l’engouement mondial pour l’IA, perçue comme un moteur de transformation dans de nombreux domaines.
Derrière l’IA, d’autres secteurs comme la construction tech, le software-as-a-service (SaaS), la santé numérique, la fintech et la cleantech attirent également des capitaux, bien que dans une moindre mesure. Cependant, les investisseurs se montrent plus sélectifs, et les startups hors du domaine de l’IA doivent redoubler d’efforts pour convaincre.
Voici les principaux secteurs qui ont attiré des investissements en 2025 :
- Intelligence artificielle : 28 millions de dollars sur 12 deals.
- Construction tech : Croissance notable mais montants non précisés.
- SaaS : Toujours attractif pour les investisseurs.
- Santé numérique : Rebond dans les investissements.
- Fintech et cleantech : Secteurs en progression.
Des lueurs d’espoir malgré les défis
Si les chiffres sont préoccupants, il existe des signaux positifs. Les tailles moyennes des deals ont augmenté, ce qui suggère que les investisseurs concentrent leurs efforts sur des projets jugés plus prometteurs. De plus, les secteurs des sciences de la vie et de l’agribusiness montrent des signes de reprise, offrant une diversification bienvenue dans un marché dominé par l’IA.
Un autre point encourageant est la répartition géographique des investissements. Contrairement aux années précédentes, où l’Ontario, le Québec et l’Alberta concentraient l’essentiel des financements, d’autres provinces commencent à émerger. Cette diversification régionale pourrait renforcer l’écosystème à long terme.
Enfin, la participation des investisseurs étrangers, notamment américains, a diminué, ce qui pourrait inciter les fonds canadiens à redoubler d’efforts pour soutenir les startups locales. Cependant, cette baisse pourrait aussi refléter un manque d’attractivité du marché canadien face à des écosystèmes plus dynamiques.
Les défis de la collecte de données
Un débat persiste sur la fiabilité des données concernant le capital-risque au Canada. Certains observateurs estiment que la baisse rapportée pourrait être partiellement due à un manque de déclaration des transactions. Une autre source, PitchBook, a enregistré 470 millions de dollars investis sur 143 transactions, soit des chiffres plus élevés que ceux rapportés officiellement.
Ce décalage souligne l’importance d’une collecte de données rigoureuse. Comme le note Zack Storms, la soumission des données peut être administrativement lourde, mais elle est essentielle pour offrir une image précise de l’écosystème.
Il est crucial pour notre marque et pour le Canada d’avoir des données précises.
– Zack Storms, Startup TNT
Vers un avenir incertain mais plein de potentiel
Le ralentissement du capital-risque en pré-seed et seed au Canada n’est pas une fatalité. Certains experts, comme Matt Roberts, estiment que cette période de consolidation pourrait bénéficier à l’écosystème en réduisant la concurrence entre investisseurs et en ramenant les valorisations à des levels plus raisonnables. Cependant, cela pourrait aussi pousser davantage de fondateurs à chercher des financements à l’étranger, au détriment de l’écosystème local.
Pour inverser la tendance, plusieurs pistes émergent :
- Soutenir les gestionnaires émergents pour dynamiser les investissements précoces.
- Encourager une meilleure collecte de données pour une vision claire du marché.
- Promouvoir la diversification sectorielle et géographique des investissements.
Le Canada a prouvé par le passé sa capacité à innover et à produire des entreprises de classe mondiale. Si les défis actuels sont réels, ils ne doivent pas occulter le potentiel immense de l’écosystème entrepreneurial. En investissant dans les jeunes pousses et en renforçant les infrastructures de financement, le Canada peut retrouver le vent en poupe et escalader à nouveau la montagne de l’innovation.
En conclusion, 2025 marque une période de transition pour le capital-risque canadien. Les startups, les investisseurs et les décideurs politiques doivent collaborer pour surmonter les obstacles actuels et poser les bases d’un avenir prospère. Le chemin est escarpé, mais l’histoire montre que les Canadiens savent relever les défis avec audace et créativité.