Volvo EX30 : Relocalisation de Chine à Belgique

Pourquoi une marque suédoise comme Volvo choisit-elle de déplacer la production de son SUV électrique phare, l’EX30, de la Chine vers la Belgique ? Cette décision, annoncée en 2024 et concrétisée en avril 2025, marque un tournant stratégique pour le constructeur automobile. L’usine de Gand, dernier bastion de la production automobile en Belgique, devient le théâtre d’une relocalisation qui ne se contente pas de répondre à des contraintes économiques, mais redessine l’avenir de la mobilité électrique en Europe. Plongeons dans les raisons, les impacts et les perspectives de ce mouvement audacieux.

Un Tournant pour l’Industrie Automobile Européenne

La relocalisation de la production de l’EX30, initialement fabriqué en Chine depuis son lancement en 2023, répond à un contexte géopolitique et économique tendu. L’Union européenne a imposé, dès octobre 2024, des droits de douane de 18,8 % sur les véhicules électriques importés de Chine, notamment ceux du groupe Geely, propriétaire de Volvo. Ces taxes, destinées à protéger l’industrie européenne face à la concurrence chinoise, ont poussé Volvo à repenser sa chaîne de production. Mais au-delà des contraintes, cette décision reflète une volonté de renforcer la souveraineté industrielle européenne.

En choisissant Gand, Volvo mise sur une usine déjà reconnue pour son expertise. Avec 186 313 véhicules produits en 2024, ce site assemble cinq des dix modèles Volvo fabriqués en Europe. L’ajout de l’EX30 à cette ligne de production illustre une ambition : faire de la Belgique un hub stratégique pour la mobilité électrique.

Un Investissement Massif pour l’Emploi et l’Innovation

Pour accueillir l’EX30, Volvo a investi 200 millions d’euros dans son usine de Gand. Cet investissement ne se limite pas à l’adaptation des lignes de production. Il inclut des infrastructures modernes, comme des lignes d’assemblage de batteries, déjà utilisées pour un autre modèle électrique. Cette transformation a un impact direct sur l’emploi : 350 nouveaux postes ont été créés, portant l’effectif total de l’usine à 6 600 personnes.

« L’ajout de l’EX30 à Gand renforce notre engagement envers une production durable et locale, tout en créant des opportunités d’emploi en Belgique. »

– Représentant de Volvo Cars

Cette initiative ne se contente pas de répondre à des impératifs économiques. Elle s’inscrit dans une démarche de transition écologique, où la production locale réduit l’empreinte carbone liée au transport des véhicules. En parallèle, l’usine de Gand se positionne comme un modèle d’efficacité industrielle, combinant innovation technologique et création d’emplois.

Pourquoi la Belgique ? Une Stratégie Géographique

Le choix de Gand n’est pas anodin. Située au cœur de l’Europe, la Belgique offre un accès stratégique aux marchés européens. L’usine de Gand bénéficie d’une infrastructure logistique robuste, facilitant la distribution des véhicules à travers le continent. De plus, la Belgique dispose d’une main-d’œuvre qualifiée dans l’automobile, un atout précieux dans un secteur en pleine mutation.

Ce déménagement intervient dans un contexte particulier pour l’industrie belge. La fermeture de l’usine Audi à Bruxelles en février 2025 a marqué un coup dur, faisant de Gand le dernier grand site de production automobile du pays. En y concentrant la fabrication de l’EX30, Volvo envoie un signal fort : la Belgique reste un acteur clé de l’industrie automobile européenne.

L’EX30 : Un SUV Électrique Plébiscité

Lancé en 2023, l’EX30 a rapidement conquis le marché européen grâce à son design compact, ses performances électriques et son prix compétitif. Ce SUV incarne la vision de Volvo pour une mobilité durable, avec une autonomie respectable et des technologies de pointe. Sa relocalisation à Gand vise à maintenir cette dynamique commerciale tout en répondant aux attentes des consommateurs européens, sensibles à la provenance des produits.

Voici les points forts de l’EX30 qui expliquent son succès :

• Design épuré et moderne, adapté aux attentes urbaines.
• Autonomie électrique compétitive pour un SUV compact.
• Prix attractif face à la concurrence chinoise et européenne.

En produisant localement, Volvo réduit les coûts liés aux taxes douanières tout en renforçant l’image de marque de l’EX30 comme un produit « made in Europe ».

Un Contexte Géopolitique Tendu

La décision de Volvo s’inscrit dans une guerre commerciale plus large entre l’Union européenne et la Chine. Les taxes imposées par Bruxelles sur les véhicules électriques chinois visent à protéger les constructeurs européens face à des concurrents bénéficiant de subventions massives. Cette mesure a eu un impact direct sur des marques comme BYD ou MG, mais aussi sur des groupes comme Geely, qui doivent adapter leurs stratégies.

Volvo, bien que suédois, est détenu par Geely depuis 2010. La relocalisation de l’EX30 peut être vue comme une réponse pragmatique pour contourner les barrières douanières tout en renforçant l’ancrage européen de la marque. Ce mouvement illustre une tendance plus large : la relocalisation industrielle comme levier pour répondre aux défis géopolitiques.

Les Défis de la Transition Électrique

Volvo avait initialement fixé un objectif ambitieux : passer à une gamme 100 % électrique d’ici 2030. Cependant, en 2024, le constructeur a revu ses ambitions, préférant une approche hybride face aux incertitudes du marché. La relocalisation de l’EX30 s’inscrit dans cette transition, mais elle soulève aussi des questions sur la viabilité économique des véhicules électriques face aux fluctuations des coûts de production et des matières premières.

« La transition vers l’électrique est un marathon, pas un sprint. Nous devons équilibrer innovation et réalisme économique. »

– Analyste automobile européen

Pour Volvo, produire l’EX30 en Europe permet de réduire les risques liés aux chaînes d’approvisionnement internationales tout en répondant aux attentes des consommateurs pour des véhicules plus durables.

Un Modèle pour l’Industrie Européenne ?

La relocalisation de l’EX30 pourrait inspirer d’autres constructeurs. Alors que l’industrie automobile européenne fait face à des défis comme la concurrence chinoise, la hausse des coûts énergétiques et les exigences environnementales, des initiatives comme celle de Volvo montrent qu’il est possible de conjuguer compétitivité et durabilité. L’usine de Gand devient ainsi un symbole de résilience industrielle.

Voici un résumé des impacts de cette relocalisation :

• Création de 350 emplois directs à Gand.
• Réduction de l’empreinte carbone grâce à une production locale.
• Renforcement de l’image de marque « made in Europe ».
• Contournement des taxes douanières chinoises.

Cette stratégie pourrait également encourager d’autres investissements dans des infrastructures européennes, comme les usines de batteries ou les centres de recherche sur la mobilité électrique.

Vers un Avenir Durable pour Volvo

En relocalisant la production de l’EX30, Volvo ne se contente pas de répondre à des contraintes économiques. Le constructeur pose les bases d’une industrie automobile plus résiliente et durable. L’usine de Gand, avec ses lignes de production modernisées et son engagement envers l’emploi local, incarne cette vision. Mais ce n’est qu’une étape : l’avenir de la mobilité électrique dépendra de la capacité des constructeurs à innover tout en naviguant dans un environnement économique complexe.

Pour les consommateurs, l’EX30 reste une option attrayante, désormais marquée du sceau de la production européenne. Pour l’industrie, cette relocalisation est un signal : l’Europe peut redevenir un centre névralgique de l’innovation automobile, à condition d’investir et de s’adapter.

Conclusion : Un Pari Gagnant ?

La relocalisation de l’EX30 à Gand est plus qu’une simple décision logistique. Elle reflète les défis et les opportunités de l’industrie automobile à l’ère de la transition écologique et des tensions géopolitiques. En investissant dans une production locale, Volvo renforce son ancrage en Europe tout en répondant aux attentes des consommateurs et des régulateurs. Reste à voir si ce modèle inspirera d’autres acteurs et si l’Europe saura capitaliser sur cette dynamique pour redevenir un leader de la mobilité durable.

Et vous, pensez-vous que la relocalisation est la clé pour l’avenir de l’industrie automobile européenne ?