Veolia Révolutionne le Captage de CO2 au Mans

Imaginez un avenir où les incinérateurs de déchets, souvent pointés du doigt pour leurs émissions, deviennent des acteurs clés de la lutte contre le changement climatique. C’est exactement ce que Veolia entreprend au Mans, dans la Sarthe, avec un projet audacieux de captage de CO2. Annoncé en octobre 2025, ce démonstrateur industriel promet de transformer la manière dont nous percevons la gestion des déchets. Mais comment une telle innovation peut-elle changer la donne pour l’environnement ? Plongeons dans cette initiative qui allie technologie et ambition écologique.

Une Révolution Écologique au Cœur du Mans

Depuis 1975, l’incinérateur du Mans, géré par Veolia, a évolué pour devenir une unité de valorisation énergétique (UVE). Capable de traiter 150 000 tonnes de déchets par an, il produit 170 GWh de chaleur et 58 GWh d’électricité. Pourtant, un défi majeur persiste : les émissions de CO2, qui ont atteint 130 000 tonnes en 2024. Pour y répondre, Veolia lance un démonstrateur capable de capter 10 tonnes de CO2 par jour d’ici 2026, marquant une étape décisive vers une gestion des déchets plus verte.

Le Captage de CO2 : Une Technologie Prometteuse

Le projet du Mans repose sur une technologie de captage par solvants à base d’amines. Les gaz de combustion entrent en contact avec une solution aqueuse qui isole le CO2, ensuite liquéfié pour un stockage ou une réutilisation facilitée. Cette approche, bien que complexe, est déjà éprouvée dans certains contextes industriels. Mais Veolia ne s’arrête pas là : un second projet, au Texas, testera une méthode alternative utilisant des membranes de filtration, potentiellement plus efficace mais encore en phase d’expérimentation.

« Nous voulons valider des technologies de captage adaptées à différents contextes industriels, pour proposer des solutions commerciales viables. »

– Anne Le Guennec, directrice de la zone technologies de l’eau mondiale de Veolia

Ces deux approches, testées en parallèle, visent à identifier les conditions optimales pour chaque technologie. Le Mans deviendra ainsi une plateforme d’innovation, avec un investissement de 12 millions d’euros, pour affiner ces solutions et les rendre accessibles à d’autres industries.

Vers une Valorisation Circulaire du CO2

Capter le CO2, c’est une chose ; lui donner une seconde vie en est une autre. Veolia explore des débouchés variés pour le carbone collecté, privilégiant une approche d’économie circulaire. Parmi les pistes envisagées, la revente à des maraîchers pour stimuler la croissance des cultures dans les serres, ou encore son utilisation dans la fabrication d’extincteurs et de nettoyants industriels. Une application particulièrement prometteuse concerne les carburants durables, en réponse aux réglementations européennes qui imposent leur adoption progressive dans l’aviation.

Pour maximiser l’impact local, Veolia s’engage à privilégier des solutions de valorisation ancrées dans le territoire. Cette démarche circulaire pourrait transformer le CO2, souvent perçu comme un polluant, en une ressource précieuse pour les acteurs économiques de la région.

Un Projet qui S’inscrit dans une Tendance Globale

Veolia n’est pas seul à explorer le captage de CO2 dans le secteur des déchets. En France, Paprec Energies prévoit de lancer en 2027 une unité à Pontivy capable de capter 10 000 tonnes de CO2 par an. À l’international, des projets encore plus ambitieux voient le jour, comme l’usine Hafslund Celsio en Norvège, qui vise à capter 350 000 tonnes de CO2 dès 2029. Ces initiatives témoignent d’une prise de conscience croissante : les incinérateurs peuvent devenir des alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour mieux comprendre l’ampleur de ces avancées, voici un aperçu des projets en cours :

• Veolia au Mans : captage de 10 tonnes de CO2 par jour dès 2026.
• Veolia à Port Arthur (Texas) : test de membranes pour une capture plus efficace.
• Paprec à Pontivy : captage de 10 000 tonnes de CO2 par an d’ici 2027.
• Hafslund Celsio (Norvège) : 350 000 tonnes de CO2 captées dès 2029.

Les Défis et Opportunités du Captage de CO2

Si le captage de CO2 représente une avancée majeure, il n’est pas sans défis. Le volume capté au Mans (10 tonnes par jour) reste modeste face aux 130 000 tonnes émises annuellement par le site. Cela soulève la question de la scalabilité : comment passer d’un démonstrateur à une solution à grande échelle ? De plus, le coût énergétique du captage et la gestion des solvants ou membranes nécessitent des optimisations constantes.

Cependant, les opportunités sont immenses. En transformant le CO2 en ressource, Veolia ouvre la voie à de nouveaux modèles économiques. Par exemple, les carburants durables pourraient répondre à une demande croissante dans l’aviation, tandis que l’utilisation agricole du CO2 pourrait renforcer la résilience des territoires face aux défis climatiques.

« Les applications locales sont une priorité pour créer une démarche circulaire à l’échelle du territoire. »

– Anne Le Guennec, Veolia

Pourquoi le Projet de Veolia est-il un Tournant ?

Ce projet ne se limite pas à une prouesse technologique. Il incarne une vision : celle d’une industrie qui s’adapte aux impératifs climatiques tout en créant de la valeur. En investissant dans une plateforme d’innovation, Veolia positionne la France comme un acteur clé dans le développement de solutions de captage de carbone. Cette initiative pourrait inspirer d’autres secteurs, comme la métallurgie ou la chimie, à adopter des technologies similaires.

De plus, l’approche collaborative de Veolia, qui envisage de confier la valorisation du CO2 à des partenaires, renforce l’idée d’un écosystème industriel durable. En intégrant des acteurs locaux, le groupe crée une dynamique vertueuse qui dépasse les frontières de l’incinération.

Et Après ? Les Perspectives d’Avenir

Le démonstrateur du Mans n’est qu’un début. Si les tests s’avèrent concluants, Veolia pourrait déployer ces technologies à plus grande échelle, non seulement dans ses incinérateurs, mais aussi dans d’autres installations industrielles. L’objectif à long terme ? Faire du captage de CO2 une norme dans la gestion des effluents industriels, tout en développant des filières de valorisation rentables.

Voici les étapes clés envisagées par Veolia pour les années à venir :

• 2026 : Mise en service des démonstrateurs au Mans et à Port Arthur.
• 2027-2030 : Optimisation des technologies et passage à l’échelle industrielle.
• 2030+ : Déploiement de solutions commerciales pour d’autres secteurs.

En parallèle, les avancées réglementaires, comme les obligations européennes sur les carburants durables, pourraient accélérer l’adoption de ces technologies. Le captage de CO2, combiné à une valorisation intelligente, pourrait devenir un pilier de la transition écologique.

Un Modèle pour l’Industrie de Demain

L’initiative de Veolia au Mans illustre une vérité fondamentale : l’innovation écologique n’est pas seulement une question de technologie, mais aussi de vision et de collaboration. En transformant un incinérateur en plateforme d’innovation, Veolia redéfinit le rôle des industries traditionnelles dans la lutte contre le changement climatique. Ce projet, bien que modeste dans ses débuts, pourrait ouvrir la voie à une révolution dans la gestion des émissions industrielles.

Alors, le captage de CO2 deviendra-t-il la norme dans les années à venir ? Une chose est sûre : avec des acteurs comme Veolia, l’avenir de l’industrie s’écrit sous le signe de la durabilité. Et si le Mans devenait le symbole d’une nouvelle ère écologique ?