Terrena Boostée par la Pouletisation en France
Pourquoi les Français se tournent-ils de plus en plus vers le poulet ? Cette question, simple en apparence, cache une révolution alimentaire qui transforme l’agroalimentaire. La pouletisation, ce phénomène où le poulet devient la viande préférée des consommateurs, redessine les stratégies des grandes coopératives françaises. Parmi elles, Terrena, mastodonte du secteur avec un chiffre d’affaires de 5,6 milliards d’euros, se distingue par des investissements ambitieux pour répondre à cette demande croissante. Plongeons dans cette dynamique qui allie innovation, durabilité et performance économique.
La Pouletisation, une Tendance de Fond
Le poulet s’impose comme la viande star des assiettes françaises. Moins coûteux que le bœuf, plus léger que le porc, il séduit par sa polyvalence culinaire et son image de produit sain. Cette préférence croissante s’explique par des changements dans les habitudes alimentaires, marqués par une baisse de la consommation de dinde et de canard, comme l’observe Terrena.
Le consommateur privilégie le poulet de chair, au détriment de la dinde et du canard, dont les ventes chutent fortement.
– Olivier Chaillou, président de Terrena
Ce virage s’accompagne d’une exigence accrue pour des produits de qualité, issus de filières responsables. Terrena, via sa division Galliance, a su capter cette opportunité, enregistrant des performances solides avec un Ebitda de 160 millions d’euros en 2023. Cette réussite n’est pas un hasard : elle repose sur une stratégie d’adaptation aux attentes des consommateurs et d’investissements ciblés.
Des Investissements pour Suivre la Vague
Pour accompagner la pouletisation, Terrena ne lésine pas sur les moyens. Depuis 2023, la coopérative a construit 50 nouveaux bâtiments d’élevage pour 30 000 poules pondeuses chacun. Et ce n’est qu’un début : un plan similaire est prévu pour les deux prochaines années. Ces infrastructures modernes répondent à une double ambition : augmenter la production et s’aligner sur des standards plus respectueux du bien-être animal.
En 2025, Terrena investira 4,8 millions d’euros pour moderniser ses élevages, dans le cadre d’une enveloppe globale de 170 millions d’euros. Cette transition s’inscrit dans un mouvement plus large : la fin progressive des élevages en cage, qui a réduit la production d’œufs en France. Terrena accompagne ce changement en favorisant des modes d’élevage plus vertueux, comme le plein air ou les systèmes bio.
Une Filière Œufs et Volaille Intégrée
Terrena ne se contente pas de produire. La coopérative a renforcé sa maîtrise de la chaîne de valeur en rachetant Ovalis, une entreprise spécialisée dans le conditionnement et la transformation des œufs. Ce rachat, finalisé récemment, inclut le site de Pamproux (Deux-Sèvres), capable de distribuer des œufs à l’échelle nationale. Une telle intégration verticale garantit une traçabilité optimale et permet à Terrena d’apposer ses labels de qualité, comme La Nouvelle Agriculture ou Père Dodu.
Nous développons une filière totalement sécurisée, sur laquelle nous pouvons apposer nos labels et nos marques.
– Eric Forin, directeur général de Terrena
Ce contrôle de la filière, de l’élevage à la distribution, offre un avantage compétitif. Il permet à Terrena de répondre aux attentes des consommateurs, qui recherchent des produits fiables, durables et traçables. Cette stratégie renforce aussi la résilience économique de la coopérative face aux fluctuations des marchés, notamment celui des céréales, qui pèse sur ses résultats globaux.
Les Clés du Succès de Galliance
La division Galliance, avec un chiffre d’affaires avoisinant le milliard d’euros, est le fer de lance de cette transformation. Voici les principaux leviers de sa réussite :
- Adaptation aux tendances de consommation, avec un focus sur le poulet de chair.
- Modernisation des infrastructures pour répondre aux normes de bien-être animal.
- Intégration de la chaîne de valeur, de la production à la distribution.
- Positionnement sur des marques fortes, comme La Nouvelle Agriculture.
Ces choix stratégiques permettent à Galliance de se démarquer dans un marché concurrentiel, où la qualité et la durabilité sont devenues des critères incontournables.
Un Modèle Durable pour l’Avenir
La pouletisation n’est pas qu’une mode passagère. Elle s’inscrit dans une quête de durabilité et de responsabilité. En modernisant ses élevages, Terrena répond aux attentes sociétales tout en sécurisant ses marges. Mais ce modèle soulève aussi des questions : comment concilier production de masse et bien-être animal ? Comment maintenir des prix accessibles tout en investissant dans des infrastructures coûteuses ?
Terrena semble avoir trouvé un équilibre. En misant sur une filière intégrée et des investissements ciblés, la coopérative se positionne comme un acteur clé de l’agroalimentaire français. Elle prouve que l’innovation, même dans un secteur traditionnel comme l’élevage, peut rimer avec performance économique.
Les Défis à Venir
Si la pouletisation offre des opportunités, elle impose aussi des défis. La volatilité des prix des matières premières, comme les céréales, pèse sur les coûts de production. De plus, les attentes des consommateurs pour des produits bio ou issus d’élevages éthiques exigent des investissements constants. Terrena devra continuer à innover pour rester compétitive.
Enfin, la coopérative devra naviguer dans un contexte réglementaire de plus en plus strict, notamment sur les normes environnementales. Ces contraintes, bien que complexes, sont aussi une chance de se différencier en misant sur la transparence et la durabilité.
Pourquoi Cela Nous Concerne Tous
L’essor du poulet, porté par Terrena, reflète des mutations profondes dans nos modes de consommation. Il ne s’agit pas seulement d’une question de goût, mais d’un choix collectif vers des produits plus accessibles, durables et traçables. En soutenant cette transition, Terrena montre qu’il est possible d’allier tradition agricole et innovation moderne.
Ce mouvement dépasse les frontières de l’agroalimentaire. Il interroge notre rapport à l’alimentation, à l’environnement et à l’économie locale. La pouletisation, c’est finalement une invitation à repenser ce que nous mettons dans nos assiettes, tout en soutenant une filière qui se réinvente.