FluidAI rachète Emmetros pour révolutionner la convalescence
Imaginez : vous sortez du bloc opératoire après une chirurgie digestive lourde. Au lieu de passer dix jours à l’hôpital sous perfusion, vous rentrez chez vous dès le lendemain, serein, avec la certitude que tout est sous contrôle. Ce scénario, qui ressemblait encore à de la science-fiction il y a cinq ans, devient concret grâce à une petite entreprise de Kitchener-Waterloo qui vient de frapper un grand coup.
FluidAI s’offre Emmetros et rêve de réinventer la sortie d’hôpital
Le 27 novembre 2025, FluidAI Medical a annoncé l’acquisition d’Emmetros Limited, une autre pépite locale spécialisée dans les plateformes d’engagement patient. Derrière ce terme barbare se cache une ambition simple et puissante : faire en sorte que la convalescence ne soit plus une parenthèse anxiogène, mais une continuité de soins fluide entre l’hôpital et le domicile.
Concrètement, Emmetros développe SparxConnect, un outil qui permet aux équipes médicales de personnaliser à l’extrême les parcours de soins post-opératoires : rappels de médicaments, exercices de rééducation, questionnaires de symptômes, messagerie sécurisée avec l’équipe soignante… Tout cela dans une interface pensée pour des patients parfois fatigués, âgés ou peu à l’aise avec le numérique.
Une combinaison technologique presque trop évidente
Ce qui rend cette acquisition passionnante, c’est la complémentarité parfaite des deux technologies.
D’un côté, FluidAI a développé Stream Inara, une plateforme qui utilise l’intelligence artificielle pour analyser en continu les données physiologiques et prédire les risques de complications. De l’autre, Origin, leur capteur post-opératoire qui vient d’obtenir l’approbation de la FDA américaine – un sésame en or pour pénétrer le plus grand marché santé du monde.
« L’expertise de FluidAI en monitoring continu en temps réel est le complément parfait de notre plateforme d’engagement patient hautement personnalisable. »
– Mary Pat Hinton, CEO d’Emmetros
En intégrant SparxConnect, FluidAI va pouvoir boucler la boucle : détecter un risque grâce à ses capteurs et son IA, puis déclencher immédiatement la bonne action via la plateforme Emmetros – alerte à l’infirmière, ajustement de traitement, vidéo-consultation express… Le tout sans que le patient ait à remettre un pied à l’hôpital.
Pourquoi c’est une révolution pour les systèmes de santé
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans les chirurgies digestives, jusqu’à 30 % des patients développent des complications post-opératoires, la plupart dans les tous premiers jours après la sortie. Ces réadmissions coûtent des milliards chaque année aux systèmes de santé, sans parler de la souffrance des patients.
En permettant une sortie précoce mais sécurisée, FluidAI s’attaque directement à trois problèmes majeurs :
- La saturation des lits d’hôpitaux
- Le coût exorbitant des séjours prolongés
- L’anxiété des patients et de leurs proches
Au Canada, où la pénurie de personnel soignant est particulièrement aiguë, ce type de solution tombe à pic. Un lit libéré deux ou trois jours plus tôt, multiplié par des milliers d’opérations, c’est une bouffée d’oxygène pour tout le système.
L’histoire de deux startups nées dans la même ville… en 2014
Ce qui rend l’histoire encore plus belle, c’est que FluidAI et Emmetros sont toutes les deux nées la même année, à quelques kilomètres l’une de l’autre, dans l’écosystème bouillonnant de Kitchener-Waterloo.
FluidAI (anciennement NERv Technology) a commencé comme un projet de fin d’études à l’Université de Waterloo. Ses fondateurs, Youssef Helwa et Amr Abdelgawad, voulaient détecter les fuites anastomotiques – une complication redoutée et souvent mortelle en chirurgie digestive. Dix ans plus tard, leur capteur Origin est approuvé par la FDA et l’entreprise lève des dizaines de millions.
Emmetros, de son côté, a toujours misé sur l’expérience patient. Sa fondatrice Mary Pat Hinton a passé des années à observer les difficultés des malades chroniques ou post-opératoires à rester connectés à leurs soignants. SparxConnect est né de cette frustration très humaine.
Deux visions différentes, deux technologies matures, une même ville, une même année de création… et maintenant une même aventure.
Ce que ça change concrètement pour les patients
À terme, un patient opéré avec le système FluidAI + Emmetros pourrait vivre cela :
- Jour J : pose du capteur Origin pendant l’opération
- Jour J+1 : sortie autorisée, l’IA a validé que tout va bien
- À domicile : l’application Stream Inara + SparxConnect guide le quotidien (prises de médicaments, marche, alimentation)
- Détection précoce de la moindre anomalie grâce au monitoring continu
- Intervention rapide sans passage aux urgences
Résultat ? Moins de stress, moins de douleur, moins de risques… et un retour à la vie normale bien plus rapide.
Un modèle d’acquisition qui en dit long sur la stratégie
Ce n’est pas la première fois que FluidAI passe en mode acquisition. En 2022, l’entreprise avait déjà racheté la propriété intellectuelle de Medsix, un concurrent américain. En 2023, elle levait 15 millions de dollars en Série A. Cette année, elle recevait 2 millions supplémentaires du gouvernement fédéral.
Clairement, FluidAI ne veut pas seulement développer en interne. L’entreprise construit méthodiquement un écosystème complet, brique par brique, en intégrant les meilleures technologies du marché. C’est une stratégie rare dans la healthtech canadienne, habituée aux levées de fonds spectaculaires mais parfois moins à la consolidation.
« Cette acquisition soutient notre mission de redéfinir les standards de soins chirurgicaux pour améliorer les résultats patients pendant la convalescence. »
– Youssef Helwa, CEO de FluidAI
Et quand on voit la vitesse à laquelle l’entreprise avance – FDA, acquisitions stratégiques, intégration d’IA – on comprend que le rêve d’une convalescence à domicile sécurisée pourrait devenir réalité bien plus vite qu’on ne le pense.
L’histoire de FluidAI et Emmetros nous rappelle une chose essentielle : les plus belles révolutions médicales ne viendront pas forcément des géants de la Silicon Valley, mais parfois de deux petites équipes qui, dans la même ville canadienne, ont décidé un jour de rendre la maladie un peu moins lourde à porter.
Et ça, franchement, ça fait du bien.