Versos AI : Données Vidéo Légales pour l’IA
Imaginez un monde où créer une vidéo avec une intelligence artificielle ne vous expose plus à un procès à plusieurs milliards de dollars. Un monde où chaque seconde de métrage utilisée est accompagnée d’une preuve irréfutable de son autorisation. Ce monde n’est plus de la science-fiction : il s’appelle Versos AI et il est né à Saint John, au Nouveau-Brunswick.
Versos AI veut rendre l’IA vidéo enfin légale
Alors que les géants comme OpenAI, Cohere ou Meta croulent sous les plaintes pour violation massive de droits d’auteur, une petite startup canadienne a décidé de prendre le problème à la racine. Versos AI annonce la création du premier marché mondial de données vidéo dont les droits sont entièrement certifiés, structurés et traçables.
Le 14 novembre 2025, l’entreprise a bouclé un tour de table de 1,85 million de dollars canadiens. Un montant modeste face aux milliards levés par les stars de la Silicon Valley, mais qui pourrait bien changer la donne dans l’industrie de l’intelligence artificielle générative.
Un problème qui coûte des milliards
Pour comprendre l’importance de Versos, il faut d’abord mesurer l’ampleur du chaos actuel.
Depuis deux ans, les procès pleuvent : éditeurs de presse, photographes, studios de cinéma, auteurs… Tous accusent les grands modèles d’IA d’avoir été entraînés sur des millions d’œuvres protégées sans aucune autorisation. Les demandes de dommages et intérêts se chiffrent parfois en dizaines de milliards de dollars.
Et le problème ne fait que grossir. Plus les modèles deviennent puissants (Gemini 3, Veo 3.1, Sora…), plus ils ont besoin de quantités colossales de vidéos de qualité. Or, la grande majorité des vidéos disponibles sur internet sont protégées par le droit d’auteur.
« L’industrie se réveille devant une vérité simple : l’IA a besoin de vidéo, et cette vidéo doit être accompagnée de droits clairs, structurée et traçable. »
– Chris Keevill, CEO et cofondateur de Versos AI
Comment fonctionne le marché de Versos
Versos ne se contente pas de vendre des vidéos. L’entreprise a développé toute une infrastructure technique et juridique :
- Transformation des vidéos brutes en données « AI-ready » (annotations, structuration, métadonnées enrichies)
- Traçabilité complète de la chaîne des droits grâce à une technologie propriétaire
- Contrats clairs de transfert de droits adaptés à l’entraînement d’IA
- Plateforme de mise en relation entre producteurs de contenu et développeurs d’IA
Concrètement, un vidéaste amateur ou un studio professionnel peut uploader ses créations sur Versos, définir les conditions d’utilisation, et toucher des revenus passifs à chaque fois qu’une IA s’entraîne dessus. De l’autre côté, les entreprises d’IA achètent la certitude de ne jamais se retrouver au tribunal.
Une levée de fonds 100 % Atlantique
Ce qui rend l’histoire encore plus savoureuse, c’est son ancrage régional.
Le tour a été mené par Innovobot Resonance Ventures et la New Brunswick Innovation Foundation. On y retrouve aussi Island Capital Partners (Île-du-Prince-Édouard), RiSC Capital (Toronto) et même le fonds Velocity de l’Université de Waterloo. Mais la grande majorité des investisseurs vient de l’Atlantique.
Chris Keevill l’assume pleinement : « Nous sommes une entreprise fièrement maritime ». Pas question de délocaliser le siège à Toronto ou Montréal. Saint John reste le cœur battant de Versos AI.
Des concurrents… mais pas vraiment
Versos n’est pas totalement seul sur ce créneau. On pense évidemment à Moonvalley, la startup torontoise qui a levé 84 millions de dollars US pour développer un générateur vidéo entraîné uniquement sur du contenu licencié.
Mais les deux entreprises sont complémentaires plus que concurrentes. Moonvalley est un acheteur de données vidéo licenciées. Versos, lui, construit le marché qui permet à ces données d’exister à grande échelle.
C’est un peu comme comparer Netflix (qui produit et diffuse) avec la plateforme qui fournit les serveurs et les droits de diffusion en amont. Deux maillons indispensables de la même chaîne.
Pourquoi cette solution arrive au bon moment
Le timing est presque trop parfait.
2025 marque l’explosion des modèles « world models » capables de comprendre et générer des vidéos longues et cohérentes. Google, Meta, Runway, Pika… Tous se battent pour dominer ce marché estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars d’ici 2030.
Mais sans données légales, cette course ressemble à une construction sur du sable. Une seule condamnation majeure pourrait tout faire basculer.
« Le suivi des droits dans un monde d’IA est critique, critique, critique. Cela va nous accompagner pour toujours. »
– Chris Keevill, encore lui
Et après ?
Avec ces 1,85 millions, Versos va accélérer trois chantiers majeurs :
- L’onboarding massif de studios et créateurs de contenu
- Le développement de sa Video Intelligence Platform
- L’amélioration continue de sa technologie de traçabilité des droits
L’objectif affiché : devenir l’infrastructure de référence pour toute donnée vidéo utilisée dans l’IA, un peu comme ce qu’est Shutterstock pour la photo ou Epidemic Sound pour la musique… mais avec une dimension juridique bien plus poussée.
Dans un univers où chaque frame peut valoir son pesant de procès, Versos AI propose une alternative simple : payer pour être tranquille. Et si c’était ça, la vraie innovation disruptive ?
Une chose est sûre : pendant que la Silicon Valley se bat dans les tribunaux, une petite équipe de Saint John est en train de construire calmement les fondations d’une IA vidéo éthique et durable. Et ça, ça mérite qu’on suive l’histoire de très près.