Apple Change de Patron IA : Fin d’Ère Giannandrea
Imaginez la scène : vous êtes Tim Cook, vous avez promis au monde une révolution avec Apple Intelligence, et quelques mois plus tard votre nouvelle IA invente que le suspect d’un meurtre s’est suicidé… ou qu’un adolescent a gagné un tournoi avant même la finale. Embarrassant ? Le mot est faible.
C’est exactement ce qui est arrivé à Apple entre fin 2024 et 2025. Et ce lundi 1er décembre 2025, la firme a discrètement annoncé que John Giannandrea, son patron de l’intelligence artificielle depuis 2018, « prenait du recul ». Traduction : il quitte le navire. À sa place arrive Amar Subramanya, un vétéran de 16 ans chez Google et tout juste ex-Microsoft. Le message est clair : Apple appuie sur le bouton panique.
Un changement de cap brutal chez Apple
John Giannandrea n’est pas n’importe qui. Ancien patron de la recherche et de l’IA chez Google, il avait été débauché à prix d’or en 2018 pour faire d’Apple un leader de l’intelligence artificielle. Sept ans plus tard, le bilan est mitigé, pour ne pas dire douloureux.
Dès octobre 2024, Apple Intelligence débarque en fanfare sur iPhone, iPad et Mac. Les promesses sont énormes : résumé intelligent de notifications, génération d’images, écriture assistée, et surtout une Siri totalement repensée. Sauf que très vite, les bugs s’enchaînent.
Le summury de notifications devient rapidement la risée d’internet. La BBC porte plainte – deux fois – après que l’IA a annoncé faussement la mort de Luigi Mangione, puis la victoire prématurée du jeune prodige du darts Luke Littler. Les exemples s’accumulent et les memes avec.
Siri, le grand rendez-vous manqué
Mais le vrai coup dur, c’est Siri. Prévue pour avril 2025 avec des capacités conversationnelles dignes de ChatGPT, la nouvelle version est testée en interne par Craig Federighi lui-même… et ne fonctionne tout simplement pas. Report sine die, class actions d’acheteurs d’iPhone 16 floués, et surtout une humiliation publique rare pour Apple.
« Certaines des fonctionnalités que nous avions montrées n’étaient tout simplement pas prêtes. »
– Un ingénieur Apple, sous couvert d’anonymat, cité par Bloomberg
En mars 2025, Tim Cook retire déjà Siri (et la division robotique secrète) des mains de Giannandrea pour les confier à Mike Rockwell, le père du Vision Pro. Le désaveu est total.
Amar Subramanya : l’homme qui a construit Gemini
Entrons dans le vif du sujet : qui est vraiment le nouveau shérif de l’IA chez Apple ? Amar Subramanya a passé seize ans chez Google, où il a dirigé l’ingénierie de Gemini Assistant, le concurrent direct de ChatGPT. Il rejoint Microsoft ensuite pour travailler sur Copilot avant de se faire débaucher par Cupertino.
Autant dire que l’homme connaît les rouages des grands modèles de langage comme personne. Et surtout, il arrive avec un CV qui fait trembler Mountain View : il sait exactement comment Google a construit son avance.
Le plus ironique ? Selon plusieurs sources concordantes, la prochaine version de Siri va très largement s’appuyer sur… Gemini. Oui, vous avez bien lu. Après quinze ans de guerre totale sur les OS mobiles, les stores, les navigateurs, les cartes et le cloud, Apple s’apprête à faire tourner son assistant sur la technologie de son ennemi juré.
On-device vs cloud : le pari perdant d’Apple ?
Il faut comprendre le fond du problème. Depuis des années, Apple a fait un choix philosophique radical : tout traiter sur l’appareil (on-device), grâce à ses puces Apple Silicon ultra-puissantes. L’avantage ? Une confidentialité absolue : aucune donnée n’est envoyée dans le cloud (sauf cas extrêmes via Private Cloud Compute).
Mais il y a un revers : les modèles embarqués sont forcément plus petits, donc moins performants que les monstres hébergés dans les data centers de Google, OpenAI ou Meta. Et surtout, Apple refuse de collecter massivement les données utilisateurs pour entraîner ses IA – contrairement à tout le monde.
- Modèles plus petits = capacités limitées
- Données d’entraînement : uniquement jeux de données licenciés + données synthétiques
- Résultat : retard croissant face à Gemini, GPT-4o, Claude 3.5
Conséquence directe : des centaines de chercheurs IA ont quitté Apple ces dernières années pour OpenAI, Google DeepMind ou Meta. À tel point que certains employés ironisaient en interne sur le département « AI/MLess » (IA sans IA/machin learning).
Et maintenant ?
Avec Amar Subramanya aux manettes, plusieurs scénarios se dessinent :
- Une intégration profonde de Gemini (probablement en marque blanche) pour tout ce qui dépasse les capacités on-device
- Un renforcement massif des équipes avec des profils ex-Google et ex-Microsoft
- Une accélération des partenariats (on parle déjà d’Anthropic en backup)
- Peut-être, à terme, un léger assouplissement de la doxa « tout sur l’appareil »
Ce qui est certain, c’est qu’Apple joue désormais sa crédibilité technologique sur les cinq prochaines années. Car si la prochaine Siri (probablement dévoilée en 2026) déçoit encore, même la marque à la pomme pourrait ne pas s’en relever.
En attendant, une chose est sûre : la guerre de l’IA ne se joue plus seulement entre OpenAI, Google et Meta. Elle vient de prendre un tournant aussi inattendu que fascinant : le géant de Cupertino est obligé de s’asseoir à la table… de son plus vieil adversaire.
À suivre. Très attentivement.