Conquest Planning : Changement de CEO
Imaginez une entreprise qui conseille déjà plus de la moitié des Canadiens sur leur argent, qui travaille avec les plus gros noms de la banque et qui, du jour au lendemain, change de capitaine en pleine tempête d’expansion. C’est exactement ce qui se passe chez Conquest Planning, cette pépite FinTech née à Winnipeg que peu de gens connaissent… et pourtant tout le monde utilise indirectement.
Un passage de témoin très calculé chez Conquest Planning
Le 1er janvier 2026, Mark Evans, fondateur et CEO depuis 2018, deviendra président exécutif du conseil d’administration. À sa place, Brad Joudrie, actuel chief revenue officer, prendra les rênes de l’entreprise avec un siège au board. Ce n’est pas un départ précipité : les deux hommes préparent cette transition depuis longtemps.
Et pour cause. Conquest Planning n’est plus une startup anonyme. La plateforme d’intelligence artificielle qui aide les conseillers financiers à construire des plans personnalisés et évolutifs représente déjà 60 % du marché canadien du conseil financier. Plus de 60 000 conseillers dans plus de 1 000 institutions l’utilisent au quotidien.
« Je suis incroyablement fier de ce que nous avons accompli en sept ans en construisant la technologie qui façonne la prochaine génération de conseil financier. »
– Mark Evans, fondateur et CEO sortant de Conquest Planning
Pourquoi maintenant ? Les vraies raisons derrière ce changement
La réponse est simple : la phase suivante exige un profil différent. Mark Evans est un visionnaire produit, un bâtisseur de technologie. Brad Joudrie, lui, est un pur commercial. Il a rejoint l’entreprise il y a plusieurs années précisément pour préparer l’assaut international, notamment aux États-Unis.
En juin 2025, Conquest a levé 80 millions de dollars US (110 millions CAD) en série B auprès de Portage, Invesco et Fidelity, entre autres. L’objectif affiché ? Devenir le standard nord-américain, voire mondial, du conseil financier augmentée par l’IA. Pour y arriver, il faut un CEO capable de signer des contrats à huit chiffres avec les uns après les autres.
Stephanie Choo, associée chez Portage et co-présidente du conseil, ne dit pas autre chose :
« Mark a joué un rôle déterminant dans la construction de Conquest. Brad a la vision et la capacité d’être un leader transformateur à l’échelle suivante. »
– Stephanie Choo, General Partner chez Portage
Conquest Planning, c’est quoi concrètement ?
À la base, Conquest Planning est une plateforme qui permet à un conseiller financier de créer, en quelques minutes, un plan patrimonial complet et dynamique pour son client. L’IA analyse des dizaines de scénarios (mariage, enfants, achat immobilier, retraite, succession…) et ajuste automatiquement le plan en temps réel.
Le vrai avantage ? Le plan n’est pas figé. Dès qu’un événement de vie survient, la plateforme recalcule tout automatiquement et propose de nouvelles recommandations. C’est ce que l’entreprise appelle le Strategic Advice Manager (SAM).
Parmi les clients, on trouve pêle-mêle :
- RBC Wealth Management
- BMO Nesbitt Burns
- Manulife
- Wealthsimple (oui, même le robo-advisor !)
- BNY Mellon Pershing
Autant dire que quand Conquest tousse, c’est tout l’écosystème canadien du wealth management qui prend un rhume.
Les ambitions XXL de la nouvelle direction
Brad Joudrie ne cache pas ses intentions. Il veut faire de Conquest le moteur qui remplace les vieux systèmes legacy des grandes institutions financières. Des logiciels souvent conçus dans les années 90, rigides, chers et incapables de suivre le rythme des attentes clients actuelles.
Son discours est clair :
« Nous voyons l’opportunité de devenir le moteur qui drive le futur du conseil financier, en remplaçant de nombreux systèmes legacy qui n’ont pas été conçus pour les conseillers et investisseurs d’aujourd’hui. »
– Brad Joudrie, futur CEO de Conquest Planning
Concrètement, cela signifie :
- Accélérer le déploiement aux États-Unis (déjà entamé)
- Pousser plus fort au Royaume-Uni
- Développer des intégrations avec toujours plus de CRM et outils de gestion de portefeuille
- Préparer une offensive sur l’Europe continentale et l’Australie
Un modèle de succession qui inspire les startups canadiennes
Ce qui frappe dans cette transition, c’est sa propreté. Pas de crise, pas de communiqué laconique, pas de rumeurs dans la presse. Juste une annonce calme, préparée de longue date, avec le fondateur qui reste au board pour garder la vision produit intacte.
Dans un écosystème canadien où les fondateurs s’accrochent souvent trop longtemps à leur siège (par peur ou ego), Conquest Planning montre l’exemple. Une relève planifiée, un nouveau leader complémentaire, et un fondateur qui accepte de lâcher les rênes au bon moment.
C’est exactement le genre de maturité qui rassure les investisseurs institutionnels quand ils mettent 110 millions sur la table.
Et maintenant ?
2026 s’annonce comme l’année où Conquest Planning va passer de « champion canadien discret » à « acteur nord-américain incontournable ». Avec une base installée aussi massive au Canada, l’effet réseau joue déjà à plein : chaque nouvelle institution qui signe renforce la valeur pour les autres.
Si Brad Joudrie parvient à répliquer ne serait-ce que 20 % de cette domination aux États-Unis, Conquest pourrait vite se retrouver dans la short-list des prochaines licornes canadiennes. Voire plus.
Une chose est sûre : le monde de la gestion de patrimoine ne sera plus jamais le même. Et il y a de fortes chances que, dans quelques années, quand vous parlerez à votre conseiller financier, ce soit (sans le savoir) l’intelligence artificielle made in Winnipeg qui travaille en arrière-plan.
Winnipeg, cette ville qu’on associe rarement à la tech de pointe, est en train de écrire l’une des plus belles pages de l’histoire startup canadienne. Et on n’a visiblement pas fini d’en entendre parler.