Revolut Revient au Canada avec un Nouveau CEO
Imaginez : vous ouvrez votre application bancaire préférée et, d’un simple geste, vous échangez des devises sans frais, achetez des actions ou même des cryptomonnaies, le tout depuis votre téléphone. En 2019, des milliers de Canadiens ont goûté à cette promesse avec Revolut… avant que la néobanque britannique ne disparaisse aussi vite qu’elle était arrivée. Quatre ans plus tard, le géant valued à 75 milliards de dollars semble prêt à reprendre la partie.
Et cette fois, il ne vient pas les mains vides.
Revolut nomme Jan Pilbauer pour diriger son retour canadien
Décembre 2025. Sans tambour ni trompette, Jan Pilbauer met à jour son profil LinkedIn : il est désormais CEO de Revolut Canada depuis octobre. L’information, confirmée par un porte-parole de la société à BetaKit, marque un tournant décisif.
Le message est clair : Revolut ne fait plus du teasing. Il passe à l’action.
« Le marché canadien est l’un de ceux que nous évaluons actuellement et que nous considérons comme attractif, avec le potentiel d’offrir une proposition de valeur unique aux clients à l’avenir. »
– Porte-parole Revolut, décembre 2025
Derrière cette phrase policée se cache une réalité plus brute : la néobanque, forte de ses 50 millions de clients dans le monde, veut sa part du gâteau canadien. Et elle a choisi l’homme parfait pour mener l’assaut.
Qui est Jan Pilbauer, le nouveau shérif fintech du Canada ?
Jan Pilbauer n’est pas un inconnu dans les couloirs feutrés de la finance canadienne.
- Ancien directeur de la modernisation chez Payments Canada
- Ex-directeur des services de gestion des applications à la Banque du Canada
- CEO d’Al Etihad Payments (filiale de la banque centrale des Émirats arabes unis)
- CEO de BankservAfrica (devenu PayInc) en Afrique du Sud
En clair ? L’homme connaît les systèmes de paiement comme personne. Il a littéralement participé à la construction de l’infrastructure qui fait tourner l’argent au Canada. Choisir Pilbauer, c’est envoyer un signal fort aux régulateurs : Revolut joue sérieux.
2019-2021 : l’histoire d’un départ douloureux
Retour en arrière. En 2019, Revolut lance une bêta au Canada avec tambours et trompettes. Cartes premium, échanges de devises gratuits, trading de cryptos… les early adopters adorent.
Puis, en mars 2021, le couperet tombe : Revolut se retire. Raison officielle ? « Nous ne pouvons pas offrir l’expérience complète que nous souhaitons à nos clients canadiens pour le moment. »
En réalité, le problème est ailleurs : les régulateurs canadiens (notamment l’ACFC et la Banque du Canada) n’ont jamais donné les autorisations nécessaires pour proposer une offre bancaire complète. Sans licence, pas de comptes chèques, pas de dépôts garantis, pas de véritable concurrence face aux Big Six.
Pourquoi 2025 pourrait être LE bon moment
Qu’est-ce qui a changé en quatre ans ? Beaucoup de choses.
D’abord, le paysage réglementaire s’est assoupli. Le gouvernement fédéral a lancé des consultations sur les banques à charte étrangère et sur l’open banking (même si ce dernier avance à la vitesse d’un escargot). Ensuite, la concurrence s’intensifie : Wealthsimple Trade, Koho, Neo Financial, Tangerine… le marché est plus mature et les Canadiens sont prêts à basculer vers des alternatives 100 % numériques.
Enfin, Revolut n’est plus le petit challenger d’hier. Avec une valorisation de 75 milliards USD après sa dernière levée, il fait partie des géants. Et il a obtenu des licences bancaires dans plusieurs pays (Royaume-Uni, Lituanie, bientôt les États-Unis). Le Canada pourrait être la prochaine étape logique.
Ce que Revolut pourrait apporter (et ce qui fait peur aux banques traditionnelles)
Si Revolut obtient enfin sa licence, l’offre risque de faire mal :
- Comptes sans frais mensuels
- Échanges de devises au taux interbancaire (fini les 2,5 % de marge des banques)
- Trading d’actions et cryptos intégré
- Cartes premium avec cashback, assurances voyage, accès salons d’aéroport
- Outils de budgeting ultra-puissants (abonnements, poches, analyse en temps réel)
En Europe, Revolut a déjà séduit des millions d’utilisateurs qui ont fermé leurs comptes traditionnels. Au Canada, les marges des grandes banques sont parmi les plus élevées au monde. Autant dire que l’arrivée d’un acteur comme Revolut ferait trembler Bay Street.
Les obstacles qui restent à franchir
Mais rien n’est gagné. Obtenir une licence bancaire au Canada reste un parcours du combattant. Wise (ex-TransferWise) attend toujours la sienne après des années. Même chose pour certaines néobanques locales.
De plus, le contexte politique joue : avec un gouvernement qui parle de plus en plus de protection des consommateurs et de concurrence dans le secteur bancaire, le timing pourrait être parfait… ou au contraire susciter des résistances protectionnistes.
Et si Revolut réussissait ? Les scénarios possibles
Scénario 1 : Revolut obtient une licence complète et lance une offre agressive. Résultat ? Une guerre des prix sur les services bancaires, comme on l’a vu en Europe.
Scénario 2 : partenariat avec une institution canadienne existante (comme l’a fait N26 en Allemagne avec une banque locale). Moins spectaculaire, mais plus rapide.
Scénario 3 : lancement progressif avec des fonctionnalités limitées (comme en 2019), le temps de finaliser les autorisations.
Quoi qu’il arrive, une chose est sûre : avec Jan Pilbauer aux commandes, Revolut ne vient plus en touriste. Cette fois, il vient pour rester.
Le Canada, souvent considéré comme un marché difficile pour les néobanques étrangères, pourrait bien vivre sa révolution fintech dans les prochains mois. Et quand on sait que les Canadiens paient encore des frais astronomiques pour des services bancaires basiques… on se dit que le timing ne pouvait pas être meilleur.
À suivre. De très près.