Colombie-Britannique : 500 000 $ pour Tester vos Innovations
Imaginez : vous avez une idée révolutionnaire, un prototype qui tient dans une boîte à chaussures, mais personne ne veut investir tant que vous n’avez pas prouvé que ça marche en conditions réelles. C’est le mur classique contre lequel se cognent des milliers de fondateurs. En Colombie-Britannique, on vient peut-être de trouver la solution.
Un coup de pouce massif pour passer du labo au terrain
Le 28 novembre dernier, Innovate BC, l’agence provinciale dédiée à l’innovation, a lancé un appel à projets qui fait déjà saliver tout l’écosystème tech de la côte Ouest. Jusqu’à 500 000 dollars par entreprise pour financer 40 % des coûts d’un démonstrateur à l’échelle pilote. Et pour la première vague, 2,5 millions sont déjà sur la table.
Le principe est simple mais redoutablement efficace : plutôt que de laisser les start-ups chercher seules un client prêt à prendre le risque d’un test, Innovate BC joue les entremetteurs grâce à son programme Integrated Marketplace. Hôpitaux, aéroports, ports, universités… les grands acteurs publics et privés de la province ouvrent leurs portes pour accueillir ces expérimentations.
« On reconnaît qu’il y a une quantité incroyable d’innovation qui bouillonne ici. Si on aide les entreprises les plus prometteuses à franchir cette étape critique, on renforce tout l’écosystème. »
– Rick Glumac, ministre de l’Intelligence artificielle de la Colombie-Britannique
Le succès d’A&K Robotics, ou comment un pilote local ouvre les portes de l’Europe
Le meilleur exemple ? A&K Robotics et ses petits pods autonomes qui aident les personnes à mobilité réduite dans les aéroports. Grâce à Integrated Marketplace, l’entreprise a d’abord testé sa solution à Vancouver International Airport. Résultat : un mois plus tard, elle annonce un pilote à l’aéroport de Madrid-Barajas, le deuxième plus grand d’Europe.
Un cas d’école qui montre la puissance du dispositif : un test local crédible devient un argument commercial mondial.
Qui peut en profiter ? Les critères d’éligibilité
Le programme cible les PME (moins de 500 employés) enregistrées en Colombie-Britannique qui développent une technologie made in BC. Peu importe le secteur : IA, robotique, cleantech, santé, mobilité… tant que le projet répond à au moins un des grands défis provinciaux.
- Augmentation de la productivité
- Réduction des émissions
- Amélioration des services publics
- Création d’emplois qualifiés
Les projets retenus dureront maximum un an et devront démontrer des résultats concrets, mesurables.
Un calendrier serré pour la première vague
Attention, la première fenêtre de candidature ferme le 21 décembre 2025. Une deuxième vague ouvrira en 2026, mais son enveloppe n’est pas encore connue. Autant dire que les équipes les plus organisées ont déjà commencé leur dossier.
Le processus se fait entièrement en ligne sur le site d’Innovate BC. Il faut notamment présenter le plan de projet, le budget détaillé, la lettre d’intention du partenaire d’accueil et l’impact économique attendu.
Pourquoi maintenant ? Le contexte géopolitique joue en faveur de la BC
Rick Glumac ne s’en cache pas : les restrictions américaines sur l’immigration et certaines technologies créent une fenêtre d’opportunité unique pour Vancouver. La ville attire de plus en plus de talents qui fuient la Silicon Valley ou les incertitudes liées à l’administration Trump.
Ajoutez à cela les critiques croissantes contre les subventions fédérales accordées à des filiales étrangères (coucou les milliards pour Stellantis ou Northvolt) et vous comprenez pourquoi la province prend les devants.
« Est-ce que je pense que le gouvernement fédéral devrait davantage soutenir les entreprises de Colombie-Britannique ? Oui, absolument. »
– Rick Glumac, sans langue de bois
Au-delà de l’argent : un réseau et une vitrine mondiale
Ce qui rend le programme particulièrement attractif, ce n’est pas seulement le chèque (même s’il aide). C’est surtout l’accès à des partenaires de premier plan qui deviennent automatiquement des références.
Un hôpital qui teste votre solution de télémédecine ? Un aéroport qui déploie vos robots ? C’est le genre de case study qui fait rêver les investisseurs lors d’une Série A.
Et comme les projets sont souvent médiatisés, c’est aussi une visibilité gratuite à l’international.
Comparaison avec les autres programmes canadiens
Pour situer la générosité du geste :
- Programme Ignite (aussi d’Innovate BC) : jusqu’à 300 000 $ pour la R&D pure
- CanExport PME : jusqu’à 50 000 $ pour l’export
- SIF (fédéral) : jusqu’à 10 M$ mais processus très long
- Nouveau programme Integrated Marketplace : jusqu’à 500 000 $ spécifiquement pour le pilote
On est clairement dans le haut du panier pour la phase de validation commerciale.
Et après ? Vers une autonomie technologique provinciale
À plus long terme, la Colombie-Britannique semble vouloir construire un modèle où l’État joue le rôle de premier client et de dérisqueur. Un peu à la manière d’Israël ou de Singapour, où les achats publics servent de tremplin aux start-ups.
Avec plus de 12 000 entreprises tech et 200 000 emplois directs, la province a les reins solides pour prétendre devenir le hub technologique du Canada occidental. Ce programme n’est peut-être que le début d’une stratégie beaucoup plus ambitieuse.
Une chose est sûre : dans les prochaines semaines, des dizaines de fondateurs vont travailler nuit et jour pour déposer leur dossier avant Noël. Et parmi eux, il y aura forcément la prochaine licorne made in BC.
Vous faites partie de ces chanceux qui développent en Colombie-Britannique ? Le compteur est lancé.