Apple : Départs Massifs de Dirigeants en 2025

Imaginez la scène : vous êtes l’entreprise la plus valorisée au monde, vous avez changé la vie de milliards de personnes avec un téléphone, et pourtant, en l’espace de quelques mois, la moitié de votre comité de direction plie bagage. C’est exactement ce qui arrive à Apple en cette fin 2025. Et le dernier épisode en date est particulièrement lourd de sens.

Un remaniement qui n’en finit plus

Depuis l’été, les annonces s’enchaînent à un rythme jamais vu chez Apple. Jeff Williams, le discret mais tout-puissant COO, a pris sa retraite en juillet. John Giannandrea, patron historique de l’intelligence artificielle, a quitté le navire il y a quelques jours. Alan Dye, figure emblématique du design, est parti chez Meta. Et voilà que deux autres poids lourds viennent grossir la liste.

Kate Adams, générale counsel depuis 2017, partira à la retraite fin 2026. Lisa Jackson, vice-présidente en charge de l’environnement, des politiques publiques et des initiatives sociales, fera de même en janvier 2026. Deux femmes, deux profils très politiques, deux départs qui tombent au pire moment pour Apple.

Jennifer Newstead : une recrue venue de l’ennemi… et de Washington

Apple n’a pas traîné pour remplacer Kate Adams. Dès le 1er mars 2026, c’est Jennifer Newstead qui prendra le poste de générale counsel et, chose nouvelle, supervisera également les affaires gouvernementales. Son CV fait peur : chief legal officer de Meta depuis 2019, ancienne conseillère juridique du Département d’État américain, ancienne générale counsel du Bureau de la gestion et du budget à la Maison Blanche, clerk auprès du juge de la Cour suprême Stephen Breyer… Bref, une pointure du droit et de la politique.

« Nous ne pourrions être plus heureux d’accueillir Jennifer dans l’équipe. Elle apporte une profondeur d’expérience et de compétences extraordinaire »

– Tim Cook, CEO d’Apple

En clair, Apple se dote d’une arme anti-antitrust de premier choix au moment où les procès pleuvent de toutes parts : États-Unis, Europe, Japon, Corée… Newstead connaît les couloirs de Washington et ceux de Bruxelles. Elle a déjà affronté les régulateurs lorsqu’elle défendait Facebook. Elle sait donc exactement comment parler à ceux qui veulent démantèlent aujourd’hui le jardin fermé d’Apple.

Lisa Jackson : départ d’une icône de la durabilité

Le départ de Lisa Jackson est peut-être le plus symbolique. Ancienne administratrice de l’EPA sous Barack Obama, elle avait rejoint Apple en 2013 pour verdir l’image du géant. Sous sa direction, Apple a réduit ses émissions de CO2 de plus de 60 % par rapport à 2015, lancé le Racial Equity and Justice Initiative, multiplié les engagements DEI.

Mais nous sommes en 2025. L’administration Trump est de retour. Les initiatives DEI sont devenues des cibles politiques. Plusieurs grandes entreprises ont déjà reculé sur ces sujets pour éviter les polémiques. Le départ de Jackson, même présenté comme une retraite, tombe au moment où Apple doit probablement revoir sa copie sur tout ce qui touche au « woke capitalism ».

Tim Cook a tenu à saluer son travail :

« Lisa a été déterminante pour réduire nos émissions mondiales de plus de 60 %. Elle a aussi été une partenaire stratégique essentielle auprès des gouvernements du monde entier. »

– Tim Cook

Pourquoi tant de départs en même temps ?

Officiellement, ce sont des retraites. Mais quand six ou sept cadres de ce niveau partent en moins de six mois, on peut se poser des questions.

Plusieurs hypothèses circulent dans la Silicon Valley :

• Apple traverse une crise de leadership après avoir raté le virage de l’IA générative. La nouvelle Siri, repoussée, tournera en partie sur les modèles de Google. C’est un camouflet.
• La pression réglementaire est à son maximum. Les amendes tombent, les procès s’accumulent. Certains préfèrent partir avant la tempête.
• Le style de management de Tim Cook, très centralisé, use certains vétérans qui n’ont plus de marge de manœuvre.
• Meta paie des fortunes pour débaucher les meilleurs talents Apple, surtout en IA et en design.
• Enfin, l’âge : beaucoup de ces cadres ont plus de 60 ans et des centaines de millions en actions Apple. Pourquoi rester quand on peut profiter ?

Toutes ces raisons sont probablement vraies à la fois.

Et maintenant ?

Avec Jennifer Newstead, Apple se dote clairement d’une experte des batailles juridiques et politiques. C’est un signal fort : la priorité n’est plus seulement l’innovation produit, mais la survie dans un monde où les GAFAM sont devenus les ennemis publics numéro 1.

Le départ de Lisa Jackson, lui, marque peut-être la fin d’une époque où Apple pouvait se permettre d’afficher fièrement ses engagements progressistes. L’entreprise va devoir naviguer entre les exigences des régulateurs européens, la nouvelle administration américaine et les actionnaires qui veulent avant tout des résultats.

Quant à l’IA, le remplacement de John Giannandrea par Mike Rockwell (ex-Vision Pro) et l’arrivée de talents venus de Google et Microsoft montrent qu’Apple veut rattraper son retard, mais à quel prix ?

Une chose est sûre : 2026 s’annonce comme une année charnière pour Apple. Soit l’entreprise réussit sa mue et redevient le leader incontesté de l’innovation, soit elle entre dans une longue phase de déclin comme tant d’empires tech avant elle.

Et vous, pensez-vous que Tim Cook arrivera à stabiliser le navire, ou assiste-t-on au début de la fin de l’ère dorée d’Apple ?