Kara Nortman Révolutionne le Sport Féminin
Imaginez une femme qui quitte un fonds VC prestigieux pour créer un club de foot féminin à Los Angeles, alors que personne n’y croit vraiment. Quatre ans plus tard, ce même club vaut 250 millions de dollars et sert de modèle au monde entier. C’est l’histoire folle de Kara Nortman, et elle est loin d’être terminée.
Kara Nortman, la visionnaire qui a vu venir l’explosion du sport féminin
En 2020, quand Kara Nortman cofonde Angel City FC avec Natalie Portman, Serena Williams et une pléiade de stars, beaucoup sourient poliment. Le foot féminin ? Sympa, mais pas vraiment un business. Résultat : dès la première saison, le club génère 30 millions de dollars de revenus, pulvérise les records de sponsoring et devient la franchise féminine la plus chère de la planète.
Cette réussite fulgurante n’est pas un coup de chance. C’est la démonstration qu’avec la bonne stratégie marketing, des partenariats malins et une communauté engagée, le sport féminin peut rapporter gros – très gros.
Monarch Collective : le premier fonds 100 % dédié au sport féminin
Forte de ce succès, Kara Nortman lance en 2023 Monarch Collective, un fonds de 250 millions de dollars exclusivement dédié au sport féminin. Objectif initial : 100 millions. Résultat final : 250 millions levés, preuve que le vent a tourné.
Le fonds a déjà investi dans quatre clubs :
- Angel City FC (Los Angeles)
- San Diego Wave
- Boston Legacy FC (arrivée en 2026)
- FC Viktoria Berlin – première prise de participation étrangère dans un club allemand féminin
Et ce n’est que le début. Monarch cible aussi le basket, le golf et le tennis – des disciplines où les droits médias explosent.
« Le marché mondial du sport masculin représente environ 500 milliards de dollars. Celui du sport féminin est passé de 500 millions à près de 3 milliards en quelques années seulement. »
– Kara Nortman
Une recette différente du sport masculin
Ce qui distingue Monarch, c’est sa méthode. Là où les investisseurs traditionnels misent sur la performance sportive pure, Kara Nortman parie d’abord sur le business model.
Exemples concrets qui ont fait la différence à Angel City :
- Des parachutages de coffrets Sephora dans le stade
- Une « Fenty Cam » lors des matchs des New York Liberty
- Une soirée Hello Kitty où la marchandise part en quelques minutes
Ces activations montrent une vérité simple : les supportrices féminines consomment différemment. Elles veulent de l’expérience, de l’émotion, du lifestyle. Et elles sont prêtes à payer pour ça.
Un modèle « venture » appliqué au sport
Monarch ne se contente pas d’écrire des chèques. Le fonds prend des positions significatives et s’implique lourdement dans l’opérationnel. L’objectif : amener chaque club à l’équilibre, voire à la rentabilité, avant même l’explosion des droits TV.
C’est du growth equity appliqué au sport : on construit les fondations solides pour encaisser la vague médiatique quand elle arrive.
L’effet Caitlin Clark et la peur de rater le train
Lorsque Kara Nortman commence à lever des fonds, neuf investisseurs sur dix lui rient au nez : « Le basket féminin, vraiment ? » Puis arrive Caitlin Clark, les audiences WNBA explosent, les maillots se vendent comme des petits pains et soudain tout le monde veut sa part du gâteau.
C’est le syndrome classique du FOMO (fear of missing out). Mais Kara Nortman, elle, était déjà là depuis trois ans.
Attention, l’histoire peut bégayer
Kara Nortman le sait mieux que personne : le sport féminin a déjà connu des pics d’intérêt suivis de longues traversées du désert. Son exemple préféré ? En 1921, 60 000 personnes assistent à un match féminin à Liverpool – plus que la plupart des matchs de Premier League aujourd’hui. L’année suivante, la fédération anglaise interdit purement et simplement le foot féminin. Résultat : cinquante ans dans l’ombre.
« Chaque vague d’attention est une opportunité. Mais il faut transformer l’essai avec des infrastructures solides, une gouvernance sérieuse et des propriétaires engagés sur le long terme. »
– Kara Nortman
Ce qui change vraiment cette fois-ci
Plusieurs signaux laissent penser que ce boom pourrait être durable :
- Des ligues professionnelles structurées (NWSL, WNBA)
- Des droits médias en forte hausse
- Des groupes d’investisseurs féminins qui se multiplient (Kansas City, Bay FC, Washington Spirit…)
- Des marques lifestyle qui s’engagent massivement
Et surtout, des fonds comme Monarch qui injectent du capital patient et de l’expertise opérationnelle.
Et la France dans tout ça ?
Si les États-Unis mènent la danse, l’Europe n’est pas en reste. L’investissement de Monarch dans le FC Viktoria Berlin montre que le mouvement devient mondial. En France, l’Olympique Lyonnais féminin reste une référence, mais le gap d’investissement avec les clubs masculins reste abyssal.
Pourtant, le potentiel est énorme : la Coupe du monde 2019 en France avait déjà montré l’appétence du public. Reste à transformer cet engouement ponctuel en business model pérenne – exactement ce que cherche à faire Kara Nortman à l’échelle internationale.
Une chose est sûre : grâce à des pionnières comme elle, le sport féminin n’est plus une cause. C’est devenu un marché. Et un marché particulièrement juteux pour celles et ceux qui ont osé y croire les premiers.