Tuhk Lève 6 Millions pour Lutter contre la Cyberfraude
Imaginez un monde où les fraudes financières sont détectées avant même qu'elles ne causent des dommages. Un monde où les banques, les commerçants en ligne et les fournisseurs de paiements collaborent en temps réel pour bloquer les cybercriminels. Ce n'est plus de la science-fiction : une jeune startup canadienne vient de franchir une étape décisive pour rendre cela possible.
Tuhk : la nouvelle arme canadienne contre la cybercriminalité financière
Basée à Toronto, Tuhk a annoncé une levée de fonds impressionnante de 6 millions de dollars américains, soit environ 8,3 millions de dollars canadiens. Cette opération, clôturée début décembre, marque un tournant pour cette entreprise lancée cette année et spécialisée dans la cybersécurité financière.
Dans un contexte où les cyberattaques deviennent de plus en plus sophistiquées, boostées par l'intelligence artificielle et les ransomwares, Tuhk propose une solution innovante. Sa plateforme vise à réunir des données habituellement cloisonnées pour créer un réseau d'intelligence unique, capable d'anticiper les menaces.
Une levée de fonds stratégique avec des partenaires de poids
Le tour de table a été mené par FINTOP Capital, un fonds spécialisé dans les technologies financières. Mais ce qui retient l'attention, ce sont les participations de géants comme Lloyds Banking Group et Capital One Ventures.
Ces investisseurs ne se contentent pas d'apporter des capitaux : ils offrent aussi une expertise précieuse. Lloyds Banking Group, par exemple, collabore déjà avec Tuhk sur la conception de produits. Une alliance qui renforce la crédibilité de la startup auprès des institutions financières.
Leur investissement reflète une confiance partagée dans notre approche et nous apporte une guidance stratégique précieuse alors que nous avançons ensemble.
– Andre Edelbrock, co-fondateur et CEO de Tuhk
Cette confiance se traduit par des moyens accrus pour accélérer le développement et préparer les lancements commerciaux.
Comment fonctionne la plateforme Tuhk ?
Le cœur de la technologie repose sur l'interconnexion de données provenant de sources multiples. Aujourd'hui, les entreprises luttent souvent isolément contre la fraude, avec des systèmes qui ne communiquent pas entre eux.
Tuhk change la donne en créant un réseau d'intelligence partagé. Cela permet une détection proactive des schémas suspects, bien avant que les transactions frauduleuses ne soient validées.
Les avantages concrets sont nombreux :
- Réduction significative des pertes liées à la fraude
- Accélération des approbations de paiements légitimes
- Meilleure gestion des litiges et contestations
- Collaboration sécurisée entre acteurs du secteur
Heather Lamont, co-fondatrice, insiste sur cette approche collaborative qui transforme la lutte contre la fraude en effort collectif.
Un marché en pleine explosion
Les chiffres donnent le vertige. Selon Statista, le coût mondial de la cybercriminalité devrait atteindre 15,6 billions de dollars d'ici 2029. Une progression fulgurante qui touche tous les secteurs.
Les entreprises, qu'elles soient grandes ou petites, font face à des attaques toujours plus élaborées. L'utilisation de l'IA par les criminels, la multiplication des ransomwares et les vulnérabilités chez les fournisseurs tiers aggravent la situation.
Pour Tuhk, cela représente une opportunité majeure. La startup cible en priorité les grands acteurs :
- Banques traditionnelles et digitales
- Commerçants en ligne et plateformes e-commerce
- Fournisseurs de paiement et portefeuilles numériques
- Sociétés FinTech
À plus long terme, l'entreprise envisage d'étendre ses services aux télécommunications et aux assurances.
Des ambitions internationales immédiates
Avec ces nouveaux fonds, Tuhk accélère son déploiement. L'entreprise prévoit des lancements commerciaux au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni dès l'année prochaine.
Le Royaume-Uni bénéficiera d'une attention particulière, grâce au partenariat avec Lloyds. Cette présence sur trois marchés majeurs positionne Tuhk comme un acteur global dès ses débuts.
Par ailleurs, l'équipe actuelle de 14 personnes devrait s'étoffer rapidement. Une dizaine de recrutements sont prévus dans les mois à venir, principalement dans le développement produit et les ventes.
Le contexte réglementaire favorable au Canada
Le timing semble parfait. Le gouvernement canadien renforce sa lutte contre la fraude financière. En octobre dernier, il a annoncé la création d'une Agence nationale de lutte contre la fraude.
Quelques jours plus tard, le organisme de surveillance du blanchiment d'argent imposait une amende record à une plateforme de cryptomonnaies pour manquement à ses obligations de déclaration.
Ces initiatives montrent une volonté politique claire de durcir le ton. Pour les entreprises comme Tuhk, cela crée un environnement propice au développement de solutions innovantes.
Le partage sécurisé de données et la collaboration nous placeront collectivement en position beaucoup plus forte pour arrêter les malfrats tout en assurant un système plus sûr pour nos clients.
– Liz Ziegler, directrice de la prévention de la fraude chez Lloyds Banking Group
Pourquoi cette approche collaborative change tout
Traditionnellement, chaque institution gère sa sécurité en silo. Cette fragmentation profite aux criminels qui exploitent les failles d'un acteur pour attaquer un autre.
En créant un réseau partagé, Tuhk permet de détecter des patterns qui resteraient invisibles autrement. Un fraudeur repéré chez un commerçant peut être immédiatement signalé aux banques partenaires.
Cette intelligence collective représente une évolution majeure, comparable à ce que les réseaux de partage d'informations ont apporté dans d'autres domaines de la cybersécurité.
Les défis à venir pour Tuhk
Malgré ces atouts, le chemin reste semé d'embûches. La protection des données personnelles reste une préoccupation majeure. Comment garantir la confidentialité tout en partageant des informations sensibles ?
La startup devra également convaincre des acteurs parfois réticents à collaborer. La confiance entre concurrents n'est pas toujours évidente dans le secteur financier.
Enfin, la concurrence est rude. D'autres solutions existent déjà sur le marché, même si peu proposent une approche aussi intégrée.
Vers un écosystème financier plus sûr
La réussite de Tuhk pourrait avoir des répercussions bien au-delà de ses clients directs. En réduisant les pertes liées à la fraude, elle contribuerait à abaisser les coûts pour les consommateurs finaux.
Des paiements plus rapides et plus sûrs favoriseraient également le développement du commerce électronique et des services financiers numériques.
À l'heure où la digitalisation s'accélère, des initiatives comme celle de Tuhk apparaissent essentielles pour maintenir la confiance dans l'économie numérique.
Cette levée de fonds n'est qu'un début. L'année prochaine sera décisive avec les premiers déploiements commerciaux. Si la plateforme tient ses promesses, Tuhk pourrait rapidement devenir un référence incontournable dans la lutte contre la cyberfraude financière.
Une chose est sûre : dans la bataille permanente entre innovateurs et cybercriminels, les entreprises capables de fédérer les forces du bien ont une longueur d'avance.